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L’équipe de France défaite à domicile par le Danemark en Ligue des nations : Sur un rythme d’enfer
Retournée par le Danemark au Stade de France (1-2), l'équipe de France a semblé cramée, à l'image des deux sorties sur blessure de ses cadres Kylian Mbappé et Raphaël Varane, ou de son effondrement en seconde période. Et ce mois de juin éreintant ne fait que commencer.
Les deux scènes se sont passées au même endroit, le long de la ligne de touche, dans le coin du parcage danois qui était encore loin de son ébullition tardive. À chaque fois, un Bleu en guise de protagoniste principal. Ce fut d’abord Kylian Mbappé, à quelques secondes de la pause ; puis Raphaël Varane, à l’heure de jeu. La séquence ? Une chute, quelques secondes au sol à constater les dégâts en grimaçant, puis l’intervention du staff, le tour du terrain la tête basse sous les applaudissements du Stade de France synonyme de fin de partie dans la foulée. Et si la sortie de Mbappé à l’entracte (problème sur le côté du genou gauche) a permis à Christopher Nkunku de délivrer une passe décisive sur le chef-d’œuvre de Karim Benzema, celle de Raphaël Varane (qui a ressenti une douleur musculaire derrière la cuisse gauche) a vraisemblablement laissé des trous défensifs que l’entrée de William Saliba n’a pas su boucher et dans lesquels Andreas Cornelius s’est régalé pour offrir le succès à son Danemark (1-2). Symbolique d’une rencontre où les onze mois de compétition sans souffler depuis août se sont fait ressentir sur les organismes bleus (même si Varane a vécu un exercice 2021-2022 haché par les blessures). C’était la grande crainte générale et Guy Stéphan, en amont de ce duel face aux Rød-Hvide, parlait déjà à l’entraînement de « séances harassantes pour beaucoup, malgré le fait que beaucoup ont dépassé les 55 matchs ».
L’éclipse de juin
D’un coin à l’autre de l’Europe, surtout pour les pensionnaires de Premier League (Virgil van Dijk, Bernardo Silva, Jürgen Klopp et Kevin De Bruyne notamment), les voix s’étaient élevées pour dénoncer ce marathon pré-estival qui voit chaque sélection enchaîner quatre joutes en une petite dizaine de jours, un an après l’Euro et cinq mois avant un Mondial qui va déjà transformer l’exercice 2022-2023 en énorme casse-tête. Au milieu de compliments à propos de son adversaire du soir, Stéphan n’a pu que constater les dégâts comme prévu au micro de M6 : « Sans chercher d’excuses, on arrive dans une fin de saison où les joueurs ont beaucoup joué, donc ils ont besoin de se régénérer. » Et il a poursuivi en conférence de presse : « Le constat est réel, évidemment qu’on a manqué de fraîcheur physique par moments. C’est une équipe qui peut être pétillante, mais qui a besoin de ressorts et de fraîcheur pour être capable d’évoluer à son niveau. Je ne parle pas que des offensifs, mais aussi au milieu et derrière. On a un calendrier densifié avec quatre matchs en onze jours. Il y a eu des résultats surprenants par ailleurs, c’est le foot », a-t-il même glissé en référence, sans doute, à la taule prise par une Croatie elle aussi potentiellement cramée, à domicile contre l’Autriche (0-3) dans l’autre rencontre du groupe des Bleus. Pour ces derniers, le plus dur est à venir : il reste encore trois matchs d’ici le 13 juin.
Sur le terrain ce vendredi soir, les automatismes n’ont pas tous été là, et l’énergie non plus, à l’image d’une première période bien molle. Au-delà de quelques séquences succulentes avec Karim Benzema, on a par exemple vu un Mbappé (53e match cette saison) qui s’est montré moins tranchant qu’à l’accoutumée, avant donc de baisser le rideau à la moitié du combat. « Ce que m’a dit Kylian, c’est qu’il ne pouvait pas continuer, il ne fallait prendre aucun risque », a expliqué Stéphan, promettant également de la rotation contre les Croates lundi. Un climat pas idéal pour briser la malédiction du règne de Didier Deschamps : depuis la prise de fonction du double D en 2012, sept des dix-neuf défaites des Bleus – soit plus d’un tiers – ont eu lieu lors du mois de juin. Le cru 2022 offrant il est vrai des conditions particulièrement propices au cassage de gueule. Même si tout est à relativiser, les sorties de Mbappé et Varane n’expliquant pas tout : « Ce sont deux joueurs fantastiques, mais Nkunku aussi est un joueur fantastique, et nous avons aussi eu notre capitaine (Simon Kjær)et Andreas Christensen qui étaient out », a contrebalancé le sélectionneur danois. Sur cet épineux sujet, le mot de la fin sera pour Antoine Griezmann, taquin : « Jouer dans trois jours ? Pas de souci, j’ai fait peu de matchs à plus de 50 minutes cette saison. » À l’heure des comptes, cela ressemble désormais à une aubaine.
Par Jérémie Baron, au Stade de France
Propos de Griezmann recueillis par MR, au Stade de France