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- Croatie-France (2-0)
Bleus : le coup de la peine
L’équipe de France est repartie de Croatie avec une bonne défaite (2-0) et s’offre quelques maux de crâne avant le quart retour de Ligue des nations de dimanche. Sans être forcément dominés, les Bleus de Deschamps inquiètent surtout par leur incapacité à monter le curseur de l’intensité et à déployer leur jeu.

Il y avait une forme de plaisir cathartique à voir Luka Modrić, 39 ans et demi, engager au crépuscule de cette rencontre un énième sprint pour couper l’herbe sous le pied de son partenaire en club, Kylian Mbappé, de 13 ans son cadet, qui filait sans grande conviction vers le but croate. Le capitaine français a eu l’audace de réclamer un penalty, chose à ne pas faire sous les yeux de l’idole du peuple, qui s’est penchée vers le jeune impertinent pour lui crier ce qui devait sonner comme : « Eh non frérot, puisque tu l’as demandé, c’est pas comme ça qu’on gagne un Ballon d’or. » Une scène parmi tant d’autres illustrant la différence d’engagement, d’envie et de justesse entre des Croates conscients de leurs forces et des Français se berçant d’illusions.
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— َ (@rmngifs) March 20, 2025
De fait, il faut prendre avec des pincettes les analyses à chaud des Bleus expliquant que chaque équipe a eu sa période, pensée synthétisée par Didier Deschamps : « Nous leur avons donné trop d’opportunités en première mi-temps sans qu’ils aient à aller les chercher. La deuxième est bien meilleure dans l’ensemble. » Certes, la main d’Ibrahima Konaté moins de cinq minutes après le coup d’envoi était une belle offrande, que Mike Maignan a coupée au laser, mais c’est bien la Croatie qui est ensuite allée croquer dans ce gâteau trop mou, d’un coup de casque heureux de Budimir et d’une sublime reprise de volée de ce bon vieux Perišić. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les gars de DD ont seulement connu une petite éclaircie de 10 petites minutes, après une heure de bouillie et avant une vingtaine de n’importe quoi. En face, l’armée au damier a placé ses pions toute seule, pour ensuite contrôler les débats, verrouiller la machine tricolore grâce aux prouesses de Joško Gvardiol et pousser ses adversaires à se vautrer dans la médiocrité.
Les maux d’excuse
On ne compte plus les glissades sur le gazon de Poljud, mais on peut chiffrer les 68 passes manquées, les 11 centres inaboutis ou encore les 10 tirs non cadrés. On pourra souligner le manque de liant en attaque, symbolisé par Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé, comme obligés de justifier leur confiance respective au risque de bouffer la feuille. On pourra déplorer le manque criant de créativité et de projection du milieu, errant comme des petits soldats marchant au pas. On pourra oublier les prestations d’entrants empruntés voire empotés (cf. les tentatives d’Olise et Koné), et donc le coaching frileux de Didier Deschamps. On pourra s’arracher les cheveux face à la docilité de la ligne défensive, nulle à la relance, perdue dans les duels et incapable de maîtriser son agressivité. Rien de bien joli, en définitive.
3 - La France a encaissé 3 de ses 4 derniers buts de la tête, c’est autant que lors des 53 précédents. Faiblesse. #FRACRO pic.twitter.com/gd7jIi9cPi
— OptaJean (@OptaJean) March 20, 2025
On souhaite bien du courage à Dayot Upamecano, remplaçant un Ibrahima Konaté cauchemardesque dès la mi-temps, lorsqu’il annonce au micro de TF1 « essayer de garder le positif pour mieux aborder le match retour » ce dimanche au Stade de France. Parce que la copie rendue à Split est bardée de rouge et brade les chances de voir le Final Four en juin. Toutes les excuses peuvent se tenir : les corps fatigués, les têtes aux enjeux en club, la pelouse capricieuse. Mais il en ressort que, comme en 2024, cette équipe de France n’arrive plus à présenter un visage dominant et conquérant. Elle reste sur une série de 3 défaites lors de ses 8 derniers matchs, soit autant que les 26 précédents. Personne ne lui en voudra de ne pas remporter une deuxième Ligue des nations, mais il reste 15 longs mois avant que le mandat de Didier Deschamps ne s’achève et, à ce rythme-là, le rêve américain pourrait tout aussi bien se transformer en cauchemar.
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