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L’Équateur, hémisphère défensif
N'ayant plus encaissé de but depuis sept matchs et pas menacé contre le Qatar, l'Équateur a choisi son camp : celui de l'équilibre, porté par une défense hyper solide.
24e minute, à l’Estadio Monumental Isidro Romero Carbo de Guayaquil. Sur un centre venu de la gauche à la suite d’un décalage signé Lionel Messi, Julián Álvarez s’arrache après avoir loupé la balle du pied gauche pour la reprendre du droit. Dans une forêt de jambes, le ballon termine sa course dans les cages d’Hernán Galíndez pour l’ouverture du score de l’Argentine face à l’Équateur. Depuis ce 30 mars 2022, 240 jours se sont écoulés, et l’attaquant de Manchester City n’a toujours pas trouvé d’héritier.
Autrement dit, la Trin’a plus encaissé de but après le pion du jeune prodige : cela fait en effet sept matchs, soit 630 minutes (sans compter les 66 restantes face à l’Albiceleste), que ses filets n’ont pas tremblé. Solide, costaud et impressionnant même si les équipes rencontrées n’étaient pas les plus redoutables (Nigeria, Mexique, Cap-Vert, Arabie saoudite, Japon ou encore Irak).
Hincapié-Estupiñán, hommes de base
Rien d’étonnant, dès lors, à voir l’Équateur afficher une telle sérénité défensive contre le Qatar à l’occasion du match d’ouverture de la Coupe du monde. Profitant en outre de la faiblesse (offensive, mais aussi générale) adverse, la Trin’a ainsi concédé aucune frappe cadrée sur cinq tentatives. S’il devrait en être logiquement autrement face aux Pays-Bas, que la Banana Mecánica affronte ce vendredi pour le compte de la deuxième journée du groupe A, les Néerlandais ne devraient cependant pas avoir la tâche facile. Car en plus de proposer une formation très équilibrée, leur rival du jour propose un vraie cohérence derrière.
Alignant exclusivement une défense à quatre éléments, Gustavo Alfaro peut d’abord compter sur un côté gauche Piero Hincapié-Pervis Estupiñán hyper fiable : le défenseur central du Bayer Leverkusen n’a manqué qu’un seul des clean sheets évoqués, celui face à l’Irak, exactement comme le latéral de Brighton & Hove Albion. À leur droite, la hiérarchie est moins nette, même si Félix Torres (Santos Laguna) semble avoir une longueur d’avance concernant le deuxième poste axial (devant Jackson Porozo de Troyes et Robert Arboleda de São Paulo, notamment). Byron Castillo, lui, a dû faire une croix sur le Mondial, et c’est Ángelo Preciado (Genk) qui en profite dans le couloir. Enfin, Galíndez (Aucas) a petit à petit placé Alexander Domínguez (LDU Quito) sur le banc pour prendre sa place dans les bois.
Les bonnes leçons du « Profe »
Mais davantage que des noms, auxquels il faudrait au moins ajouter l’indispensable milieu récupérateur Moisés Caicedo de Brighton, l’Équateur embête ses ennemis grâce à son assise rigoureuse et stable. Des qualités qui font partie de sa culture, la Trin’ayant jamais subi de défaite par plus de deux réalisations d’écart en Coupe du monde, à l’exception d’un 3-0 administré par l’Allemagne en 2006. Surtout, si la bande d’Enner Valencia a représenté la troisième défense la plus efficace lors des qualifications pour le Mondial de la zone Amérique du Sud, elle le doit beaucoup au super boulot de son entraîneur qui a débarqué en 2020. Cette année-là, le coach argentin avait déjà une idée précise de ce qu’il souhaitait pour sa formation et parlait de « trois ingrédients dont l’Équateur a besoin pour combler l’écart qui le sépare des adversaires de plus grand standing. »
#WorldCup2022 ?: Une défense de fer ! ▪️ 1-0 vs ??▪️ 0-0 vs ??▪️ 1-0 vs ??▪️ 0-0 vs ??▪️ 0-0 vs ??▪️ 0-0 vs ??▪️ 2-0 vs ??7e matchs consécutifs en encaissant aucun but pour l’Équateur ?? pic.twitter.com/a1MmYXnm2v
— Footballdayy (@Footballdayy10) November 21, 2022
« Tout d’abord, l’agressivité, dans le bon sens du terme. De par leurs caractéristiques morphologiques, ils sont puissants, rapides, dynamiques et techniques, mais parfois, il faut savoir s’y prendre pour récupérer le ballon. Cela a aussi des incidences tactiques. Ils ne doivent pas hésiter à monter la ligne de défense d’un cran, loin des cages, car avec leur vitesse, ils peuvent se replacer plus rapidement, déclarait ainsi le « Profe » dès son arrivée dans une interview accordée au site de la FIFA, en parlant de ses nouveaux poulains. Le deuxième ingrédient, c’est la concentration. J’ai envie que mes joueurs sentent les coups et les espaces pour exploiter toutes les situations qui se présentent, car ces détails prennent une importance décisive à ce niveau. Contre l’Uruguay, on a concédé deux penaltys inutiles sur des sautes de concentration. Le troisième, c’est la discipline tactique : comprendre pourquoi on fait telle ou telle chose. Le talent est indispensable, mais il ne suffit pas. Ces trois ingrédients peuvent nous donner l’identité d’équipe que je recherche. » Et l’ont même menée aux portes des huitièmes de finale du Mondial, désormais.
Par Florian Manceau