- C1
- 8es
- Lille-Chelsea (1-2)
L’épopée européenne du LOSC ne doit pas être minimisée
Éliminé par Chelsea et donc par plus fort au stade des huitièmes de finale de Ligue des champions, le LOSC n’a pas de regret à avoir sur sa campagne européenne : il est à sa place.
Quoi de plus normal que d’observer, au moment du coup de sifflet final de Davide Massa, un mélange de déception et de fierté sur les visages des supporters lillois. Le miracle n’a pas eu lieu, Lille n’est pas parvenu à renverser le champion d’Europe en titre. Ce mirage, celui d’une soirée à ranger dans les annales de l’histoire, a duré moins de dix minutes. Il correspond au laps de temps où le LOSC était devant au tableau d’affichage à la suite du penalty de Burak Yılmaz. Point. Forcément, il est impossible de demander aux supporters de ne pas regretter cette tête de Xeka sur le montant ou même l’oubli de Pulisic juste avant la mi-temps qui aurait permis au LOSC de rentrer aux vestiaires rempli d’espoir. « Le parcours est réussi et magnifique, mais il était de toute façon réussi avant les huitièmes, tenait à préciser Gourvennec en conférence de presse d’après-match. Ce qu’il se passait après ? On a hérité du champion d’Europe et du monde. On a été à la hauteur de l’événement deux fois, on n’avait pas été suffisamment dangereux là-bas, mais ce soir on a haussé le niveau. On a fait vaciller Chelsea, mais ils ne sont pas tombés. » À défaut de refaire le match comme Eugène Saccomano en son temps, il est désormais l’heure de faire le bilan de cette campagne historique pour le club lillois.
Un bilan historique
Historique, cette campagne de C1 l’est en bien des points. S’il n’a pu qu’égaler sa performance de 2007 face à Manchester United – c’est-à-dire prendre la sortie à l’issue des huitièmes de finale de C1 -, Lille a cette fois marqué un but, son premier en phase éliminatoire de la compétition reine. Le LOSC a terminé premier de son groupe en phase de poules là où, au moment d’un tirage très ouvert, peu d’observateurs voyaient autre chose qu’un retour à la maison mi-décembre pour la bande de Benjamin André. Même en étant en difficulté en championnat, les Dogues ont su se sublimer en offrant quelques moments inoubliables à leurs aficionados. Cette nuit à Séville où Lille a gagné là où personne ou presque ne l’avait fait, celle à Wolfsbourg pour décrocher sa qualif’ avec panache, tout ça ne doit pas être occulté. Tout simplement car au-delà de donner de la confiance aux joueurs et du crédit au coach, ce sont ces rencontres qui émergeront d’elles-mêmes au moment de repenser à cette saison 2021-2022 dans la mémoire collective et dans l’histoire du club.
Le piège, ici, est de tomber dans l’exigence exacerbée. C’est pour cela qu’il est important de rappeler que contrairement à Paris ces dernières années ou même à Lyon dans les années 2000, le LOSC n’est pas encore ce club qui enchaîne les campagnes européennes avec pour objectif de performer au printemps. Il n’est d’ailleurs pas prévu pour et, hormis fin de championnat canon, il ne sentira pas ce parfum du luxe dès la saison prochaine. Par ailleurs, le football français s’est trop souvent plaint des campagnes de vaches maigres de ses représentants par le passé – les demies de Monaco en 2017 et de Lyon 2020 exclues – à l’image des parcours de l’OM ou même du Stade rennais l’an passé pour ne pas souligner la perf’ des Nordistes. Peu après le coup de sifflet final, Amadou Onana faisait un bon premier résumé de cette épopée désormais terminée : « Personne ne nous attendait à ce stade-là, je suis très fier du parcours réalisé par l’équipe. On a grandi. (…) La qualification en huitièmes, c’était un moment magique. J’aimerais le revivre à un autre moment de ma carrière. Il faut prendre ce qu’on a fait ce soir et le réitérer en Ligue 1. »
Place à la Ligue 1
Le vrai enjeu de cette campagne européenne lilloise se situe désormais dans cette direction : comment, à dix journées de la fin, Lille peut se servir de ces nuits européennes ? L’équipe de la capitale des Flandres ne jouera pas tout le temps devant 49 000 spectateurs, son record atteint cette saison avec la réception de Chelsea. Elle ne jouera pas non plus face à des équipes qui font le jeu, et ses difficultés face à des blocs bas vues récemment face à Metz (0-0) et Saint-Étienne (0-0) témoignent des ingrédients à mettre lors de chacune des dernières sorties.
À Nantes, ce samedi, elle devra déjà descendre de son nuage et potentiellement composer sans Sven Botman et Zeki Celik, touchés face aux Blues. Avec sept points de retard sur l’OM, le dauphin du PSG, les joueurs de Jocelyn Gourvennec devront effectuer un sans-faute avec notamment un bouquet final Monaco-Nice-Rennes à déguster. C’est dans ces moments-là qu’un beau parcours en Ligue des champions doit compter.
Par Andrea Chazy, à Pierre Mauroy