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L’épatant monsieur Zambo Anguissa
Pointé du doigt au début de saison comme le symbole de la faiblesse de l’effectif marseillais, André-Franck Zambo-Anguissa fait aujourd’hui bel et bien partie des plans de Rudi Garcia. Tout simplement parce que c’est un super joueur.
Ce dimanche soir, André-Franck Zambo-Anguissa risque de jouer sa dernière vraie cartouche face à l’OL. Avec le recrutement de Morgan Sanson, c’est logiquement le Camerounais qui devrait perdre sa place dans le onze de départ sur le long terme. Malgré tout, Zambo a été beau joueur en conférence de presse vendredi : « On sait que c’est un joueur avec d’énormes qualités, ça ne peut être que bien pour le club. On aura le temps de travailler beaucoup plus avec lui, mais on sait que c’est un bon joueur et on va devoir compter sur lui. » Car comme depuis qu’il est sur la Canebière, il préfère ne pas faire de vagues et travailler dans son coin. Mais ce dimanche soir, William Vainqueur est suspendu, offrant ainsi à Zambo une occasion de plus de faire taire les mauvaises langues. Raillé par bon nombre d’observateurs pour sa technique approximative et son côté bourrin en début de saison, le milieu de terrain olympien fait pourtant largement le taf depuis quelques semaines. Il est temps de le réhabiliter.
Un gros mental
On a tendance à l’oublier, sûrement parce que c’est déjà un très beau bébé, mais Zambo est encore un tout jeune joueur, à l’expérience limitée. Avant d’arriver à l’OM à l’âge de vingt ans, il n’avait connu que le club de Coton Sport au Cameroun, et la réserve du Stade de Reims. Un bagage un peu maigre pour s’imposer dans un club comme l’OM, où règnent pression et exigence. Et pourtant, il a eu les ressources mentales pour le faire, là où d’autres auraient pu baisser les bras, surtout devant les moqueries de certains supporters. Que ce soit sous Franck Passi ou sous Rudi Garcia, Zambo est constamment utilisé, puisqu’il a pris part à seize des vingt premières journées de championnat. Mieux, il a disputé les sept derniers matchs de l’OM dans leur intégralité, dont les 120 minutes en Coupe de la Ligue contre le FC Sochaux. De quoi faire oublier le cas Lassana Diarra et écraser la concurrence avec Zinédine Machach et Saif-Eddine Khaoui. Du temps de jeu qui commence à donner de la confiance à Zambo, prêt à s’installer pour de bon dans le projet marseillais. C’est en ce sens qu’il a refusé de partir à la CAN avec le Cameroun, pour ne pas perdre sa place de titulaire avec l’OM.
Du potentiel
Mais au-delà de la quantité, Zambo progresse en qualité. « Zambo Anguissa a un gros potentiel à tous les niveaux. Il ne faut pas oublier que cela ne fait pas longtemps qu’il est en France. C’est un homme de qualité, qui écoute. Il faut qu’il dépouille un peu son jeu, mais il est capable de faire des dégâts dans l’arrière-garde adverse. Sa marge de progression est importante » , expliquait Rudi Garcia début décembre, optimiste. Au début du mandat de l’ancien coach romain, le Camerounais était aligné devant la défense. Sauf que sa qualité de relance n’était pas assez bonne. Depuis, il a été repositionné plus haut sur le terrain, laissant le poste de numéro six à William Vainqueur, et fait mal avec ses puissantes projections. Moins gêné par des problèmes tactiques qu’il ne maîtrise pas encore tout à fait, il a plus de libertés pour percuter. « Je travaille beaucoup. Le coach a raison, j’ai besoin de progresser, de travailler tactiquement, je le reconnais. Je pense que je suis avec la bonne personne au bon endroit pour y arriver » , concède le principal intéressé. Avec un tel état d’esprit, André-Franck mérite au moins un peu plus de respect. Après tout, à Marseille, on aime les joueurs « qui mouillent le maillot » .
Par Kevin Charnay