- France
- Ligue 1
- PSG
Leonardo: la communication pour les nuls
En une sortie médiatique, le supposé très classe directeur sportif du Paris-SG n'a pas aidé à faire grandir la cote de popularité de son club ni de sa belle gueule. En moins d'un an, le Brésilien s'est mis tout le football français à dos avec ses envolées lyriques. A quoi joue-t-il ?
« Nous avons créé une équipe plus faite pour l’Europe que le championnat » . La phrase qui a visiblement choqué les grands penseurs du football. A la sortie d’une défaite méritée sur la pelouse de Reims samedi, Leonardo, le directeur sportif du Paris SG, s’empresse de justifier à sa manière le peu d’engouement et de révolte des siens. Il n’en fallait pas plus pour que la haine ne déferle sur la mèche soyeuse de l’ancien joueur de l’AC Milan. Ainsi, outre les poètes Pierre Ménès et Jean-Michel Larqué, toujours habiles quand il s’agit de pisser dans le sens du vent, ce sont les acteurs du football français qui ont été les plus touchés.
La mourinhisation du discours
« Nous aussi, on est une petite équipe mais, si on n’existait pas, il n’y aurait pas de championnat, détaille Jean-Raymond Legrand, le président de Valenciennes dans les colonnes du Parisien. Le respect de l’adversaire doit passer avant tout. Si Leonardo avait eu ce genre de discours à Valenciennes, j’aurais évidemment été vexé ! Nos équipes se valent, on a autant de mérite à jouer en L1 que le PSG, voire plus parce qu’on rame pour survivre financièrement. Ça doit stimuler toutes les équipes au moment de les recevoir. Il y a un fossé financier, il ne faut pas qu’il y ait une rupture totale entre le PSG et les autres. » Une semaine après la parution d’un sondage montrant que le Paris SG est le club le plus détesté de France, la sortie de Leo ne va pas arranger les affaires du club. Un club qui, au demeurant, n’a rien demandé à personne. Surtout, à quoi sert-elle ? On pourrait croire que, de temps en temps, Leonardo tente de masquer les sorties de route des siens par une mourinhisation de son discours. Comprendre allumer un feu à droite pour ne pas voir que ça brûle à gauche.
Et force est de constater que sur le résultat de samedi, ça a marché. Personne n’a parlé de la prestation calamiteuse, sans envie et sans panache, du XI d’Ancelotti. Au final, seuls les propos du Brésilien ont suscité le débat. On déplace les projecteurs et la pression. Tout est sur les épaules de l’homme au pouce levé. Sur le fond, ses propos ne sont pas choquants en soi. Ils se défendent, même. C’est la forme et le ton qui posent problème. Sauf que, avec ce genre de sortie médiatique, le Paris SG se retrouve dans l’obligation de faire un résultat ce mercredi contre Valence. « Il voulait piquer leur orgueil, avance Simon Pouplin, le gardien de Sochaux dans les colonnes du Parisien. Je peux comprendre qu’une grosse équipe soit vexée de perdre contre nous. Cela ne veut pas dire qu’ils nous ont pris de haut. Même si ce sont de grands professionnels, c’est humain d’être davantage motivé pour jouer un match de Ligue des champions que contre Sochaux. Cela ne me vexe pas mais, maintenant, ils ont la pression mercredi contre Valence. » En gros, si le PSG passe à la trappe contre les Espagnols, Leonardo aura l’air con. Classe. Mais con. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il tente d’allumer un incendie au soir d’un mauvais résultat. C’était déjà le cas après le match nul concédé à Montpellier suite à l’expulsion rapide de Mamadou Sakho. Ce soir-là, Leo s’était emporté devant la caméra, estimant qu’on était trop « fiscal » avec son club.
Il donne des leçons à Aulas
On l’a également repris la main dans le sac, un mois plus tard, au moment de se payer en 16/9 puis dans la presse Jean-Michel Aulas à la suite des propos de ce dernier sur le geste de Zlatan Ibrahimovic, qui s’était servi de Lovren comme d’un paillasson. « Aulas, il est qui pour juger ? (…) Attendez, Aulas, il fait quoi ? Je ne comprends plus très bien. Il travaille aussi à la commission juridique de la Ligue ? Tout ce qu’il veut, c’est faire diversion par rapport au mauvais résultat de son équipe. Lyon, on les a maîtrisés, surtout en seconde période, c’est la réalité. Aulas, on dirait qu’il cherche à justifier cette défaite. Mais vous savez ce que ses propos traduisent à mes yeux ? Un complexe d’infériorité. » Ambiance. Forcément, on a rappelé au Brésilien le palmarès du Lyonnais. Historie de.
Mais visiblement, Leo a quelque chose contre les mentalités françaises. Des gagne-petit dans son esprit. C’est ainsi qu’en 2012, il s’était fendu d’une sortie très musclée sur l’absence de résultats des clubs de l’Hexagone en coupes d’Europe. « Être en haut, en championnat ou en Ligue des Champions, ce n’est pas une question d’argent. Il n’y a pas de culture de la gagne, ici. Le niveau de préparation des joueurs et des entraîneurs est vraiment bas. (…) La base de travail chez les joueurs n’est pas là. Si la France perd une place à l’indice UEFA, c’est que cela ne marche pas. » On pourrait en compiler des lignes et des lignes. Oui, depuis son retour en France, Leonardo fait figure de mec arrogant, donneur de leçons et prétentieux.
Leonardo devance-t-il l’appel ?
Et en France, on déteste ça. Surtout quand ces propos sortent de la bouche d’un étranger. Riche qui plus est. Deux statuts que le Français moyen déteste. Ces récentes sorties ne vont pas aider le PSG à se faire aimer. Au contraire. Mais on a surtout l’impression que le Brésilien prépare déjà sa sortie, du style « vous ne me méritez pas« . Pour le moment, un grand flou entoure la fin de saison du Paris SG. Carlo Ancelotti et Leonardo sont deux fusibles. Tout le monde le sait. Et on voit mal Leonardo travailler avec un autre entraîneur, notamment un mec qui aime occuper l’espace médiatique (ce qui n’est pas du tout le cas d’un Ancelotti, par exemple).
Alors quoi ? Leo sait qu’il a lancé la machine et que ses jours sont comptés. Chevaleresque, il devance l’appel et se met en marge tout seul. Cela étant dit, ça ne règle pas le fond du problème. Si José Mourinho – dont QSI rêve jour et nuit – était amené à prendre la relève de Carlo Ancelotti, le football français se retrouverait face à un homme doué, titré, respecté, mais fou. Complètement fou. Et rien ne dit que le verbatim perde en qualité. Au contraire.
Par Mathieu Faure