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Leonardo Jardim, le vrai « special two »?

par William Pereira
Leonardo Jardim, le vrai «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>special two<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»?

Pas de barbe, de costards, peu de cheveux mais beaucoup de talent. Dans l'ombre d'André Villas-Boas, Leonardo Jardim (39 ans) se fait une sacrée réputation dans son pays. Grâce à lui, le Sporting mène la danse en Liga Sagres, devant Porto et Benfica. Et s'il continue à ce rythme, il sera difficile de continuer à l'ignorer...

Décidément, l’étiquette de Special Two ne réussit pas à André Villas-Boas. Le précoce entraîneur portugais s’est fait virer de Londres à coups de pied au cul pour la deuxième fois, mettant à mal sa réputation mais aussi celle de la nouvelle école du coaching portugais. Pourtant, ce serait commettre une belle erreur que de réduire cette jeune génération à l’auteur du triplé (quadruplé si l’on compte la Supercoupe du Portugal) Championnat-Coupe-C3 en 2010-2011 avec Porto. Sans entrer dans les coulisses de la Liga Sagres, on y distingue un homme aussi brillant qu’atypique. Cet homme officie sur le banc de l’Estadio de Alvalade, l’antre du Sporting. Son nom? Leonardo Jardim. Originaire de Madère comme Cristiano Ronaldo, le bougre ressemble beaucoup plus à Arjen Robben qu’à son compatriote, pour son front dégarni et sa faculté à vieillir plus vite que les autres. Car cette gueule de vieux n’a en réalité que 39 piges, soit trois de plus que Villas-Boas. Les mauvaises langues diront que son palmarès est risible par rapport à celui d’AVB, et c’est bien vrai. Jardim n’a pas encore remporté le moindre titre significatif, si ce n’est un championnat de D2. Mais la vie est plus compliquée quand on habite dans un bled pommé de Madère que lorsqu’on a l’occasion de dire bonjour à Sir Bobby Robson, une ou deux fois par jour, pantoufles aux pieds. A l’instar de la grande star de Madère, Jardim s’est bâti seul.

Ascension et amour interdit

José Leonardo Nunes Alves Sousa Jardim. Un nom presque aussi long que le chemin parcouru par le « Madeirense » pour en arriver à entraîner un Sporting mourant. On parle quand même d’un mec né à Barcelone. Pas en Catalogne, non, au Venezuela, où la famille Jardim avait émigré avant de retourner à Madère quand le petit Leonardo n’avait que 3 ans. A l’Est, il est allé jusqu’à Athènes, où il a entraîné l’Olympiakos. Bref, en bon portugais, Jardim a fait péter le compteur kilométrique. Et partout où il est passé, il a répandu prospérité et amour. Parfois un peu trop, comme en atteste son expérience à l’Olympiakos, justement. Froidement accueilli par les supporters grecs, sceptiques à l’idée de voir un inconnu diriger leur équipe, le Portugais a très rapidement fait l’unanimité du côté du Pirée. Même la femme du président Evangelos Marinakis a été conquise. Leonardo Jardim aurait en effet eu une aventure avec Jelene Trojanske le temps de son court mandat à Athènes. De quoi irriter son boss, qui n’hésite pas à le virer malgré d’excellents résultats en championnat -l’Olympiakos comptait dix points d’avance sur le deuxième au moment où Marinakis se sépare du traître.

De fait, Leonardo Jardim n’a jamais connu l’échec depuis qu’il a entamé sa carrière d’entraîneur, à 27 ans. Et à l’instar de Villas-Boas, l’actuel coach des Leoes n’a pas non plus connu le football en tant que joueur professionnel. Cela ne l’a pas empêché de réaliser « son rêve d’ado » -dixit son père- avec beaucoup de succès. Pour sa première expérience en métropole, Jardim fait monter Chaves en Liga Vitalis (D2 portugaise), au terme de sa seule année chez les « Trasmontanos » . Beira-Mar flaire le bon coup et le fait signer dans la foulée. Le club d’Aveiro veut retrouver l’élite et compte sur sa trouvaille pour y parvenir. Le coup de poker s’avère payant. L’année suivante, Jardim et son équipe luttent pour les places européennes, mais un désaccord avec les dirigeants de Beira-Mar le force à quitter le navire à une dizaine de journées de la fin du championnat. Résultat, ses hommes frôlent la relégation. De toute façon, c’est toujours comme ça avec Leonardo. Quand il quitte son poste, un naufrage s’ensuit. Jusque-là, seul l’Olympiakos a bien géré l’après-Jardim. Même Braga, avec qui il a failli gagner le championnat – il termine troisième après avoir occupé la première place à cinq journées de la fin- a du mal à s’en relever. Après une saison chaotique sous José Peseiro, le retour de Jesualdo Ferreira au bercail ne se passe pas comme prévu, éloignant les Minhotos du titre de troisième grand club portugais dont ils rêvaient. Un poste qui revient plus que jamais au Sporting. Comme au bon vieux temps. Et Jardim n’y est pas pour rien.

Une première depuis 2007

Faire peu avec beaucoup a trop longtemps été le credo de ces Leões méconnaissables sous l’ère Godinho Lopes. Le nouveau boss, Bruno de Carvalho, voulait l’inverse. En ce sens, l’arrivée du natif de Barcelone prend tout son sens, en ce qu’il a toujours su se débrouiller avec des moyens modestes. Et, malgré la coupe budgétaire drastique ainsi que les départs des futures stars Bruma et Ilori, Leonardo Jardim a réussi à bâtir une équipe compétitive dont la colonne vertébrale (Rui Patricio, Cédric Soares, William Carvalho, Adrien Silva et André Martins), sort tout droit du centre de formation. C’est avec ces mioches de 19 à 26 ans que l’ancien de l’Olympiakos mène la danse en Liga Sagres. Cela faisait six longues années que les Leões ne regardaient pas tout le pays de haut. Mais le plus dur reste à faire pour Jardim. Insuffler une vraie identité de jeu à sa meute, et surtout, rester sur le trône jusqu’au bout. Car depuis 2008, le Sporting n’a pas remporté le moindre titre. Pour un club de cette envergure, ça commence à faire long.

Rachid Mekhloufi... pour les jeunes

par William Pereira

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