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Léo Leroy : « Mon père était un peu plus fou que moi »

Propos recueillis par Clément Gavard
Léo Leroy : « Mon père était un peu plus fou que moi »

À 23 ans, Léo Leroy n'est pas seulement le fils de Jérôme, mais aussi un joueur de plus en plus installé en Ligue 1 à Montpellier, où il a gagné du temps de jeu en 2023. Avant le déplacement à Marseille ce vendredi soir, le milieu de terrain parle de sa progression, des conseils du paternel et de la place de la technique dans le foot.

Avant d’être stoppé par une blessure musculaire le mois dernier, tu avais retrouvé beaucoup plus de temps de jeu avec Montpellier (8 titularisations). Comment expliques-tu ce renouveau ? 

Ça va bientôt faire deux ans que je suis arrivé à Montpellier et il m’a fallu un petit temps d’adaptation. J’ai mis du temps à appréhender le niveau de la Ligue 1, à trouver mes repères. J’ai souvent été remplaçant, j’ai peut-être aussi manqué de rythme à certains moments. Il y a eu la nomination de Romain Pitau, puis cette trêve pendant la Coupe du monde qui m’a fait du bien. Je suis revenu un peu plus tôt que les autres pour m’entraîner avec la réserve avec laquelle j’ai joué deux matchs de championnat fin novembre et début décembre. Je me suis senti bien pendant la préparation, et le coach m’a récompensé en me mettant titulaire lors des amicaux. Et il m’a reconduit en championnat. C’est la première fois que j’ai pu autant enchaîner dans ce rôle de titulaire, même si ça peut vite tourner avec Joris (Chotard) et Khalil (Fayad). Là, c’était à mon tour. 

Est-ce facile d’évoluer aux côtés de joueurs expérimentés comme Jordan Ferri ou Téji Savanier dans ton secteur de jeu ?

Jordan, c’est sûrement celui qui a le plus d’expérience, il va nous donner des conseils, à Joris comme à moi. On doit se mettre à son niveau et je trouve qu’on est assez complémentaires. Et oui, il y a Téji, même s’il est un peu plus offensif, plus haut sur le terrain. 

Tu peux rivaliser avec lui au niveau de la technique ? 

(Rires.) Non, je ne me permettrais pas de dire ça. Il est impressionnant. Quand je suis arrivé au club, ça m’a presque surpris. Ce qui est fort, c’est surtout sa régularité, il est très rarement en dessous. Il peut faire des gestes surprenants, c’est un artiste. C’est intéressant de pouvoir se confronter à ce genre de joueur au quotidien pour essayer de s’en inspirer. 

Téji Savanier peut faire des gestes surprenants, c’est un artiste.

Tu as déjà connu trois coachs cette saison (Olivier Dall’Oglio, Romain Pitau et Michel Der Zakarian), ce n’est pas trop perturbant ? 

Je le vois plus comme une richesse. Ça peut l’être quand tout se passe bien, mais il fallait peut-être bousculer les choses. Je considère que chacun a sa vision et me fait grandir, sachant que je ne suis pas dans le milieu pro depuis longtemps. Pendant des saisons compliquées comme celle-ci, tu gagnes en expérience. En tout cas, ça a été assez intéressant de pouvoir bénéficier de plusieurs méthodes de travail. 

En ayant remporté 5 de vos 6 derniers matchs, vous avez fait un grand pas vers le maintien. Avez-vous eu peur au club de la relégation avec cette saison à quatre descentes ? 

Personnellement, oui. Il y a des moments un peu durs où tu y penses. Mais d’un point de vue général, le collectif n’a jamais douté. On n’a jamais envisagé de descendre. Le club a sûrement eu peur, mais le groupe a su faire abstraction de cette pression pour se remettre au travail. Là, on a un bon matelas, même si ce n’est pas encore fait. N’oublions pas où on était il y a quelques semaines. 

Qu’est-ce qui a changé concrètement avec Der Zakarian ? 

Peut-être la rigueur. Il connaît la maison et la plupart des joueurs. Il avait la méthode, il a su trouver des solutions. Puis, on sait que l’arrivée d’un nouveau coach peut provoquer un déclic. Il a eu lieu, tout le monde s’est remis en question avec la concurrence. 

 

Tes coachs ont souvent dit qu’il fallait que tu progresses physiquement. Tu es d’accord ? 

Quand je signe à Montpellier, je sais que j’ai des axes de progression dans ce domaine. J’ai travaillé sur mon explosivité avec les préparateurs physiques et sur la prise de muscles. Cet automne, un préparateur de la réserve qui est monté chez les pros m’a pris sous son aile. On a beaucoup discuté et beaucoup travaillé. Les données physiques sont de plus en plus importantes : on le voit au club, avec des investissements ou un staff qui s’élargit. Il y a cette idée de la performance, de pousser les joueurs à répéter les efforts. On veut former des footballeurs un peu plus physiques. Il faut trouver un équilibre entre tout ça et la technique qui finit toujours par primer. 

Quand les gens viennent au stade, c’est pour voir des beaux gestes, pas pour voir des joueurs courir.

Les stats sont de plus en plus présentes dans le foot, c’est quelque chose qui t’intéresse ? 

C’est vrai que c’est un peu ce qui ressort en ce moment : il y a plein de données et un peu moins de romantisme. C’est tout bête, mais on voit moins de numéros 10 aujourd’hui. On met moins en avant les artistes, même s’ils seront toujours là. Le foot, ça reste visuel. Quand les gens viennent au stade, c’est pour voir des beaux gestes, pas pour voir des joueurs courir. Là encore, il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas tomber dans l’extrême. Quand on voit les meilleures équipes en Ligue des champions, celles qui performent sont celles qui courent le plus, et pourtant les matchs restent impressionnants techniquement. Mon cas est aussi un bon exemple : ça se ressent au niveau des stats que je suis plus performant, et en même temps, je me sens mieux dans mon foot et capable de faire plus de choses. Ce n’est pas une contrainte, la technique ne va pas disparaître. 

Ton père, Jérôme Leroy, qui était très technique et un peu un 10 à l’ancienne, aurait-il eu sa place dans ce foot ? 

(Il réfléchit.) On retient parfois son agressivité, mais c’est bien que tu précises aussi que mon père était un joueur très technique. Quand on en parle, il me dit aussi que c’était un joueur avec un gros volume de jeu, je ne pense pas qu’il aurait été perdu aujourd’hui sur un terrain. Chacun va le voir en fonction de sa sensibilité, soit comme un joueur très technique, soit pour sa capacité physique. L’essence même du foot, c’est le plaisir, la technique, les petits ponts, etc. Il ne faut pas perdre cette joie que peut procurer le foot. Le problème, c’est qu’on va parfois privilégier d’autres profils dans la recherche de l’efficacité et de la performance. 

Quels souvenirs as-tu de la carrière de joueur de ton père ? 

En fait, j’étais assez détaché. Quand j’étais petit, je ne regardais pas trop ses matchs, je préférais jouer. C’est plus sur la fin de sa carrière que j’ai commencé à être plus attentif. J’allais le voir au stade de temps en temps quand il était à Istres, en Ligue 2, j’avais un œil plus avisé. Un souvenir marquant, c’est la finale de Coupe de France avec Sochaux (remportée contre Marseille aux tirs au but en 2007, NDLR), je l’avais regardé à la télé. Par exemple, j’ai une anecdote : mon père avait mis un doublé en Coupe de France avec Rennes (contre Reims en février 2011, NDLR), le lendemain j’ai entraînement et les copains viennent m’en parler, je réponds : “Ouais, ouais, trop bien.” La vérité, c’est que je n’étais même pas au courant qu’il avait marqué. (Il se marre.) Il était rentré tard, je dormais et je n’avais pas du tout suivi. Mes principaux souvenirs, ce sont les moments où je jouais avec lui. Il me donnait des petits conseils, il me faisait travailler techniquement. Il y avait de la transmission. 

Lequel de ses buts aurais-tu aimé marquer ? 

Il en a mis des beaux buts. L’un des plus marquants, c’est sa louche piquée contre Lens avec Rennes sous la pluie, c’est un vrai geste technique. Il y en a aussi une contre le PSG ou je pense par exemple à une reprise de l’extérieur du pied contre Brest. 

 

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Quelle place occupe-t-il dans ta carrière aujourd’hui ? 

Il a le rôle d’un père, pas plus, pas moins. Pour le reste, j’ai mon agent. Bien sûr, il surveille, mais il reste assez détaché et il veut surtout que je prenne mes propres décisions. Il va seulement me donner son avis de papa, même si on s’appelle très régulièrement après les matchs pour faire un debrief. 

Mon père me dit d’être plus tranchant, plus agressif.

Quel est le dernier conseil qu’il t’a donné ? 

Sur mon apport offensif. J’ai tendance à me concentrer pour bien défendre, rester en place, sans trop monter. Vu qu’on évolue souvent à deux 6, il me répète beaucoup de me projeter davantage, sachant que ça fait aussi partie de mes qualités à la base. Il me dit aussi d’être plus tranchant, plus agressif. 

À quel moment comprends-tu que le foot pourrait devenir ton métier ? 

Si on compare à la nouvelle génération aujourd’hui, c’est arrivé assez tard chez moi. Ça a dû arriver vers 17 ans dans ma tête. Avant, j’étais assez loin de tout ça et de toutes les sollicitations habituelles. C’était surtout un plaisir, je jouais à l’entraînement ou avec les potes, et ça s’arrêtait là. 

Tu as passé toute ta formation au Stade rennais de 2008 à 2018. Lionel Rouxel, le sélectionneur des U19, expliquait à Ouest-France que le club formait « des bons mecs ». Comment tu l’expliques ? 

Ça se joue beaucoup dans tout ce qui entoure la formation : les coachs, les intendants, la relation entre les joueurs et les salariés. Je me souviens de tout le monde, et si on se croise, on va discuter. C’est ce contact avec ces gens, dont certains sont bénévoles, qui permettent aux joueurs de garder les pieds sur terre quand ils montent chez les pros. Il y avait Armand Canet, Didier Le Bras ou Jean-Louis, un intendant, et d’autres. Il y a un cocon familial. Aujourd’hui, les joueurs sont obnubilés par la volonté de réussir, mais on a besoin de ces moments de partage.

J’ai vu des joueurs tomber en National ou au niveau amateur, je sais que rien n’est acquis dans le foot.

Ressens-tu parfois une nostalgie de cette époque ? 

Un peu au début de ma carrière pro. Tu discutes avec des copains qui viennent te montrer des anciennes vidéos, des photos, etc. Il y avait moins de pression, tu allais t’amuser tous les week-ends. Maintenant, plus tu avances, plus tu arrives à le retrouver au haut niveau. Dans les périodes difficiles, il y a moins de plaisir, c’est sûr, mais quand tout roule, c’est magnifique. 

Qu’est-ce que tu ressens quand tu quittes Rennes en 2018 après ne pas avoir été conservé ? 

(Il coupe.) Ce n’est pas vraiment ça, ils voulaient me conserver, mais ce n’était pas le contrat que j’attendais. Ils me proposaient un petit contrat pour jouer avec la réserve ou les U19. Je ne me suis pas senti valorisé, mais franchement, j’étais parti pour rester à Rennes où j’avais mes potes, ma mère, mon père, ma sœur et mon petit confort. J’étais content. Et mon père, qui était à Châteauroux à ce moment-là, m’a proposé de venir passer des tests avec la réserve là-bas. Il m’a poussé à changer d’horizon, c’était la première fois que je quittais Rennes pour le foot. Le SRFC avait d’autres plans en tête, et ils avaient sûrement raison, les autres étaient probablement meilleurs que moi. C’était beaucoup plus concret à Châteauroux. Ça n’a pas été facile au début, mais ça s’est bien passé. 

Qu’est-ce que tu as appris à Châteauroux et plus globalement en Ligue 2 où il a fallu se battre pour le maintien ? 

Heureusement qu’il y avait le foot au début, il n’y avait pas grand-chose à faire à Châteauroux. Mais je n’étais pas malheureux, le foot c’est une grande partie de ma vie. En Ligue 2, ce sont toujours des saisons difficiles, ça te met directement dans le bain et ça prépare pour la suite de ta carrière. C’est une autre façon de voir les choses : tu es dans le négatif, la pression, la remise en question permanente. Là encore, ça permet de garder les pieds sur terre. J’ai vu des joueurs tomber en National ou au niveau amateur, je sais que rien n’est acquis dans le foot. Parfois, certains n’ont pas cette lucidité, il faut avoir conscience de notre chance d’être là.

Tu as 23 ans, est-ce que tu te considères encore comme un jeune ? 

On oublie un peu qu‘on est encore jeune à cet âge-là. Il y a pourtant plein de cas de joueurs qui arrivent tard en pro. Disons que je commence à ne plus trop me considérer comme un jeune, surtout que tu t’entraînes avec des gars de 18-19 ans. Tu vois aussi des joueurs de 17 ans titulaires chaque week-end en Ligue 1. Je sais que je peux encore progresser dans plein de domaines, mais je ne suis plus vraiment un jeune. Je commence à avoir un peu d‘expérience. 

Ton père a connu 12 clubs dans sa carrière. Est-ce que tu penses suivre ce même chemin de globe-trotter du foot ? 

J‘ai pris du retard. (Il se marre.) Lui était un peu plus fou, il aimait bien changer et se faire de nouveaux challenges. On voit bien à Montpellier que j‘ai besoin de temps, de stabilité… Puis, pourquoi changer quand tout se passe bien ? Il faut trouver le bon moment pour sortir de sa zone de confort. Je me sens bien ici, j’espère y jouer longtemps et j’ai cette envie de m’inscrire dans la durée dans un club. 

Rennes met un tarif à Montpellier

Propos recueillis par Clément Gavard

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