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Léo Dubois à Lyon : un délit de sale gueule
Encore sifflé par le public du Groupama Stadium ce dimanche et sorti à la pause par Peter Bosz, Léo Dubois vit une saison difficile sur les bords du Rhône. Le capitaine de l'OL n'est pas au niveau, mais il est trop facile d'en faire un bouc émissaire.
La prestation de Léo Dubois face à Rennes ne va pas calmer les détracteurs de l’international français. Comme trop souvent cette saison, l’ancien Nantais a été dépassé par les évènements et ses adversaires dans le couloir droit, où le duo Adrien Truffert-Martin Terrier lui a fait vivre un calvaire pendant 45 minutes. La décision de Peter Bosz de mettre fin à la souffrance de son capitaine en le remplaçant par son concurrent Malo Gusto aurait pu être un soulagement pour le sortant, mais dans le contexte actuel, c’est un nouveau coup dur à digérer. Le défenseur de 27 ans, qui avait déjà essuyé les sifflets du Groupama Sadium à l’annonce des compositions d’équipe en préambule de cet OL-Rennes, a évité la bronca en filant directement sur le banc après le repos. Le parallèle avec les huées parisiennes contre Lionel Messi et Neymar le même jour est facile. Comme les supporters du PSG ont le droit de se payer les deux stars sud-américaines, ceux de Lyon peuvent s’en prendre à leur propre Léo. Mais les motivations sont différentes et la contestation contre Dubois ne date pas d’hier. Elle a pris de l’ampleur ces dernières semaines et soulève une question : n’est-ce pas trop facile d’en faire un bouc émissaire ?
Un brassard pour couler
Le latéral droit n’a pas confirmé les promesses entrevues au FCN entre 2014 et 2018 dans un club aux ambitions autrement plus élevées que dans le fief de Waldemar Kita. Parfois bon, parfois mauvais et souvent trop neutre à un poste où les attentes sont de plus en plus importantes, Dubois aura tout de même montré quelques belles choses chez les Gones, notamment lors de la deuxième partie de saison 2018-2019. Au-delà des performances sportives du bonhomme, l’été dernier a peut-être été un tournant négatif dans l’histoire entre Dubois et l’Olympique lyonnais avec sa nomination comme capitaine par Peter Bosz. Une responsabilité beaucoup trop lourde à assumer pour un joueur pas forcément taillé pour être un leader et souffrant surtout d’un manque de légitimité. Si le principal intéressé assurait à l’époque « aimer ce genre de défi », il a plus été plombé que porté par le brassard. Depuis de nombreux mois, Dubois est ainsi pris en grippe par les supporters lyonnais, au stade comme sur les réseaux sociaux, comme s’il était le responsable numéro un d’un club scotché à la 10e place à dix journées de la fin du bal.
L’erreur originelle de Bosz restera d’en avoir fait un capitaine par défaut plus que par évidence. Le technicien néerlandais aurait dû connaître le contexte et les limites du latéral lyonnais comme il aurait dû savoir qu’un petit jeune de 18 ans risquait de toquer à la porte pour mettre en concurrence l’international français. Reste qu’à l’inverse de Messi ou Neymar, Dubois n’a jamais triché ni traîné des pieds. Le mois dernier, son statut de tête de Turc ne l’avait d’ailleurs pas empêché de se présenter au pied du virage nord et de prendre le micro après le succès convaincant contre Nice : « Je n’attends pas que tout le monde ait un amour pour tous les joueurs, mais sachez qu’on bosse tous les jours pour faire le maximum sur le terrain. On ne vient pas tous du même milieu, mais on sait que l’OL doit jouer la Ligue des champions et on va se battre pour ça. » Le capitaine contesté avait même été applaudi après la séquence, mais ses dernières performances ne l’ont pas aidé à définitivement inverser la tendance.
Les vrais problèmes
À trois mois de la fin de la saison, il est trop tard pour faire machine arrière et gommer les maladresses de l’été passé. Léo Dubois sait qu’il ne plaît plus à tout le monde parmi les supporters de Lyon et c’est une donnée avec laquelle Bosz va devoir composer ces prochaines semaines. « Je ne comprends pas du tout. Léo n’est pas seulement notre capitaine, il est l’un de nous, avait regretté le coach lyonnais le mois dernier. J’ai parlé avec lui, et ça l’affecte, croyez-moi. J’ai été aussi sifflé, quand j’avais plus de 30 ans, et tu peux dire que tu t’en fous, mais non, ce n’est pas comme ça. Si tu es sifflé par l’adversaire, ça te donne de l’énergie, mais par ton public, ce n’est pas pareil. Cela ne peut pas nous aider. » Dubois est devenu une cible facile et la cabale dont il fait l’objet n’est peut-être pas le combat le plus malin mené par les supporters de l’OL. Chaque lynchage, qui fragilise un peu plus la confiance et donc les performances du joueur, ressemble à un joli but contre son camp marqué par le public lyonnais.
Dans la même veine, Tino Kadewere récolte des critiques à la moindre apparition (il n’a pourtant été titularisé que deux fois cette saison et a marqué lors de la dernière à Lens), comme s’il était plus responsable de la saison médiocre de l’OL que les 19 joueurs ayant eu plus de temps de jeu que lui cette saison. À l’inverse, Houssem Aouar, envoyé à la Juventus et au Barça deux ans plus tôt, stagne dans une indifférence générale et gênante. Le terrain n’est que le reflet des coulisses, où Jean-Michel Aulas n’est plus le grand président d’avant. Les ego et les ambitions personnelles dirigent un OL plus que jamais sur le déclin et à l’avenir incertain. Le point faible de l’équipe de Bosz n’est pas son latéral droit, ce dernier en est seulement un parmi tant d’autres. Une chose est sûre, quand Léo Dubois sera le problème numéro un, ce sera une très bonne nouvelle pour l’OL.
Par Clément Gavard