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Claudio Ranieri, la dernière séance

Par Thomas Morlec

Après plus de 35 ans sur les bancs de touche, Claudio Ranieri a annoncé qu’il allait prendre sa retraite à la fin de la saison. L’entraîneur charismatique aura marqué l’histoire du football par ses coups d’éclat et sa classe. Ciao Mister.

Claudio Ranieri, la dernière séance

Pour Claudio Ranieri, l’histoire va prendre fin là où elle avait (presque) commencé, à Cagliari, club qu’il avait fait passer de la Serie C à la Serie A en deux ans lors de son premier passage (1988-1991). L’Italien a bouclé la boucle dimanche dernier en maintenant les Sardi, dont il est l’entraîneur depuis janvier, dans l’élite du football italien. Le lendemain, la nouvelle est tombée : Don Claudio prendra sa retraite à la fin de la saison.

De joueur modeste à entraîneur de renom

1 287, c’est la hauteur en mètres du Puy de Montoncel, dans le Forez. Mais c’est aussi le nombre de matchs que Claudio Ranieri aura dirigés depuis le banc après la rencontre contre la Fiorentina ce jeudi, lors de l’ultime journée de championnat. Vu d’en bas, c’est immense, et l’émotion devrait culminer lors de la dernière danse du Mister à la Sardegna Arena. Et pour cause, l’homme de 72 ans tirera un trait sur près de 50 ans de sa vie. Modeste défenseur latéral formé par l’AS Roma, avec qui il a joué six matchs en pro, le Romain a eu une carrière de joueur honorable dans sa Botte, étant même le joueur comptant le plus d’apparitions en Serie A à Catanzaro, avant d’évoluer à Catane et à Palerme. S’il n’a pas marqué les esprits sur le pré, c’est dans la zone technique que ses faits d’armes sont remarquables. Outre ses exploits avec Cagliari, lui permettant d’accéder au gotha des entraîneurs reconnus du Calcio, Ranieri a continué de grandir avec la Fiorentina, bien aidé par le grand Gabriel Batistuta, en glanant trois trophées en quatre ans avant de prendre le large.

S’il a coaché 19 équipes dans cinq pays différents, dont Valence, Chelsea, Monaco, ou encore comme sélectionneur de la Grèce, l’Italien n’est pas réputé pour être un collectionneur de trophées. Plutôt perçu comme un « beautiful loser », ce bricoleur signe son plus grand succès avec Leicester lors de la saison 2015-2016 en s’adjugeant le titre de Premier League. Plus beau braquage de l’histoire du championnat anglais pour les uns, plus grand exploit du XXIe siècle dans le football pour les autres, cette épopée magique, réalisée notamment avec Jamie Vardy, Riyad Mahrez et N’Golo Kanté, est assurément le plus grand accomplissement dans la longue et grande carrière du technicien romain.

Classe, scuds et humour légendaire

Outre ses coups de maître et sa vision tactique aiguisée, l’actuel entraîneur de Cagliari est réputé pour sa classe et ses qualités humaines. Souvent vénéré par ses supporters, le showman aux 72 bougies était, contrairement à certains de ses confrères, particulièrement doué dans l’exercice des conférences de presse, dont certaines sont entrées dans la légende. Par exemple, à Nantes, quand il avait envoyé un missile à Raymond Domenech en indiquant qu’il pouvait l’entendre parler de théâtre mais pas de football, à Leicester lorsqu’il promettait de payer des pizzas pour chaque clean sheet de son équipe ou encore lorsqu’il réveillait les journalistes un peu trop endormis à coups de « Dilly ding, dilly dong! ». Il est aussi de ceux qui font l’unanimité partout où il passe, grâce à son humour séduisant, sa passion et sa grande dose d’humilité.

Dans une lettre poignante, Cagliari a rendu un vibrant hommage à son Mister : « La sensation est celle de vivre un film, un de ces films à Oscars, qui vous captivent grâce à leur scénario parfait : un de ceux qui vous font rire, mais qui savent aussi vous émouvoir. Ce sont des larmes de joie et de gratitude envers ceux qui ont su écrire quelques-unes des plus belles pages de l’histoire de Cagliari : parce que ce qu’ils ont fait restera indélébile dans le cœur de tous les supporters. Cagliari est et sera toujours votre maison. Merci pour toujours, Monsieur. » À l’instar du chef d’orchestre Toni Kroos, Claudio Ranieri semble, lui aussi, avoir pris la bonne décision en terminant sa carrière avant de connaître le déclin. Le signe des grands finalement. Jeudi, le football italien pleurera, et il ne sera pas le seul.

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