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Lens, tant qu’il y a de la vie…
Dernier du classement depuis sa défaite face au PSG, Lens vit la saison galère annoncée. Antoine Kombouaré n'arrête pas de le répéter, le maintien tiendrait du miracle vu la situation du club. Mais les anciens veulent croire à ce miracle, à cette équipe et son entraîneur.
À entendre Antoine Kombouaré, l’entraîneur du RC Lens n’est pas loin de saisir la commission de l’église catholique romaine chargée de valider ou non les miracles de Lourdes. « Si le RC Lens va se maintenir ? Ce serait plus qu’un miracle. Le mot miracle ne serait même pas assez fort » , lâchait le technicien avant la défaite face au PSG vendredi dernier. Depuis, le Racing a glissé jusqu’à la dernière marche du classement, doit composer avec les suspensions (Gbamin, Kantari, Le Moigne) et les blessures de son gardien Rudy Riou ou encore de son buteur Yoann Touzghar. Forcé de piocher dans la réserve pour le déplacement à Toulouse, Kombouaré voit ses craintes se réaliser au sujet d’un effectif de 19 joueurs dont il ne cesse de répéter qu’il n’est pas taillé en quantité pour la Ligue 1. « Très clairement, beaucoup de joueurs ont atteint l’équipe professionnelle par défaut. Ils évoluent avec nous par la force des choses » , avance le Kanak qui aligne dans les buts le bizuth Valentin Belon à défaut de Samuel Atrous dont le contrat n’a jamais été validé, la faute aux 2,5 millions d’euros toujours réclamés par la DNCG.
« On aimerait bien, mais on ne peut pas dissocier le sportif de ce qui se passe en dehors du terrain » , résume Jimmy Adjovi-Bocco, légende locale du haut de ses 223 matchs avec le RCL. Cette semaine encore, le président Gervais Martel a effectué un aller-retour à Bakou pour essayer d’obtenir le chèque tant attendu de Hafiz Mammadov, actionnaire aussi majoritaire qu’invisible depuis plusieurs mois. Mais l’homme qui ouvrait des Petrus classés au milieu de la nuit pour recevoir les journalistes ne donne plus signe de vie. Malgré l’optimiste forcené de Martel, Lens risque de ne pas pouvoir se renforcer lors du mercato d’hiver. « J’essaye de rester optimiste pour le club même si tout semble ligué contre lui. Il ne peut pas recruter, ni même prolonger des joueurs qui souhaitaient rester » , regrette Mickaël Debève, buteur à Wembley contre Arsenal en 1998. « Il y a du courage et même du talent dans cette équipe » , assure Adjovi-Bocco de son côté.
« Antoine Kombouaré est un être exceptionnel »
Mais interdit de recruter et privé de son stade Bollaert pour la saison, le Racing dispute la course au maintien avec deux boulets aux pieds. Aujourd’hui entraîneur de la réserve du TFC, Debève ne tire pas encore le signal d’alarme. « Ils sont derniers pour l’instant, mais sont loin d’être décrochés au classement. Bien sûr, l’effectif est trop court, mais je trouve qu’il y a de la qualité notamment chez les jeunes. » Cette jeunesse plaît aussi à Adjovi-Bocco, mais le Béninois craint qu’on ne lui en demande trop. « J’ai été agréablement surpris par les jeunes, mais c’est un piège pour eux quand ils se retrouvent à dix dans l’effectif et qu’il manque des joueurs d’expérience pour les encadrer. »
En attendant que Mammadov retrouve son stylo pour signer le chèque derrière lequel Martel court depuis des mois, Lens ne peut que s’en remettre au charisme et à la hargne de Kombouaré. Après avoir menacé de plier bagages cet été, l’ancien défenseur s’est retroussé les manches et mis en mode survie. « Antoine Kombouaré est un être exceptionnel, il est capable d’aller à la guerre avec trois fois rien, vante Adjovi-Bocco Il va gagner des batailles, mais est-ce qu’on va lui donner les armes pour gagner la guerre à la fin ? » Gervais Martel s’en remet aussi au charisme d’un coach qu’il avait sanctionné fin juillet pour avoir zappé la reprise de l’entraînement. « Si on avait aujourd’hui certains entraîneurs que j’ai pu avoir, ce serait complètement différent, même si je ne citerai pas de noms… Antoine, c’est un gars qui assume les circonstances. » Ce n’est pas comme s’il avait vraiment le choix.
Par Alexandre Pedro