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Lens-OM : la ballade des gens heureux
Le stade Bollaert va être le théâtre de l'affiche la plus excitante de la fin de saison entre les deux collectifs les plus rodés de Ligue 1. Au bout d'une nouvelle semaine agitée, ce Lens-Marseille se présente comme une belle occasion de remettre le foot au premier plan dans l'Hexagone.
Vivre un match de foot à Bollaert est une chose à faire au moins une fois dans sa vie, c’est ce qu’on dit. Pour Les Corons, l’ambiance, l’odeur des frites et l’explosion de couleurs, aux abords du stade comme à l’intérieur. Il y aura tout ça, en un peu plus fort encore, ce samedi soir pour l’affiche au sommet entre Lens et Marseille, le 3e contre le 2e au classement et surtout les deux collectifs les plus rodés du championnat. « On est très contents d’avoir à le jouer », souriait Franck Haise la veille de la rencontre la plus attendue de la fin de saison, qui se jouera devant un peu plus de 38 000 personnes (dont un millier de supporters marseillais) dans une arène qui sera à guichets fermés pour la 24e fois d’affilée. « Une finale, c’est quand il y a un trophée », a également balayé le technicien artésien, tout en sachant que le Racing pourrait doubler l’OM et devenir le nouveau dauphin du PSG en cas de succès. Ce n’est peut-être pas une finale, mais le jeu en vaut la chandelle, et le football français avait besoin de ce grand frisson.
Le choc du plaisir
Une semaine après avoir vu Toulouse rejoindre le paradis pour la première fois depuis plusieurs décennies grâce à la Coupe de France, ce Lens-Marseille est une nouvelle raison de regarder le bonheur de près dans une Ligue 1 où les malheureux et les mécontents sont les plus nombreux. La liste est longue : Monaco et Rennes visent l’Europe en ronronnant ; Lille sait envoyer du jeu, mais pêche dans l’efficacité ; Lyon ne rime plus avec passion ; Nice n’a plus grand-chose à jouer ; Angers est condamné à la relégation, Ajaccio et Troyes le seront bientôt ; Nantes ne sait plus comment gagner un match ; et le Paris Saint-Germain, leader contestable, ne ressemble plus à un club de foot.
Pendant que les supporters parisiens rejetaient et insultaient leurs dirigeants et leurs joueurs cette semaine, ceux de Lens et de l’OM ont compté les heures jusqu’au week-end et au grand soir. La preuve que le terrain peut encore procurer du plaisir quelque part dans l’Hexagone, un peu moins gâté en matière de jeu et de spectacle depuis la Coupe du monde. Il reste la surprenante équipe de Reims de Will Still, le très pragmatique Clermont de Pascal Gastien, un Montpellier plus enthousiasmant depuis le retour de Michel Der Zakarian, et donc le RCL et Marseille, deux clubs qui ne devraient plus quitter le podium d’ici la fin du bal. Un choc total, entre la meilleure équipe à domicile (14 victoires, 1 nul, 1 défaite) et la plus performante à l’extérieur (12 victoires, 3 nuls, 1 défaite), et peut-être le dernier grand rendez-vous de la saison.
Les rois de l’intensité
Ce sera une bataille entre deux coachs qui savent ce qu’ils font, leurs équipes étant (presque) réglées comme du papier à musique, même si l’OM d’Igor Tudor est souvent moins emballant que le Racing de Franck Haise, qui a aussi appris à mieux gérer ses temps faibles pendant une rencontre. Le technicien lensois est « un des meilleurs entraîneurs du championnat » selon les mots de son homologue croate, qui se souvient de la manche aller perdue au Vélodrome (0-1) à l’automne comme d’« une de [nos] meilleures performances de la saison. Si on refait le même type de prestation, je serai très très content. » Pour cela, l’ancien du Hellas Vérone pourra compter sur un groupe au complet, au point de se faire quelques nœuds au cerveau au moment de coucher onze noms sur la feuille de match. « Le groupe s’est entraîné cette semaine comme il ne s’était jamais entraîné auparavant, se réjouissait-il jeudi. On va voir qui va sortir vainqueur de ce choc, mais je pense que ce sera nous. Lens et l’OM ont la même énergie, la même envie de produire un football offensif, avec des différences avec ou sans ballon. Eux font un pressing un peu plus en zone, et avec le ballon, on recherche des choses différentes. Mais comme nous, ils font de nombreuses courses, ils ont beaucoup d’agressivité, beaucoup de fluidité dans le jeu. »
Lens enregistre le retour de Deiver Machado, mais pas encore ceux de Salis Abdul Samed et Wesley Saïd. Ces absences viennent rappeler que le collectif est plus fort que tout le reste chez les Sang et Or, qui connaissent la recette pour faire tomber les gros. Haise : « Il va d’abord falloir contrer leur intensité folle, à la fois dans l’énergie et ce qu’ils proposent sur le plan tactique. Il y a plusieurs questions qui vont se poser : comment être capables de jouer sous pression ? Comment bien gérer les transitions ? Il y a beaucoup de choses à régler. » Une victoire et ce sera la garantie de retrouver l’Europe la saison prochaine, 16 ans après la dernière participation. Un autre résultat et ce ne sera pas si grave, tant le Racing a déjà conquis les cœurs, à Lens et ailleurs. À Bollaert, c’est une belle soirée pour être heureux.
Par Clément Gavard