- France
- Lens
Lens, l’heure d’entrer dans la cour des grands
Cinquième de Ligue 1 à l’aube de cette 33e journée, le Racing Club de Lens n’en finit plus d’impressionner. Promus cette saison, les Sang et Or restent notamment sur onze matchs sans défaite en championnat. Avant de faire face à un calendrier dantesque lors des quatre dernières journées, les Nordistes vont devoir rentabiliser leurs deux rendez-vous successifs face à Brest, dès ce week-end, puis Nîmes, pour se laisser une chance de croire à l’Europe.
Il aurait fallu être magicien ou sorcier pour imaginer une telle métamorphose, entre le Racing Club de Lens de l’hiver 2020 et celui d’aujourd’hui. Précisément celui du 22 février 2020. Au soir de la 26e journée, les Lensois viennent de se faire atomiser par Caen (1-4), modeste quatorzième de Ligue 2, sous les sifflets évidents d’un Bollaert furieux. Avec ce revers – le deuxième de suite après celui subi à Châteauroux une semaine plus tôt –, les Sang et Or sortent du duo de tête pour la première fois depuis la 10e journée. Et pour la cinquième saison consécutive du club à ronronner dans l’antichambre du foot français, le même refrain se fraye doucement un bout de chemin dans toutes les têtes : le RC Lens est une nouvelle fois en train de louper le bon wagon pour la Ligue 1.
Mais alors que nous n’en sommes qu’au couplet de la chanson, les dirigeants prennent le taureau par les cornes. Philippe Montanier est débarqué plus tôt que prévu, et remplacé sur le champ par Franck Haise, alors coach de la réserve. Un coup de poker qui fonctionne : l’ancien milieu de terrain du FC Rouen réussi à grappiller deux petites victoires face au Paris FC (0-2) et Orléans (1-0) pour replacer sa formation dans le top deux, avant un coup de pouce impensable venu d’un satané virus qui frappe le monde. La saison est arrêtée, le classement gelé, et le RCL promu en Ligue 1… un petit point devant l’AC Ajaccio.
Trois monstres pour les quatre dernières journées
Un an plus tard, le destin du champion de France 1998 ne doit plus rien à la chance. Grâce à un recrutement ambitieux l’été dernier (Gaël Kakuta, Seko Fofana, Jonathan Clauss, Loïc Badé, Ignatius Ganago…) et une envie de jouer débordante, Lens étonne, et ce, depuis le début de cette cuvée 2020-2021. Dès les premières journées, on a d’ailleurs vite compris que le club jouerait autre chose que le maintien cette saison. Tombeurs notamment du PSG en septembre (1-0) ou de Marseille en janvier (0-1), les Sang et Or ont également cartonné à Monaco (0-3) avant Noël. Des performances qui leur permettent aujourd’hui d’être bien installés à la cinquième place de Ligue 1, trois points devant l’OM et quatre devant Rennes.
Cette position les autoriserait à voir au moins les barrages de la nouvelle Conference League en fin de saison. Au moins, car le cinquième du championnat pourrait également intégrer directement la Ligue Europa si le PSG, Monaco ou Lyon venait à soulever la Coupe de France. Qu’importe la compétition, l’idée de voir Lens fouler la scène européenne paraît légitime, à seulement six journées de la fin. Mais pour continuer à y croire, les Lensois sont contraints d’enchaîner deux bons résultats face à Brest ce dimanche, et Nîmes le week-end prochain, respectivement 16e et 18e. Une véritable obligation, avant d’entamer un chemin de croix qui les verra défier Paris, Lille, Bordeaux et Monaco lors des quatre dernières journées.
Déséquilibre, mon amour
Évidemment, rien n’est joué, et avec dix-huit points encore à distribuer pour seulement six unités d’écart entre Lens (5e) et Montpellier (8e), tous les scénarios restent probables. Il n’empêche que le retour des Sang et Or sur le Vieux Continent – pour la première fois depuis la saison 2007-2008 et une défaite face à Copenhague au premier tour de la Coupe de l’UEFA – représenterait une formidable bouffée d’oxygène. Il serait la récompense d’un football offensif et décomplexé, qui accepte entièrement la notion de déséquilibre. Le 3-4-1-2 de Franck Haise ne cesse de le prouver. Avec deux pistons toujours très haut sur le terrain – dont l’immense Clauss côté droit, révélation de cette saison avec déjà trois buts et six passes décisives –, les Lensois se retrouvent parfois en infériorité numérique à la perte du ballon. C’était le cas dimanche dernier face à Lorient. Avec une équipe remaniée à cause de la Covid, les Ch’tis auraient en effet pu facilement encaisser trois ou quatre buts en contre sans les innombrables maladresses de Terem Moffi et les belles parades de Jean-Louis Leca.
Or, de l’autre côté du terrain, les Nordistes ont également joué – comme à leur habitude – tous les coups à fond, à l’image d’un deuxième but collectif splendide à une touche de balle. Résultat ? Un gros carton 4-1 et des Merlus repartis en Bretagne la queue entre les jambes. Ce succès – le onzième match sans défaite consécutif en championnat au passage – résume finalement bien ce qu’est ce RC Lens-là : une équipe sixième attaque et dixième défense de Ligue 1, capable entre autres d’aller chercher un 4-4 complètement fou en étant mené 1-2 à moins d’un quart d’heure du terme, puis 2-4 à l’entame du temps additionnel. Si jamais les Sang et Or débarquent sur la scène européenne la saison prochaine, on ignore s’ils redonneront un peu de baume au cœur à l’indice UEFA de la France. À tous les amateurs de ballon, en revanche, c’est déjà une certitude.
Par Félix Barbé