- Ligue 1
- J31
- PSG-Lens (3-1)
Lens, les larmes à la main
Débarqué au Parc des Princes en dauphin du PSG, le RC Lens, réduit à dix après moins de vingt minutes de jeu, a été séché au tableau d’affichage, mais aura surtout secoué les Parisiens sur le tableau noir.
Franck Haise avait pointé le bout de son nez, vendredi, pour abattre une carte sur la table : celle du match où son RC Lens, dauphin de Ligue 1 et propriétaire de la meilleure défense du pays, n’avait « rien à perdre ». Fallait-il vraiment le croire ? Son calme, ainsi que celui affiché par un Adrien Thomasson venu à la tribune jouer, de son côté, la carte du « bonus », poussaient à le faire, même si l’appétit d’un groupe vient en mangeant et même si l’on était très curieux de voir ces Sang et Or joueurs en toutes circonstances retrouver un PSG qu’ils avaient envoyé dans le décor au premier jour de la reprise post-Coupe du monde. Ce jour-là, Lionel Messi manquait à l’appel, mais les Nordistes avaient surtout accepté de sortir toutes dents dehors sur des Parisiens également amputés de Neymar et avaient réussi à prendre le contrôle du sablier, du rythme et du combat physique. Alors, pourquoi pas recommencer ? Verdict : les Lensois ont, évidemment, cherché à le faire dès la première seconde samedi soir, au Parc des Princes.
Ils ont d’abord passé les vingt premières minutes de la rencontre à se partager le ballon avec des hôtes qui ont été relativement prudents, trop effrayés à l’idée de concéder des grands espaces à dévorer en transitions offensives à leurs invités du soir, notamment à Openda. Ainsi, on a vu la bande d’un Haise qui avait décidé de laisser Florian Sotoca sur le banc au coup d’envoi sortir les lances, Fulgini venant notamment gratter un premier ballon haut dans les pieds d’Hakimi après moins de 90 secondes et Openda n’hésitant pas à s’arracher sur chaque centimètre de gazon pour aider ses potes (il a, par exemple, gratté un ballon à Messi au quart d’heure de jeu). Sur les phases de possession parisiennes, on a aussi vu de la discipline de la part d’un bloc très serré, disposé en 5-4-1 avec Thomasson et Fulgini très intérieurs pour forcer le PSG à s’excentrer afin de mieux l’enfermer. Le leader de Ligue 1 a alors longtemps avancé avec difficulté, et à la demi-heure, seul Mbappé, qui a dû attendre treize minutes pour sourire en faisant démarrer sa mobylette sous le nez de Gradit, et Hakimi, alerté par l’attaquant français au terme d’une belle combinaison (9e), avaient réussi à toucher le ballon dans une surface lensoise fermée à double tour.
Ballons touchés par le PSG avant le but inscrit par Mbappé à la 31e minute.
La chance sur 1000
Tache sur le tableau : une dizaine de minutes plus tôt, Salis Abdul Samed avait été logiquement envoyé au coin à la suite d’un gros tacle sur Hakimi, et le plan initial de Haise venait naturellement d’être mis à mal. À dix contre onze, qu’a alors fait le RC Lens ? Il a continué à jouer, Franck Haise acceptant de se replier en 5-3-1 avec Thomasson et Fulgini autour du seul Fofana et d’assumer un déséquilibre sur les phases de construction parisiennes. Là, la cabane s’est effondrée en dix minutes à la suite de « micro-erreurs » (Franck Haise) et à un ajustement payant de Galtier avec un passage au 4-3-3 : Vitinha est d’abord venu rôder dans le dos de Frankowski, sorti au contact de Mendes, et a profité du trou laissé par l’infériorité numérique pour propulser Mbappé vers l’ouverture du score ; le Portugais a ensuite roulé un pétard lointain dans le petit filet gauche de Samba à la suite d’un corner ; puis Messi est venu effacer Thomasson avant de s’offrir un une-deux brillant avec Mbappé. « À 3-0, à la mi-temps, ça a été difficile, a concédé Haise après la partie. Le tout premier sentiment est forcément la déception, car pendant 20 minutes, on a vu qu’on a posé un certain nombre de problèmes à ce PSG, mais ensuite, je ressens de la fierté. En seconde période, on est resté dans le match, on est resté sur nos principes, on a essayé de sortir les ballons, de verticaliser, de rester fidèles à notre image… Et je pense qu’on l’a fait. »
Très bien même, car au retour de l’entracte, le technicien artésien, qui a choisi à la pause d’insérer Jean Onana pour profiter de Fofana un cran plus haut et Sotoca pour pouvoir régaler Openda (ce qu’il a fait à deux reprises après l’heure de jeu), a pu voir son gang réduire le score et secouer encore un peu plus un PSG devenu « très suffisant » selon Christophe Galtier. Haise : « Il y avait une chance sur 1000 de revenir avec un score positif, mais on a joué cette chance. On ne connaît jamais les scénarios à l’avance, on a finalement tiré autant qu’eux au but, on a même eu certaines occasions plus nettes. On a bien fait les choses qui dépendent de nous jusqu’au bout. » Le comportement d’ensemble de ce Lens qui aura été audacieux jusqu’au bout, d’autant plus avec des espaces s’agrandissant, est aussi ce qu’il faudra garder de cette nuit parisienne, ainsi que quelques prestations individuelles (Medina, Frankowski, Fulgini, Openda) encore très convaincantes. Ces types, dont les prochaines batailles seront au moins aussi épiques, n’avaient peut-être rien à perdre, ils auront au moins une nouvelle fois gagné les cœurs.
Par Maxime Brigand, au Parc des Princes