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Lens, des dents en Nord
Deuxième de Ligue 1 au printemps, le RC Lens démarre dimanche une nouvelle saison et une nouvelle vie : celle d'un chassé européen.
C’est un souvenir de veille de match de Ligue 1, aujourd’hui rangé au fond des mémoires de deux hommes. Alors que l’on voit le bout du mois de septembre 2020, Laurent Bessière, à l’époque directeur de la performance du RC Lens, et Franck Haise, qui s’apprête à prendre le départ, ce dimanche, à Brest, de sa quatrième saison sur un banc de l’élite, se baladent. Un déplacement à Nîmes est le moment choisi par Bessière pour interroger Haise sur ses rêves et son ambition à long terme avec les Sang et Or. Réponse du coach : « Permettre à Lens de revivre des soirées européennes. » Avant de suer sur la pelouse des Costières, Lens pointait à la cinquième place du championnat, avec trois victoires et une petite défaite, mais l’idée d’un ticket européen ne ressemblait évidemment qu’à un fantasme de doux-dingue. Aujourd’hui, voilà le tableau : Haise, promu manager général du club nordiste en octobre 2022, s’avance vers un nouvel exercice avec la casquette de meilleur coach de Ligue 1, le RC Lens présente un budget record de 118 millions d’euros et les fidèles de Bollaert-Delelis vont voir débouler dans quelques semaines le gratin du continent dans le Pas-de-Calais, ce dont ils ont été privés depuis une victoire mythique face à l’AC Milan (2-1), en octobre 2002. Si Franck Haise a vu son vœu être exaucé, c’est évidemment le résultat d’un tout : d’une politique globale de club bien pensée, d’une approche du jeu positive et en perpétuelle évolution (l’équipe a, par exemple, fait des ajustements décisifs sur le plan défensif la saison dernière, ce qui lui a permis de boucler la saison avec le meilleur bilan de Ligue 1), d’une pile de choix malins. L’histoire est belle.
Cohérence et joli luxe
Mais à quoi va rassembler le prochain chapitre ? Là est tout le mystère à l’heure de voir les Sang et Or, dauphins du PSG la saison dernière avec 84 points, soit un seul de moins que les Parisiens, pousser les portes du saloon Francis-Le Blé, un stade où ils ne se sont pas imposés depuis leur retour en Ligue 1. Ce que l’on sait, pour le moment, est que le RC Lens a perdu cet été deux de ses cartes majeures – son capitaine, Seko Fofana, et Loïs Openda, sa plus fine gâchette (21 buts) -, mais aussi que la cellule de recrutement du club avait suffisamment bien préparé ses dossiers pour que la préparation se déroule sans trop de secousses. Les nouvelles têtes (Andy Diouf, Óscar Cortés, Morgan Guilavogui, Stijn Spierings, Abdukodir Khusanov, Neil El Aynaoui) ont ainsi pu s’intégrer, même s’il y a longtemps eu un gros détail à régler : le recrutement d’un 9 pour compenser la perte d’Openda. Interrogé vendredi, Franck Haise a confirmé que le club bossait toujours pour attraper un attaquant « qui est le plus complet possible. J’ai aussi des joueurs dans l’effectif qui sont en mesure de bien jouer. […] Si vous pensez que certains joueurs à 40 millions ont un salaire compatible avec la masse salariale du RC Lens, vous vous trompez. Il faut rester en cohérence avec le projet et avec la masse salariale du club. » Le temps a fait son travail et on a appris quelques heures plus tard que cet homme s’appellerait Chuba Akpom, meilleur buteur de Championship en 2022-2023. Sera-t-il le seul ? Pas sûr.
Cette saison, le club nordiste devrait présenter la huitième masse salariale de Ligue 1 et il ne faut donc pas s’attendre à de grandes dingueries supplémentaires d’ici à la fin du mercato, même si l’arrivée d’un deuxième attaquant n’est pas à exclure. L’ambition est cependant impossible à masquer et Lens va désormais courir avec un statut à assumer. Un statut qui va être vite mis à l’épreuve avec la réception de Rennes, puis des voyages à Paris et Monaco lors des quatre premières journées du championnat. La préparation a été cuisinée en conséquence, avec trois matchs amicaux joués entre le 29 juillet et le 5 août pour placer l’effectif en mode C1 et tout ça est un joli luxe. C’est, au fond, ce pour quoi s’est battu depuis trois ans ce groupe, et c’est une suite logique. « Maintenant, l’objectif sera de faire aussi bien que la saison dernière, a soufflé en fin de semaine Brice Samba, nouveau capitaine. On sait que ce sera compliqué avec la Ligue des champions, mais on ne se met pas de limite et on verra comment ça va se dérouler. » Une semaine après un barbecue plutôt intéressant face à Manchester United malgré la défaite finale, la première étape officielle de la saison lensoise sera en tout cas à suivre de près. Ces types connaissent la nouvelle règle : plus que jamais, tout le monde veut les accrocher à un tableau de chasse.
Par Maxime Brigand