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- Lens-PSG (3-1)
Lens : au nord, c’était les patrons
Vent de fraîcheur venu souffler sur la Ligue 1 depuis de longs mois maintenant, le RC Lens a mis fin à l'invincibilité du PSG, avec le sourire. Jeu ambitieux, collectif parfaitement rodé, talent à tous les étages, fin tacticien aux manettes et public incandescent : il n'y a rien à jeter dans un club qui peut désormais viser – très – haut.
Cette image de Franck Haise, micro à la main, acclamé par tout Bollaert après sa centième à la tête du RC Lens et venu lancer le désormais fameux chant « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? On les a chicotés ! » s’inscrit déjà dans les moments marquants de l’année de football à venir. Quelques instants plus tôt, le boss lensois a vu ses ouailles faire la leçon de bout en bout à un PSG complètement débordé. Pour la première fois de la saison, les champions de France doivent déposer les armes. Et c’est tout sauf un hasard que cela arrive dans le Nord, sur la pelouse de Sang et Or de plus en plus magnifiques.
40 – Lens compte 40 points après 17 matchs de Ligue 1 2022/23, soit le 2e plus haut total pour une équipe classée 2e à ce stade de la compétition derrière Nîmes en 1959/60 (41 en comptant 3 points pour une victoire). Doré. #RCLPSG pic.twitter.com/BmqXSeFB9i
— OptaJean (@OptaJean) January 1, 2023
Le coup parfait
Pour parvenir à ses fins, Lens, emmitouflé dans son joli maillot doré pour célébrer les mineurs et la Sainte-Barbe, a tout fait à la perfection. Pressing étouffant – à l’image du troisième but inscrit par Claude-Maurice après une récupération dans les pieds de Fabián Ruiz – densité défensive impressionnante et projections létales vers l’avant. Des milieux omniprésents, un Loïs Openda qui a rendu chèvre la charnière parisienne (le jeune attaquant est désormais le meilleur buteur belge dans les cinq grands championnats avec huit pions) et le club de la capitale s’est fait manger tout cru. Une recette attendue, mais ô combien efficace. Venus témoigner au micro de Prime Vidéo, Vitinha, Marquinhos ou Christophe Galtier ne pouvaient que saluer la prestation de leur dauphin, le technicien avouant avoir eu du mal à reconnaître son équipe.
« On peut être fiers de nous ce soir. On est la première équipe à les faire tomber cette saison, donc c’est un plaisir, pouvait sourire Seko Fofana au coup de sifflet final. On savait qu’en gagnant ce soir, on passerait une bonne soirée. On a fait ce qu’il fallait et on est récompensé à la fin face à une grande équipe du Paris Saint-Germain. » Le gamin de la capitale, qui avait prolongé en août dernier emmitouflé dans une veste portant l’inscription « Not from Paris madame » après les rumeurs l’envoyant chez les Rouge et Bleu, est désormais chez lui dans les corons. Et a délivré un énième récital face à Paris, avant de quitter la scène sous une ovation digne d’une rockstar.
Sky is the limit
Neuf victoires en autant de sorties à domicile cette saison, les scalps du PSG, de l’OM, de Lyon, de Monaco… Mais qu’est-ce qui peut bien arrêter – ou du moins freiner – cette magnifique équipe ? Pas grand-chose à vrai dire, et il n’y aura pas grand monde pour s’en plaindre tant le club est devenu un formidable pourvoyeur de sourires et d’émotions pour tous les suiveurs du football hexagonal. « On est mieux armés que les saisons d’avant. À nous de garder le même état d’esprit et de ne pas se voir trop beaux, continuer à écouter les consignes du coach et mettre de l’énergie dans ce qui nous fait avancer. C’est comme ça qu’on est récompensés », savourait encore Fofana en pensant à la suite.
Avec 40 points en 17 journées, Lens est le deuxième meilleur dauphin à ce stade du championnat derrière Nîmes en 1960. Le tout en naviguant à quatre longueurs de son adversaire du soir. « Je sais de quoi nous sommes capables, maintenant il fallait le faire dans la durée face à Paris. C’était la conclusion de ma causerie d’avant-match, j’espérais au moins voir une différence sur la force collective, avec les onze qui commenceraient, ceux qui entreraient et ceux qui ne joueront pas », jubilait Franck Haise, qui ne se cachait pas d’avoir échangé avec ses joueurs sur le meilleur plan à adopter pour faire tomber l’ogre dans le piège. Le collectif et l’échange, ou deux des grandes forces de ce club, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et si, portés par un souffle qui semble inépuisable et un public en fusion, ces Sang et Or nous offraient une deuxième partie de saison haletante tout en haut du classement ?
Par Tom Binet