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Lens, à feu et à sang
« J'ai pas trop envie de parler mais je peux te filer le numéro de notre capitaine ». Pas de souci, Eric Chelle. Après deux appels en absence, Adil Hermach rappelle la voix un brin endormie. « On va se tutoyer, je préfère ». A défaut de tutoyer les sommets avec une équipe de Lens plus que jamais relégable.
11 septembre 2010. Lens compatit avec le peuple new-yorkais en s’installant dans la zone de relégation. Sauf que cela fait plus de six mois que ça dure et c’est désormais le peuple lensois qui est en deuil. « Au début, les deux-trois premiers mois, tu morfles » admet Adil Hermach. « Mais maintenant, c’est la routine. On est habitués à entendre sur tous les terrains « Ah tiens ce sont les relégables… » A nous d’inverser la tendance et de créer la surprise » soupire le capitaine flamme des Sangs et Or.
A dix journées de la fin, le pari devient de plus en plus insensé avec déjà quatre points de retard sur Auxerre, premier non relégable. Et la réception de Marseille ce dimanche soir accentue la difficulté d’enchaîner une deuxième victoire consécutive après le sursaut d’orgueil à la Mosson il y a deux semaines (1-4 pour le Racing). « Peut être, mais c’est le genre de match où on a rien à perdre. Le maintien ne se joue pas contre les équipes de tête. On va devoir prendre des risques devant notre public. Mais attention, ça ne va pas dire qu’il faudra partir la fleur au fusil ! » explique le Marocain. Tiens, ça tombe bien qu’Hermach parle de flingues. Car on est bien emmerdé au moment de parler des armes utilisées par Lens cette saison. Certes, il y a toujours ces fameuses valeurs de combat chères à la région. Mais ça ne rapporte pas des masses de points. Techniquement assez faible, Lens rencontre d’énormes difficultés à faire le jeu et se montre d’une extrême fragilité dans le secteur défensif (2e pire défense du championnat). Hermach se fait plus mesuré dans ses critiques. Quoique : « On est clairement pas assez bons dans les deux surfaces de vérité avec trop de buts encaissés et surtout trop d’occasions gâchées devant. On est également incapable de tenir un 0-0 et quand on prend le premier but, on doute et c’est fini » .
Coups de sang à gogo
Problème de mental donc auquel se sont ajoutés plusieurs conflits dans les vestiaires qui ont fait le bonheur des médias. Pêle-mêle, on peut citer l’altercation Kovacevic-Démont à Sochaux en novembre dernier, ce même Yohan Démont qui se fracture la main d’énervement après une prise de bec avec Jemaa ou encore Runje et Akalé qui ont décidé de se foutre sur la gueule à un entraînement au cœur de l’hiver. Ambiance. « Moi, ça ne me gêne pas tant que ça. Ce qui me saoule, c’est que toutes ces histoires soient sorties dans la presse. Qu’il y ait des embrouilles, c’est normal » temporise R-Mc. Mais tout le monde n’affiche pas la même sérénité de façade. Même Gervais Martel, fidèle parmi les fidèles, a flanché en annonçant pendant quelques heures qu’il allait démissionner cet été avant de se raviser. « Nous, on est à son service mais on ne sait pas trop ce qu’il va se passer » avoue le capitaine nordiste.
Alors, le maintien, possible ou pas ? Adil Hermach y croit dur comme fer et donne en exclu le nom du meilleur allié lensois : le calendrier, qu’il connaît sur le bout des doigts. « On joue Marseille puis Lyon mais après on affronte quasiment que des concurrents directs. Les trois dernières journées, on rencontre Monaco, Arles et Nancy. Si on n’est pas déjà trop distancés à ce moment là, tout est jouable » . Le Nîmois de naissance va même plus loin dans son analyse en jonglant avec les chiffres. Et manque de s’embrouiller. « Tu vois, six points tu ne les perçois pas toujours pareil. Regarde Brest qui a six points de plus que nous (7 en réalité). Pour eux, ils ont une belle avance. Nous, qui sommes dans la position d’une équipe qui chasse, on se dit que ce n’est pas grand-chose » . Encore faut-il utiliser les bonnes armes et surtout bien viser.
Par Pierre Nigay
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