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L’encombrant Monsieur Lugano
Présenté comme une recrue phare en août dernier, le capitaine de l'équipe nationale d'Uruguay, Diego Lugano, est aujourd'hui une épine dans le pied de Carlo Ancelotti. Pas au niveau, le défenseur central est en train de sérieusement égratigner son statut. À tel point que les dirigeants franciliens ne savent pas quoi en faire...
Diego Lugano avait tout pour réussir à Paris. Une gueule, déjà. Des boucles soyeuses oscillant entre le brun divin et l’or. Un regard. Un caractère. Une dégaine. Une gouaille. Franchement, Lugano était fait pour réussir à Paname. L’Uruguayen est un patron. Un cadre. Un mec de vestiaire avec qui on part facilement à la guerre. Même en infériorité numérique. Quand il quitte Istanbul au cœur de l’été, les supporters de Fenerbahçe le portent en triomphe. Lui, leur capitaine. C’est un crève-cœur. Dans la capitale, on se frotte les mains. Le patron du récent troisième du Mondial 2010 arrive en France avec une grosse réputation. Dix mois plus tard, les dirigeants franciliens envoient des fax à toutes les bourses du monde pour trouver un acquéreur. Diego Lugano est devenu encombrant. Que faire de lui ?
Lui laisser encore un an
À Paris, on ne fait rien sans se référer à cette saloperie de jurisprudence Raï. Une faille dans le système qui défie toute logique. Quand un joueur réputé débarque, on lui laisse toujours une seconde chance (comprendre au moins deux saisons) avant de tirer des conclusions. La faute à l’ancien numéro 10 brésilien, fantomatique à son arrivée, génial les cinq années suivantes. Une logique qui a ses propres limites puisque des mecs comme Christian Wörns, Stéphane Dalmat ou Peter Luccin n’ont pas eu le droit de l’invoquer. Arrivé cramé de la Copa América, Lugano n’a pas eu de véritable préparation foncière cet été et se retrouve dans un championnat beaucoup plus imposant que ceux qu’il a déjà tâtés (Brésil et Turquie). Alors oui, le numéro 15 est d’une lenteur affligeante, ne sait pas relancer, défend comme un joueur de PH et semble perdu la gonfle au pied, mais on ne devient pas nul du jour au lendemain. Un mec adulé de la sorte au pays a forcément quelque chose d’autre à montrer. Même sa grinta et son expérience n’ont jamais pointé leur nez à Paname. Dans l’enfer du Vélodrome, dans des conditions qu’il est censé adorer, il s’est noyé. Mais dans le doute, on peut encore lui laisser une saison pour se racheter.
Le lourder au plus offrant
La messe est dite. Le Patrick Swayze de Montevideo est une pipe. Au mieux, il est du niveau de Talal El-Karkouri. Après avoir tout tenté, Carlo Ancelotti donne son feu vert. Lugano doit partir. C’est un échec. Il faut limiter la casse. Refourguer le joueur au premier club qui passe. On rappelle Fernerbahçe, São Paulo ou même le Nacional, tout en espérant que les scouts locaux n’ont pas regardé une seule performance de Lugano sous le maillot parisien. On prétexte une difficulté d’adaptation à la vie française, on flagorne un peu les mecs, on fait un effort substantiel sur la somme réclamée et on accélère au maximum dans les négociations. Dans un bon jour, on peut même faire une plus-value. Personne ne le regrettera. Sa cote d’amour s’est effilochée au fur et à mesure que son compteur « cartons jaunes » augmentait (7 cartons jaunes en 12 matchs, costaud). Si l’Anzhi Makhachkala ou Shanghai ont envie de se délester de quelques billets, welcome à eux. Le fil rouge est limpide : on dégraisse.
Le faire disparaître
Xavier Dupont de Ligonnès a réussi à semer son monde. Julien Faubert aussi. On peut raisonnablement croire en la faculté d’évaporation de Diego Lugano, l’Uruguayen. Un pays où les secondes vies font partie du patrimoine local. Dans le cadre de Diego, il s’agit de s’en débarrasser en douceur. Sur la longueur. Sans faire les gros titres. Pour ce faire, tous les stratagèmes seront acceptés : blessures diplomatiques, matchs avec la CFA, voyages humanitaires, maladie cardiaque l’obligeant à stopper sa carrière, dépression, licenciement pour faute grave, réorientation, désir d’entrer en politique au pays. Bref, il y a de quoi faire.
Le rentabiliser autrement
Le mec est nul sur un terrain de football ? Pas grave. On l’utilise autrement. Le type peut servir. Comme intermédiaire pour négocier certains transferts par exemple, notamment avec ses potes de la Céleste comme Edinson Cavani ou Luis Suárez. Son expérience peut également s’avérer utile dans l’encadrement sportif du club. Recruteur, entraîneur-adjoint, préparateur physique. Diego a peut-être la fibre pour l’enseignement et la pédagogie. Au pire, il peut migrer vers d’autres structures du club : stewart au Parc des Princes, modèle pour Jacques Dessange dans le mensuel 100% PSG, ambassadeur en Amérique du Sud. Après tout, Alain Roche respire toujours au sein de l’organigramme du club.
Par Mathieu Faure