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Lena Ben Ahmed (collectif #NousToutes) sur l’Affaire Benjamin Mendy : « Le système est fait pour rendre silencieuses les victimes »
Lena Ben Ahmed, membre du collectif #NousToutes engagé contre l’ensemble des violences faites aux femmes, aux personnes LGBTQIA + et aux enfants, réagit à l'acquittement de Benjamin Mendy pour six de ses sept accusations de viol et d'agression sexuelle.
Le 13 janvier, la cour du tribunal de Chester en Angleterre a déclaré non coupable Benjamin Mendy de six chefs d’accusation pour lesquels il était jugé. Il sera renvoyé devant les tribunaux anglais en juin prochain pour une accusation de viol et d’agression sexuelle sur lesquels les juges n’ont pas pu statuer.
Comment avez-vous réagi face aux réactions après l’annonce du verdict ?Je ne parlerai pas de la non-culpabilité de Benjamin Mendy en droit, car je ne suis pas qualifiée pour ça, mais surtout de toutes les réactions que cela a suscité. C’est toujours impressionnant de voir la façon dont les gens sautent sur les occasions dans les médias et sur les réseaux sociaux pour traiter toutes les femmes de menteuses, à la suite de cette non-condamnation. C’est significatif de la culture du viol qui peut régner en France, mais aussi en Angleterre. Ce sont des discours bien construits qui ne sortent pas de nulle part afin de décrédibiliser les femmes. Croire les femmes n’est pas une option.
Vis à vis du traitement médiatique, qu’est-ce qui vous a interpellés ?Selon nous, il est important de traiter toutes les informations, comme le renvoi dans le cas de l’affaire Mendy pour la septième affaire de viol et d’agressions sexuelles. S’il n’y a qu’un seul bout d’information qui transparaît, ça donne une tentative de mise sous silence des personnes victimes. Face à ça, certaines personnes également victimes peuvent ne pas se sentir de parler de ce qu’elles ont vécu, toute cette atmosphère participe au silence des femmes victimes. C’est une chose systémique, le système est fait pour rendre silencieuses les victimes.
De quel système parlez-vous ?Par système, j’entends le patriarcat et toutes les dominations qui s’y appliquent : le racisme, le classisme, etc. Dans tous les cas, la victime n’est pas médiatisée.
Si les victimes avaient été médiatisées, est-ce que cela aurait changé la donne ?Dans les faits, il n’y a pas vraiment de changements. S’il y a une prise de parole des victimes, les personnes pensent qu’elles mentent dans tous les cas. Rendre visible ce que l’on a vécu, c’est quelque chose de très fort, car ça impose un nouveau rapport de force, à l’instar de l’affaire PPDA. Mais la conclusion reste la même : les femmes sont toujours remises en cause. Le système est fait pour protéger les agresseurs et rendre coupable les victimes. Nous, à #NousToutes, on est là pour leur dire qu’on les croit.
Propos recueillis par Léna Bernard