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Lemar, croissance exponentielle
Semaine canon pour Thomas Lemar, qui vient de claquer trois buts en deux rencontres. Ce bon début de saison s’inscrit dans une courbe ascendante qu’il a commencée à tracer dès ses premières années professionnelles. Et qui promet de belles choses.
Lorsque Nabil Dirar a stoppé sa course à Wembley après quelques minutes de jeu face à Tottenham mercredi dernier, beaucoup ont vu en sa blessure un scénario catastrophe pour l’AS Monaco. Surtout quand ils ont constaté que son jeune remplaçant, dix années de moins dans le gosier, allait prendre sa place. C’est qu’à la différence de son aîné, au club depuis 2012, Thomas Lemar est encore un nouveau en Principauté. Arrivé il y a maintenant un an en provenance de Caen, le garçon n’a pas encore habitué les suiveurs de la Ligue 1 aux exploits dont il est capable. Ainsi, tout le monde avait oublié ses principaux gestes de la saison dernière, à savoir sa praline à Lorient, ses coups francs face aux Merlus et à Caen, et surtout son slalom étonnant à Toulouse.
Sauf que son talent, lui, ne s’est pas envolé. Et celui qui atteint à peine le mètre 70 a tenu à le rappeler. Alors, il a commencé par faire parler sa force de frappe en trouant les filets d’Hugo Lloris, doublant le score et donnant un avantage confortable aux siens (1-2 score final). Puis il a enchaîné par une nouvelle jolie performance contre le Stade rennais, récompensée de deux buts dans les derniers instants de la partie (3-0), avec notamment un tir superbe sur le second. Bref, avec trois pions en une semaine, le bonhomme a réellement lancé sa saison et prouvé qu’il faudrait compter avec lui dès maintenant.
« Thomas Lemar est un joueur que j’aime beaucoup. Il a beaucoup progressé depuis son arrivée. C’est devenu un joueur très important pour nous. » En mars dernier, Leonardo Jardim expliquait déjà en conférence de presse que son poulain avait énormément évolué en très peu de temps. Aujourd’hui, personne ne pourrait lui donner tort. La croissance du Guadeloupéen semble parfaite et sa courbe ascendante est ultra linéaire. Depuis ses débuts avec la réserve caennaise, son relevé de notes ne cesse de s’améliorer : onze matchs avec l’équipe B du Stade Malherbe (CFA) en 2011-2012, le double en 2012-2013, puis un passage en classe supérieure en 2013-2014 avec dix petites apparitions en Ligue 2. La saison suivante est celle de la révélation. Bien qu’il ne fasse pas partie des titulaires – certains s’en étonnaient encore il y a peu dans nos colonnes –, Thomas découvre la Ligue 1 le temps de 715 minutes (six titularisations, 19 entrées en jeu). Il y réalise ses quatre premières passes décisives et y inscrit son premier but à Nantes. Sur un coup franc direct, déjà.
Convaincu par les promesses qu’il a montrées en si peu de temps de jeu, Jardim le réclame à ses dirigeants, qui n’hésitent pas à lâcher quatre millions d’euros pour cette potentielle pépite. Pour s’offrir une grosse plus-value et mieux le revendre ou en faire un des piliers du futur Rocher ? Le technicien ne se pose pas la question et ne se préoccupe que du plan sportif. Son plan : polir son diamant pour que ce dernier l’aide dans sa quête de résultats. La saison dernière, il lui offre ainsi vingt titularisations en championnat et quatre en Coupes d’Europe. Soit bien davantage que dans son club formateur. Les conséquences ne tardent pas : le gaucher mange cinq caramels et sert cinq assists toutes compétitions confondues. Sa saison la plus aboutie, évidemment.
Comme CR7 ?
Pendant ce temps-là, Jardim ne s’emballe pas, loin de là, et estime que le gamin est destiné à réussir davantage. Bien davantage même, puisqu’il se permet de le comparer à… un célèbre Ballon d’or. « Les joueurs de moins de vingt-deux ans sont souvent irréguliers. Mon objectif avec Lemar, c’est qu’il joue bien, pas qu’il joue beaucoup, précise l’entraîneur portugais en avril, toujours en conférence de presse. Lemar n’est pas encore préparé physiquement et mentalement à jouer 40 matchs par saison. Cristiano Ronaldo ne jouait pas tous les matchs à Manchester United au début. C’est un processus de formation habituel. » Comme une façon de dire que les étapes ne doivent pas être brûlées. Mais que s’il ne deviendra peut-être pas le meilleur joueur de L1 dès cette saison, il faudra quand même garder un œil sur lui.
Par Florian Cadu