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Leipzig et le spectre de la C1
Le promu de Leipzig fait beaucoup parler de lui depuis son arrivée en Bundesliga, avec des résultats sportifs surprenants. Mais si le club a des chances de se qualifier pour la C1, sa participation est loin d'être assurée.
Ce week-end, Leipzig a perdu son match contre un autre club soutenu financièrement par une entreprise, Wolfsburg. Et si cette défaite confirme une deuxième partie de saison plus difficile pour les taureaux ailés, l’ambition reste une qualification pour la Ligue des champions dès la saison prochaine. Une ambition largement atteignable, avec encore neuf points d’avance sur le Hertha Berlin, cinquième. L’inquiétude gagne pourtant l’Est de l’Allemagne. Car si le club est habitué aux montages pour contourner les règles, il pourrait se heurter à l’UEFA à cause de son statut de club ayant « partie liée » avec Red Bull. Car avec cette défaite, le titre de Bundesliga semble parfaitement inatteignable désormais. Deuxième, c’est un mauvais tour qui se profile contre le RB Leipzig dans un jeu de dominos, à cause des règles en vigueur au sein de la Fédération européenne. En fait, le mélange de la règle pour préserver l’intégrité de la compétition et celle du fair-play financier pourrait coûter à la filiale allemande sa première participation européenne.
Red Bull s’éloigne…
L’article 5.b du règlement de l’UEFA est clair. Sur la question de l’intégrité de la compétition, il précise que « personne ne peut être, en même temps, directement ou indirectement impliqué, de quelque manière que ce soit, dans la gestion, l’administration et/ou les activités sportives de plus d’un club participant à une compétition interclubs de l’UEFA » . Dans le cas de Leipzig et Salzbourg, Red Bull a anticipé et pensait avoir un coup d’avance. En mars 2015, la boîte s’est désengagé de la direction de la branche autrichienne, en devenant (théoriquement) un simple « sponsor principal » du club. Le danger semblait donc écarté et devait assurer une possible participation des deux clubs à des compétitions UEFA, comme le précise d’ailleurs le communiqué de presse du Red Bull Salzbourg. Tout réside pourtant dans le « de quelque manière que ce soit » et dans une disposition du fair-play financier amendé en juin 2015. Aujourd’hui, le doute est permis et la participation de Leipzig à la prochaine Ligue des champions remise en cause pour une petite subtilité.
… et bat de l’aile
Depuis la mise à jour du fair-play financier, tout sponsor qui dépasse les 30% des revenus d’un club est considéré comme « partie liée » . Et si Red Bull a fait attention à cela pour atténuer son influence en Autriche, il a dû s’appuyer sur la vente de joueurs… vers Leipzig. Ces dernières années, Salzbourg a fait de gros bénéfices grâce au départ de joueurs comme Naby Keïta, Bernardo et dernièrement Upamecano vers… le RB allemand. Soit des sous provenant – mine de rien, et très clairement – du sponsor principal. À Leipzig, les tentatives du manager Oliver Mintzlaff pour baisser la part de Red Bull comme sponsor sont pour le moment un échec. Selon 11Freunde, les marques démarchées sont frileuses à l’idée de soutenir un club en restant dans l’ombre de la boisson. Logiquement, l’UEFA a donc commencé à s’intéresser à ce cas particulier. Le 22 février, le Salzburger Nachrichten indique même que, selon ses informations, des premiers signes sur la question des deux clubs leur sont parvenus avec un message clair : il ne pourra pas y avoir à la fois Salzbourg et Leipzig en C1 la saison prochaine. La nervosité gagne alors les dirigeants des clubs, notamment du côté de la Saxe. Car si un club doit céder sa place, ce sera Leipzig : le club le mieux classé dans sa division domestique a la priorité sur l’autre. Sans être champions, les Lipsiens devront s’incliner face au club frère. Et les dirigeants autrichiens, par l’intermédiaire du président Stephan Reiter, ont fait savoir qu’ils n’abandonneraient pas leur qualification au profit des Allemands. En face, à Leipzig, Oliver Mintzlaff a réagi pour calmer tout le monde, affirmant qu’il n’y avait « aucune raison pour douter du fait que [Leipzig jouera] aussi au niveau international l’an prochain » en cas de qualification sportive. Jusqu’ici, la marque a toujours réussi à échapper aux règles. Mais à force de jouer avec le feu, Red Bull va peut-être se brûler les ailes.
Par Côme Tessier