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Leicester plonge, malgré l’homme qui vaut un milliard
Vichai Srivaddhanaprabha est un amoureux du polo, un businessman aguerri et aussi le proprio de Leicester City depuis août 2010. Portrait d'un homme qui avait l'équipe à la mode de la fin d'été.
L’image a marqué le début de saison. Sur le banc des visiteurs, Louis van Gaal a le regard plongé dans ses notes. Son équipe de (van)galactiques vient de sombrer pour la troisième fois de la saison, toutes compétitions confondues. Mené 3-1 à l’heure de jeu, le promu Leicester renverse le grand Manchester United (5-3). Les Foxes préservent leur invincible tanière, malgré les visites, déjà, de Caramels ou de Canonniers. Ce 21 septembre 2014, jour d’entrée dans l’automne, les feuilles tombent du bon côté pour Leicester. Enfin, après 10 années de chasse à la Premier League. Le King Power Stadium à 32 000 âmes savoure sa 12e place au classement, chez les grands. Vichai Raksriaksorn, le proprio thaïlandais de Leicester, aussi. Car celui qui est aussi surnommé « Srivaddhanaprabha » (17 lettres, ndlr) s’était bien avancé en mai, après une montée acquise au terme d’une saison parfaite à 102 points au compteur : « On est remontés, c’était notre objectif. On veut maintenant rester le plus longtemps possible en Premier League et devenir un membre du top 5 du pays. Le chemin est encore long, on ne peut pas y arriver tout de suite. On se fixe trois ans pour atteindre ce but. S’il faut dépenser 180 millions, je suis prêt à le faire. » Oui, Vichai trimbale beaucoup de lettres derrière son prénom, mais surtout de nombreux billets, proche d’ 1,6 milliard de dollars en 2013 selon Forbes (11e fortune thaïlandaise).
Milan Mandarić : « Faites-moi confiance »
Sous ce « Srivaddhanaprabha » – un surnom hérité d’une distinction reçue des mains du roi de Thaïlande – se cache le king du duty free en Thaïlande. Le genre de patron qui peut s’enorgueillir d’une croissance de 35% de son chiffre d’affaires entre 2012 et 2013 par exemple. Le genre de patron qui a surtout profité de l’attribution du monopole du duty free game par le gouvernement Thaksin Shinawatra, décrit par Amnesty International et Human Rights Watch comme une « personne de la pire espèce violant les droits de l’homme » . Et un des pires présidents de Man City aussi. Au début de l’arrivée de « Srivaddhanaprabha » , les locaux de Leicester sont d’ailleurs méfiants, par pure – et rapide – analogie avec l’autre expérience présidentielle thaïlandaise connue en Premier League. Avant le rachat du club à l’été 2010, Vichai appose certes depuis 3 ans le logo de sa marque King Power, peut toujours mettre dans la balance son expérience de la présidence du VR Polo Club de Bangkok ou même du Ham Polo Club de Londres, mais cela ne rassure pas. « Srivaddhanaprabha » met d’emblée son fils Aiyawatt dans le board (vice-président) et il se dit surtout que le rachat de Leicester est un cadeau pour le fiston dont le quotidien alternait entre casinos et défilés de haute couture dans la turbulente jet-set de Bangkok. Milan Mandarić, l’ancien propriétaire, fait le service après-vente pour dédramatiser la situation : « C’est une formidable opportunité pour trois raisons : l’investissement, le réseau mondial de Mr Srivaddhanaprabha et la stabilité. Faites-moi confiance. »
11 millions et un moine
Les Foxes made in « Srivaddhanaprabha » mettent finalement quatre ans à remonter dans l’élite. Et après un début de saison surprenant et enthousiasmant, Leicester est en train de flancher. Depuis ce fameux match contre Manchester United, les hommes de coach Nigel Pearson n’ont plus gagné un seul match, ont pris deux points sur 24 possibles et occupent la dernière place de Premier League. Il est peut-être temps pour le proprio thaïlandais d’aller piocher dans les 180 patates annoncées au printemps dernier. Les onze petits millions d’euros pariés sur l’ancien international anglais Matt Upson, le génie Marc Albrighton (Aston Villa), Danny Simpson et Leonardo Ulloa (8 millions rien que pour lui), les espoirs de MU Tom Lawrence, Nick Powell et Jack Barmby et l’expérimenté Esteban Cambiasso ne suffisent apparemment pas. Lors de la dernière victoire connue des Renards, contre Man U donc, Dave Nugent et Jamie Vardy avaient été aperçus avec des colliers bouddhistes autour du cou. L’histoire raconte alors que des moines, à l’invitation du président « Srivaddhanaprabha » , étaient venus la semaine précédant le match au centre d’entraînement bénir les joueurs quelques semaines après être déjà venus bénir également la pelouse du King Power Stadium. Avant la réception de Liverpool ce mardi soir, il faudrait peut-être bien rappeler ces moines.
Par Maxime Brigand, avec RB