- Angleterre – Championship – Leicester promu
Leicester en Premier League : ça va sentir le renard…
Les Foxes de Leicester, vainqueurs de Sheffield Wednesday vendredi, ont profité des défaites de leurs rivaux le lendemain pour assurer la remontée en élite. Une première depuis une décennie. Présentation du futur adversaire d'Arsenal, Chelsea, United, City and co.
Dimanche 12 mai 2013, demi-finale retour des play-offs entre Watford et Leicester. Les 22 acteurs disputent la 7e minute du temps additionnel quand le Français Anthony Knockaert, qui évolue pour Leicester, s’apprête à tirer un pénalty. Au bout du pied, il a l’égalisation à 2-2 et la qualification des siens pour la grande finale de promotion en Premier League, le match aller s’étant soldé par une victoire 1-0 des siens. Révélation de la saison, Knockaert s’élance, confiant. Un peu trop peut-être : son tir trop centré est contré par le portier espagnol de Watford, Almunia, qui repousse dans les pieds de Knockaert, lequel se voit offrir une deuxième opportunité. Almunia repousse encore et la contre-attaque s’amorce de l’autre côté du terrain. Watford a encore besoin d’un but pour se qualifier. L’entrant Forestieri adresse un centre désespéré au second poteau à l’autre entrant Gibbs, qui parvient à dévier parfaitement le ballon de la tête pour le but de Troy Deeney : 3-1 et qualification improbable des hommes de Gianfranco Zola, qui s’inclineront ensuite en finale des play-offs contre Crystal Palace. Le coup est rude pour Knockaert et ses coéquipiers, auteurs jusque-là d’une très belle saison de Championship. Une fois encore, Leicester lâche l’affaire dans le money time. En 2010 déjà, les Foxes s’étaient fait sortir en demi-finale des play-offs par Cardiff City.
Pour éviter de trop trembler des guiboles à l’amorce du générique de fin de saison, le Leicester City FC a cette fois décidé de zapper l’improbable loterie des play-offs et d’obtenir sa promotion dès l’issue de la saison régulière. Rappelons que la Championship – la D2 anglaise – est un marathon à 24 participants, avec la promotion directe pour les deux premiers et un dernier ticket pour la Premier League à obtenir par le biais des play-offs, que disputent les formations classées entre le 3e et le 6e rang. Repartant cette saison avec un groupe sensiblement similaire à celui du précédent exercice, le club des Midlands, en plein cœur de l’Angleterre, a vite squatté le podium du championnat pour ne plus jamais le quitter. Vendredi, les Foxes se sont imposés 2-1 à domicile face à Sheffield Wednesday (avec un deuxième but signé du même Knockaert sur coup franc). Et comme le lendemain, QPR, le 3e, et Derby County, le 4e, se sont inclinés (respectivement à Bournemouth et Middlesbrough), la remontée en élite est d’ores et déjà assurée. C’est mérité pour la bande à Nigel Pearson, invaincue depuis le 7 décembre dernier et qui affiche le meilleur bilan offensif du championnat. Ses atouts maîtres ? Le gardien Kasper Schmeichel, fils de, qui réalise la meilleure saison de sa carrière, le défenseur et capitaine Wes Morgan, les milieux Danny Drinkwater et Andy King, notre Anthony Knockaert national, ainsi que l’éphémère international anglais Dave Nugent à la pointe de l’attaque. « Knocky » , l’ancien joueur de Guingamp, est particulièrement apprécié du côté du King Power Stadium de Leicester, les supporters des Foxes appréciant son côté combatif (un peu moins ses excès individualistes, qu’il tend à gommer).
Shilton, Lineker, Savage… et Nalis !
Le retour de Leicester en Premier League est une première depuis dix ans et un éphémère passage lors de la saison 2003-2004, époque Paul Dickov, Marcus Bent, Les Ferdinand et ce cher Lilian Nalis. Pour retrouver le dernier âge d’or du club, il faut remonter à la deuxième moitié des nineties et quatre saisons consécutives achevées dans le top 10 de l’élite, dont une huitième place obtenue au printemps 2000. L’équipe était alors composée de Robbie Savage, Neil Lennon, Frank Sinclair, Anthony Cottee et du jeune Emile Heskey. Deux des trois trophées de Leicester ont été remportés dans ces années : la League Cup par deux fois en 1997 et 2000, faisant suite à une première League Cup gagnée en 1964, à une époque où le poste de gardien était occupé par l’immense Gordon Banks. Les autres figures marquantes du club sont un autre gardien, Peter Shilton, mais aussi Gary Lineker, qui y a été formé et y a fait ses débuts pro de 1978 à 1985. Originaire de Leicester, le gentleman Lineker n’a pas hésité à aider le club quand il s’est trouvé dans la difficulté il y a une décennie, avec un nouveau stade à payer et une relégation à digérer. Depuis 2010, les finances sont assurées par le milliardaire thaïlandais – attention accrochez-vous, c’est parti – Vichai Srivaddhanaprabha, fondateur et big boss de la chaîne de duty free King Power (d’où le nom du stade). Habitué aux dépenses énormes et infructueuses ces dernières saisons, il s’est assagi lors de la dernière intersaison en misant sur un effectif stabilisé, avec à sa tête le bon Nigel Pearson. Une stratégie qui s’est donc avéré payante. Welcome back, Foxes !
Par Régis Delanoë