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Leicester, comme un air de déjà-vu
Après trois saisons ternes, terminées à la 12e puis deux fois à la 9e place du championnat, Leicester réalise un début de saison fracassant et figure même à la troisième place du championnat. Alors que les Foxes se présentent ce samedi à Old Trafford pour y affronter Manchester United, un constat interpelle : les clés du succès de l’équipe de Brendan Rodgers rappelle de façon frappante la folle épopée de 2016. Et si Leicester avait retrouvé la formule magique ?
À l’heure d’affronter Manchester United et de retrouver Harry Maguire à Old Trafford, l’espoir plane à nouveau sur Leicester. Le bilan de trois saisons ternes, marquées par un retour dans le rang et soldées par une série de classements anonymes (une douzième place puis deux neuvièmes places), s’est estompé. En effet, les Foxes carburent et peuvent se targuer d’avoir effectué un début d’exercice plus que convaincant. Après deux matchs nuls, acquis de haute lutte face à Wolverhampton puis concédé contre Chelsea au terme d’une rencontre qu’ils auraient pu gagner, les hommes de Brendan Rodgers ont dominé avec la manière Sheffield (2-1) et Bournemouth la semaine dernière (3-1). De quoi pointer à la troisième place du championnat et laisser flotter dans les esprits le souvenir tenace de l’épopée miraculeuse de 2016.
Power Rodgers
En effet, et bien que le championnat ne fasse que débuter, des tendances se dégagent déjà à Leicester, et celles-ci rappellent de façon frappante le sacre d’il y a trois ans. Premièrement, un entraîneur revanchard en la présence de Brendan Rodgers, de retour en Angleterre après trois années couronnées de succès au Celtic, certes, mais surtout, une situation d’échec à l’issue de son passage à Liverpool, où son projet avait fini par péricliter. En quelques semaines, le technicien irlandais est parvenu à faire oublier Claude Puel et à installer une tactique simple, mais efficace, tout comme Ranieri l’avait fait en son temps. Fondé sur une intensité permanente et un pressing haut, le jeu rapide de Leicester est peut-être lisible, mais il a pour lui le caractère redoutable des automatismes maîtrisés.
Lors du mercato d’été, Brendan Rodgers et l’équipe technique de Leicester ont, qui plus est, œuvré avec intelligence. S’ils ont perdu Harry Maguire, qui peine d’ailleurs à s’illustrer pleinement avec Manchester United, les Foxes ont récupéré un montant colossal de plus de 85 millions d’euros dans l’opération. De quoi amortir les arrivées coûteuses de Dennis Praet en provenance de la Sampdoria (20 millions d’euros), d’Ayoze Pérez, transfuge de Newcastle (35 millions), et surtout de Youri Tielemans, cédé définitivement par Monaco (45 millions) et qui aura beaucoup à prouver. Suffisant pour constituer un effectif qui, bien que dépourvu de « stars » , reste cohérent, équilibré et pourvu de qualités primordiales, telles que le sens de l’effort et celui du collectif.
Odyssée 2.0
Le début de saison a en tout cas démontré que cette équipe pouvait fonctionner, d’autant qu’elle est pour l’instant portée par des individualités performantes. Jamie Vardy, 32 ans déjà, s’est à nouveau imposé comme un leader et affiche une forme étincelante (trois buts, une passe décisive en quatre rencontres). D’autres tauliers, comme Kasper Schmeichel, Wes Morgan, Marc Albrighton et Christian Fuchs, sont également toujours présents et peuvent encadrer des jeunes talentueux comme Ben Chilwell, Wilfred Ndidi, Çağlar Söyüncü, que Rodgers a su relancer pour remplacer Harry Maguire, et surtout, James Maddison, rayonnant depuis le début de la saison. Dans un rôle de facteur X qui n’est pas sans rappeler Riyad Mahrez, le jeune international anglais de 22 ans (neuf sélections, un but) sait se montrer décisif et a déjà offert deux passes décisives.
Cependant, la conjoncture n’est pas aussi favorable cette saison qu’elle ne l’était en 2016. Autrement dit, les Foxes ne pourront probablement pas profiter d’une nouvelle défaillance des têtes d’affiche, puisque Liverpool et Manchester City semblent partis pour réaliser le même numéro que la saison dernière. Mais cela ne change en rien le danger que peut représenter cette équipe pour les autres membres du Top 6, d’autant qu’elle n’aura pas à dilapider son énergie dans une quelconque compétition européenne. Leicester pourrait donc tout à fait perturber les plans des favoris et se maintenir devant eux au classement. À cet égard, les Foxes vont passer un premier test dès ce samedi, face à Manchester United, candidat déclaré à la qualification en C1. Une occasion rêvée de marquer les esprits et de poser, pourquoi pas, les bases d’une nouvelle épopée : Harry Maguire pourrait s’en mordre les doigts.
Par Valentin Lutz