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Leicester City et le second souffle
Dans la zone rouge depuis la 10e journée, Leicester vient de s'en extirper grâce à une belle série de quatre victoires d'affilée. Avant d'affronter Chelsea, les Foxes peuvent encore rêver à un maintien inespéré il y a quelques semaines. Retour sur une résurrection.
Les sourires sont de retour dans les travées du King Power Stadium de Leicester. Des sourires authentiques, témoignant d’un bonheur intense, et de l’espoir fou de voir les Foxes maintenus en Premier League au terme de la saison. En effet, relégables depuis la dixième journée, et une défaite à domicile face à West Bromwich Albion (0-1), les Foxes viennent de réaliser une superbe série de quatre victoires d’affilée en Premier League, une première pour le club depuis 1966, et ont choisi le bon moment pour s’extraire de la zone rouge, alors qu’il leur reste cinq parties à disputer. Un retour remarquable, pourtant difficile à imaginer il y a encore quelques semaines, tant le club semblait s’enfoncer dans une crise inexorable. Ainsi, le 7 février, lors d’une défaite face à Crystal Palace (0-1), l’explosif Nigel Pearson est le principal protagoniste d’un accrochage avec James McArthur, un peu plus d’un mois après avoir asséné à l’un de ses propres supporters un violent « Fuck off and die » . Il n’en faut pas plus pour que la machine médiatique s’emballe, et annonce un licenciement de l’ancien capitaine de Middlesbrough.
Du jeu, des risques et des résultats
« Il y a certaines choses qui arrivent dans le foot… disons que c’était un week-end difficile » , avouait Pearson la semaine dernière dans les colonnes du Guardian. « J’essaie de me concentrer sur ce que l’on essaie de faire sur le terrain. (…) Je ne vais pas commencer à mettre des costumes classes et une écharpe autour de mon cou. Je ferai ce que j’estime être le meilleur pour mes joueurs. Certains des joueurs, je pense, préféreraient que je sois assis dans les gradins ! » , assène ensuite le manager avec une pointe d’ironie. Heureusement pour ses joueurs, leur entraîneur et son survêtement sont toujours là pour pousser l’équipe vers le haut. Car si Leicester est parvenu à remonter la pente, l’équipe le doit en grande partie aux prises de risque de son manager. En effet, comme le pointait José Mourinho en conférence de presse, les Foxes ont toujours tenu à développer du jeu, sans pour autant être payés : « J’étais surpris de leur mauvaise place. Mais je ne suis pas surpris qu’ils soient sortis de la zone de relégation désormais, et je ne serai pas surpris lorsqu’ils se maintiendront dans cette division » . En effet, loin de s’apitoyer sur son sort, Pearson a préféré prendre des risques tactiques, pour l’instant payants. Ainsi, après la victoire initiale face à West Ham (2-1), le manager s’est décidé à aligner deux pointes devant, tentant même une formule à trois défenseurs lors des derniers succès face à Swansea, puis Burnley.
Les rois du money time
Mais ce qui frappe le plus dans cette équipe, c’est l’état d’esprit affiché depuis la défaite, 4-3, face à Tottenham, lors de la 30e journée. En effet, après avoir été mené 2-0, les Foxes avaient ce jour-là recollé au score, avant d’en encaisser deux de plus, puis de ramener le score à 4-3 dans les dernières secondes. Un déclic. Face à West Ham la semaine suivante, l’équipe arrache son premier succès depuis huit matchs à la 86e minute. Puis récidive face à West Brom en inscrivant deux buts dans les dix dernières minutes, avant de s’offrir Swansea, 2-0 cette fois, avec un dernier but inscrit cette fois à la 89e. Bref, l’équipe de Pearson affiche un caractère de morts de faim, et ne lâche rien de la 1re à la 95e minute, à la manière du Manchester United d’Alex Ferguson. Une transformation expliquée par Marc Albrighton dans les colonnes du Guardian : « La manière dont nous avons gagné face à West Ham – un but tardif et un public en feu – a laissé tout le monde dans l’euphorie » . Avant de détailler pour le Leicester Mercury : « Nous y avons toujours cru. Cela a pu paraître intimidant, je ne vais pas mentir, mais aujourd’hui la situation est bien plus saine. Nous avons toujours dis que si nous pouvions garder notre sort entre nos mains, cela irait. Notre sort est toujours dans nos mains. Ce serait un bel exploit, mais il y a encore du travail à fournir » . Un goût de l’effort indispensable évidemment partagé par Pearson : « J’arrive à sentir qu’il y a un tournant, tout d’un coup on entend « Leicester va s’en sortir maintenant ». Foutaises. On doit être vraiment concentrés désormais, avoir de l’influence sur les résultats et ne pas se mélanger aux débats des médias. » En somme, avoir une mentalité de guerrier. Et tant pis pour les beaux costumes.
Par Paul Piquard