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Lehmann, Big Brother
Le 28 janvier, Jens Lehmann devient officiellement entraîneur-adjoint d’Augsbourg. Depuis, le club bavarois, actuellement à la lutte pour ne pas descendre, va mieux. Et pour cause : deux victoires en autant de matchs. Avant la passe de trois ce dimanche face à Brême ?
Quand un club enchaîne dix matchs consécutifs sans gagner, peut-on parler de crise ? Assurément. Surtout dans le cas du FC Augsbourg, où il faut remonter jusqu’au 20 octobre et un nul face au RB Leipzig pour retrouver la trace d’un match où les hommes de Manuel Baum avaient gardé leur cage inviolée. La goutte d’eau qui fait déborder le vase tombe le 26 janvier, après une énième défaite, cette fois-ci contre Gladbach. Après la rencontre, le défenseur Martin Hinteregger craque : « Je ne vois pas vraiment d’amélioration, depuis un an, la progression va vers le bas.[…]Je ne peux rien dire de positif ni de négatif [sur l’entraîneur…]. Je ne suis même pas sûr de savoir quelle est notre tactique. »
Depuis, l’international autrichien a été suspendu par sa direction, avant d’être prêté dans la foulée à l’Eintracht Francfort. Plusieurs observateurs allemands s’accordent désormais à dire que son avenir n’est plus à Augsbourg. Dommage pour lui, il ne pourra probablement pas profiter du vent frais insufflé par le nouvel adjoint de son (presque) ex-entraîneur : Jens Lehmann.
Ancienne gloire modeste
Deux jours après la défaite à Gladbach, le FC Augsbourg annonce en effet que l’ancien portier international (61 capes entre 1998 et 2008) rejoint le staff de Manuel Baum jusqu’en 2020. Baum compte désormais quatre adjoints, un record en Bundesliga. Depuis la fin de sa carrière, terminée à Arsenal en 2011, Jens Lehmann, aujourd’hui âgé de 49 ans, n’a pas chômé. En 2013, il obtient son diplôme d’entraîneur au pays de Galles et la saison dernière, il faisait partie du staff d’Arsène Wenger pour sa dernière pige chez les Gunners. « En Angleterre, j’ai appris au côté du meilleur manager qui ait jamais existé avec Alex Ferguson. Là-bas, la tâche était encore plus grande » , raconte-t-il le jour de sa première conférence de presse.
« Les entraîneurs ne devraient pas trop parler et les adjoints, pas du tout » , reprend-il. Jens Lehmann l’avait juré d’entrée de jeu, il n’est pas là pour tirer la couverture à lui. « Ce ne serait pas bon » , expliquait-il quelques années auparavant sur Sky, arguant qu’il préférerait faire ses débuts comme adjoint « d’un gros nom » , histoire de rester dans l’ombre et de continuer son apprentissage tranquillement. Au moment de la déclaration, le seul gros nom qui pouvait correspondre en Bundesliga était celui de Jupp Heynckes au Bayern. En 2019, c’est donc Manuel Baum qui se retrouve flanqué d’un blase ronflant en guise d’adjoint et d’une cinquantaine de personnes avec huit caméras en salle de presse. La dernière fois qu’elle avait été aussi remplie, c’était en février 2016, quand l’Augsbourg de Markus Weinzierl recevait le Liverpool de Jürgen Klopp en seizièmes de finale de la Ligue Europa. Une autre époque.
Coach mental et plus si affinités
Mais Manuel Baum n’est pas du genre jaloux. Au contraire, il s’estime ravi d’accueillir Lehmann à ses côtés pour s’occuper principalement du secteur défensif. Les deux hommes se sont mêmes entretenus personnellement dans un café munichois avant l’annonce officielle : « Ils ont même dû nous mettre dehors tant nous avons longtemps parlé de football ! » se souvient-il. Le manager Stefan Reuter ne tarit pas non plus d’éloges à l’égard de sa nouvelle recrue : « Il a tout vécu dans sa carrière, cela augmente sa crédibilité. Les gars l’écoutent en ouvrant grand leurs oreilles. Il peut les convaincre avec son charisme » , se réjouit-il.
Effectivement, Lehmann, qui affirme que « la loyauté et l’envie d’apprendre sont au centre de tout » , est déjà parvenu à insuffler le vent de la révolte chez ses troupes. Pour son premier match, Augsbourg est allé s’imposer 3-0 face à Mayence, grâce à un triplé d’Alfreð Finnbogason. Quelques jours plus tard, les Bavarois ne tombent pas dans le piège tendu par le Holstein Kiel en Pokal et l’emportent 0-1 dans les dernières minutes, au terme d’un match certes poussif. Rendez-vous est donc pris pour la passe de trois ce dimanche face à Brême, actuellement pensionnaire du ventre mou, pour tenter de prendre le large sur la place de barragiste. Avant de se prendre à rêver d’un poste d’entraîneur principal ? C’est en tout cas ce que lui souhaite Oliver Kahn : « Entraîner faisait partie de ses plans depuis longtemps. Et sachant qu’il est aussi vieux que moi, il était temps qu’il se dépêche ! Je sais par expérience que Jens Lehmann n’est pas à l’aise dans le rôle de numéro 2 » , se marre-t-il dans les colonnes de Sport Bild. Sauf que là, il a une vraie chance de faire mieux que son ancien rival.
Par Julien Duez