L’Égypte au bout du suspens…

Tout ce qui est ultime se joue aux extrêmes. Zaki à la 4ème quand le match n’est pas encore lancé. Et Aboutrika à la 93ème quand les deux équipes sentaient que le sort en était jeté : l’Algérie en Afrique du Sud et l’Égypte en enfer… Entre les deux, une rencontre prévisible qui s’est jouée essentiellement sur une interrogation majeure : l’aptitude ou non de l’Égypte à pouvoir forcer sa nature et accélérer son tempo immémorial de patience infinie. L’Égypte sait compter avec le temps comme elle a su bâtir des pyramides. Sur la durée… Idem pour le foot où elle est devenue la nation numéro un du continent africain à l’usure du temps. En ensablant l’adversaire sur la base de son 4-5-1. Or, ce soir il fallait changer : speeder un max pour refaire son retard de deux buts et arracher au moins le match d’appui sous peine de disparaître. Ce qu’elle n’a pas réussi à faire pendant pratiquement toute la rencontre. Passé le premier but de Zaki, elle a en effet été incapable de mettre l’Algérie en danger, plutôt bien regroupée sur un axe défensif fort Halliche-Yahia-Lemmouchia-Mansouri. Problème : les Fennecs n’ont pu exploiter tous les ballons grattés pour porter le danger dans le camp adverse. Ziani et Meghni ne pouvant atteindre un Saïfi trop esseulé et étonnamment transparent.

Le score est quand même de 1-0 à la pause et 50 % du chemin effectué par les protégés de Saadane. Et puis en deuxième période, changement radical : l’Algérie joue plus haut, plus vite. Meghni sort de sa léthargie, accompagné par Bezzaz, judicieusement entré à la 46ème. L’Égypte, désormais coupée en deux, doute, recule et commet des fautes. Les Fennecs s’enhardissent et ont l’occasion à deux reprises de composter leur aller simple pour Le Cap. Mais Saïfi rate un premier duel sur un lob détourné par El Hadary qui sur l’occasion nous rappelle qu’il est bien le meilleur portier du continent (55ème). Quelques minutes plus tard, le même Saïfi est un poil trop court sur un centre au cordeau venu de la droite par l’inarrêtable Bezzaz. L’Algérie vient de manquer le coach au cœur de la seconde période. Le vieux Shehata le sent et procède à ses trois changements (Barakat, Moteb et Abdel Malek). L’Algérie recule à son tour, bien cantonnée dans ses 30 derniers mètres. Sauf que l’Égypte force enfin sa nature en densifiant sa présence dans les 16 mètres adverses et ne laissant plus qu’un défenseur en chien de garde. A la 79ème, Gaouaoui sauve une tête puissante de l’Égyptien El Sakka sur corner.

Le juge assistant affiche alors 6 minutes d’arrêt de jeu… Étonnant. L’Égypte pousse mais l’Algérie tient le choc. Jusqu’à cette 93ème minute où Aboutrika reprend victorieusement d’une tête décroisée un centre de Moawad. Du délire dans le Cairo Stadium. Abattement des Fennecs. La longue expérience des Égyptiens, rompus aux joutes impitoyables de la CAN, a fait la différence. Même gagnés par l’inquiétude, les Pharaons n’ont jamais paniqué ou commis l’irréparable (carton rouge ou jeu désuni). Forcés à subir et à trop défendre, circonstances où ils sont mal à l’aise, les Algériens se sont mis en difficulté. On reparlera longtemps du caillassage du bus algérien et de joueurs meurtris, certains portant des bandages sur la tête. On n’en est pas encore là. Mercredi, à 14h30, au Soudan, Algériens et Égyptiens se retrouveront pour la belle. Avantage Égypte, désormais. La dynamique est de son côté : psychologiquement, elle est dans la continuité de son objectif de départ, à savoir cette manche d’appui qu’elle espérait décrocher. Tout le contraire de l’Algérie contrainte de disputer un « extra match » qu’elle ne prévoyait pas forcément. Mais sportivement, tout est encore jouable. Si les Fennecs exploitent enfin les occasions nettes qu’ils savent toujours se procurer. Rendez-vous mercredi…