S’abonner au mag
  • Angleterre
  • Championship
  • 13e journée
  • Bolton/Leeds United

Leeds United, l’enfer d’un peuple

Par Maxime Brigand
Leeds United, l’enfer d’un peuple

Un cinquième entraîneur viré en l'espace de vingt mois, un président provisoirement suspendu et des finances qui ne cessent de souffler sur les braises d'une belle endormie, Leeds United est plus que jamais dans la tourmente. Comme si un cauchemar s'était installé dans le rêve d'une génération toute entière.

Billy Bremner est une légende. Dans les cœurs, à Elland Road, Billy est même un petit peu plus que ça. Le vieux Bremner est le capitaine et il le restera. C’est écrit dans le vieil hymne, celui chanté par les supporters de Leeds United, Marching on Together. Pour ces anonymes, Billy Bremner est le meilleur joueur de l’histoire du club, celui de Leeds, la belle honnie. Il en sera même son guide, debout derrière la ligne blanche d’Elland Road, pendant trois ans. Du 11 octobre 1985 au 28 septembre 1988, l’ancien artiste des années 60 avançait en suivant une ligne directrice : « En football, hier remonte à longtemps. » Cette phrase, une autre icône de Leeds, le Sergeant Howard Wilkinson, la traduira en acte. Une fois nommé entraîneur de Leeds United, Wilkinson s’empressera de décrocher des murs d’Elland Road tout souvenir de Don Revie, double champion d’Angleterre avec le club dans les années 70. La raison : « Ce n’étaient que des béquilles pour les gens qui se berçaient encore de la gloire de ces grandes heures révolues. » On peut monter un présent, préparer un avenir. On ne peut reconstruire un passé. On peut seulement le détruire.

Le prix de la gloire

Leeds United est un tableau. Une œuvre magnifique qui a marqué au fer rouge l’histoire du football européen. Il y a ces souvenirs du printemps 2001 où le FC Valence d’Héctor Cúper fit tomber les Whites en demi-finale de Ligue des champions à Mestalla. C’était le Leeds de Rio Ferdinand, le gamin, de la paire Dacourt-Bakke et du trio Smith-Kewell-Viduka. David O’Leary était sur le banc et il rêvait. Lui aussi. Il y a également ces images des premiers gamins qui sortent de l’académie installée par Howard Wilkinson. On pense tout de suite à Paul Robinson, Gary Kelly, Jonathan Woodgate. C’était il y a 15 ans. Leeds United est devenu un songe. Par l’explosion du système Risdale, lui, le bâtisseur d’un rêve spéculatif construit sur des prêts à court terme pour acheter des joueurs. Un circuit qui se refermera sur l’ancien président du club et qui se soldera par une dette abyssale de 110 millions d’euros. La gloire a un prix. La chute aussi.

Pendant de nombreuses années, Peter Ridsale a acheté le rêve d’Elland Road. Il a floué celui de 37 000 personnes, de nombreuses familles. Son départ, en mars 2003, marquera la bascule entre le passé d’un mythe et le présent d’un jouet qu’on se passe de propriétaire en propriétaire. En mai 2004, Leeds United tombe en deuxième division, quitte alors la Premier League pour ne jamais la retrouver. Ken Bates, l’ancien président du rival Chelsea, rachètera le club en 2005. C’est la fin d’une époque. L’historique Lucas Radebe prend sa retraite, le club ne cesse de s’endetter et est pénalisé de dix points au classement. Direction la League One, le troisième échelon national, du jamais vu à Leeds, troisième plus grande ville d’Angleterre. Le dernier souvenir de l’ère Wilkinson, Gary Kelly, range à son tour son maillot. Les supporters ont trouvé leur cible : Ken Bates, le destructeur. L’ancien entraîneur, Kevin Blackwell, prend alors la parole dans le Yorkshire Evening Post et explique « n’avoir jamais vu un club comme ça. Si Leeds United peut aller mal, il va aller mal » .

Le col est long, très long après une chute. Elland Road va alors se trouver de nouvelles figures : Fabian Delph ou Jermaine Beckford. Il y aura aussi ces exploits, comme ce soir de FA Cup, en janvier 2010, où le détesté Manchester United tombera. Les Whites redeviennent les Whites. Mais les comptes restent flous. Ken Bates est accusé de mauvaise gestion, personne ne comprend où va l’argent, alors que les néo-perles locales filent à l’étage supérieur. La parenthèse GFH Capital s’ouvre alors avec cette triste impression : une nouvelle fois, Leeds United va tout casser pour tout reconstruire. Le club est en soins palliatifs sur le plan financier, sa tutelle est temporaire, alors que les salaires de l’effectif continuent d’exploser. « Leeds United est un club dangereux, il vit au-dessus de ses moyens. 18 millions de livres sur les salaires, c’est indécent ! Il doit vivre avec 5 millions maximum » , expliquera lors de son arrivée la faucheuse Massimo Cellino, président pendant 22 ans du club de Cagliari et qui rachète le club en avril 2014.



Cellino, la faucheuse fauchée

Sauf que Cellino est connu des supporters de Leeds United. L’homme a écumé trente-cinq coachs en plus de vingt ans en Italie. À Elland Road, de vieux maillots ressortent avec le texte suivant : « 2004, Premier League. 2005, Championship. 2007, le bateau coule. 2008, le bateau est abandonné. » Massimo Cellino sera même accueilli par des policiers après avoir décidé, dans un premier temps, de virer le coach Brian McDermott avant de le reprendre finalement quelques jours plus tard. Près de vingt mois plus tard, la bombe Cellino a totalement explosé. La faute à des enquêtes judiciaires à répétition pour évasion fiscale répétée. Mais aussi à une réputation confirmée et déjà cinq coachs consommés, dont le dernier, Uwe Rösler, qu’il considérait comme « l’entraîneur qu’il n’avait jamais autant aimé » , a été viré cette semaine après douze matchs dirigés.

Cellino est détesté. Par Elland Road, par la presse et en interne. À son arrivée, l’Italien avait même viré près de 70 salariés du club dont trois ambassadeurs historiques : Peter Lorimer, meilleur buteur de l’histoire de Leeds United, Eddie Gray et l’ancien défenseur Dominic Matteo. Mardi, Elland Road est retombé dans le chaos. Le communiqué est tombé dans la matinée, seulement deux minutes après une autre annonce : la suspension de toute fonction officielle par la Football League de Massimo Cellino pour évasion fiscale. Encore. L’Écossais Steve Evans a été nommé sur le banc et a ramené un nul de Fulham. Ce samedi, il ira défier Bolton avant de découvrir Elland Road contre Blackurn. Une nouvelle fois, Leeds United, la belle, est tombée sans personne pour la relever. Nul ne sait où il va retrouver le club. Nul ne sait où les comptes du club en sont. En octobre 1985, Eddie Gray prenait la porte d’Elland Road. En octobre 2015, Uwe Rösler l’a imité. Retour vers le futur.

Dans cet article :
Au cécifoot, les gardiens sont les yeux des Bleus
Dans cet article :

Par Maxime Brigand

À lire aussi
Articles en tendances
13
Revivez Lille-PSG (1-3)
  • Ligue 1
  • J3
  • Lille-PSG
Revivez Lille-PSG (1-3)

Revivez Lille-PSG (1-3)

Revivez Lille-PSG (1-3)
13
Revivez Toulouse-Marseille (1-3)
  • Ligue 1
  • J3
  • Toulouse-Marseille (1-3)
Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Angleterre