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Led Zeppelin, côté foot
Le 10 décembre 2007, Led Zeppelin remontait sur scène à l’O2 Arena de Londres à l’occasion d’un concert hommage en l’honneur de leur ami et co-fondateur d’Atlantic Records Ahmet Ertegun. Le film « Celebration Day », qui sort ce 19 novembre, retrace ce tour de force de plus 2 heures...
Pas foot, Led Zep ? Sous prétexte que seul Robert Plant est fan de foot déclaré, supporter n°1 officiel de Wolverhampton ? Mais Led Zeppelin a tout bonnement inventé le stadium rock dans les seventies, bourrant les arènes pour faire fusionner les deux cultures pop british : foot et rock’n’roll ! La façon la plus classe pour démontrer qu’à défaut d’avoir une grande sélection nationale anglaise plus foutue de gagner la Coupe du monde depuis 1966, l’Angleterre restait quand même championne du monde sur tous les stades de la planète… Led Zep était foot. Si John Bonham avait des travers un peu hooligan, son volume de jeu énorme équivalait à tout un back four (quatre défenseurs, plus le gardien) : une base rythmique très technique, un socle inentamable jamais pris en défaut, et surtout un pied droit unique à la grosse caisse qui faisait baver Hendrix ( « n John a un pied droit comme des castagnettes ! » ).
John Paul Jones, lui, a le profil du milieu box to box, lien vital entre attaque et défense, entre rythmique et harmonique (quel arrangeur de talent !). Jones, c’est Ian Callaghan ! Callaghan était un super Red, milieu de Liverpool de l’Âge d’Or (années 60 et 70). Une longévité légendaire pour ce type qu’on ne remarquait pas mais qui a fini avec le plus grand palmarès du foot anglais (Coupe du monde 1966 et deux Ligues des champions, entre autres). Jimmy Page, c’est le N°10, évidemment : chef d’orchestre et virtuose aux riffs aussi assassins que les ouvertures vers Plant, son buteur létal. Un pied droit pas crade non plus pour manier toutes les pédales d’effets sonores qui élargissent le jeu, lui donnant ampleur et profondeur… Robert Plant, frontman et Numéro 9, c’est la voix haut perchée, reconnaissable entre mille qui installait dès 1968 le band tout en haut des charts comme on finit champion d’Angleterre. Devant les Stones, Pink Floyd ou les Who. Les une-deux entre Plant et Page, guitare-voix pas possibles sur Since I’ve been loving you…
Tête de loup
Robert Plant est donc l’âme foot du groupe, placée sous le signe du Loup. « The Wolves » , c’est le surnom des joueurs de Wolverhampton Wanderers. « Wanderers » , comme vagabonds ou vadrouilleurs, ça colle bien à Led Zep et ses tournées US les plus grandioses du Rock Circus. La devise du club, « de l’obscurité jaillit la lumière » est aussi synchrone avec la pyrotechnie scénique de la bande à Page. Mais le loup, c’est aussi Howling Wolf, célèbre bluesman black, grosse influence du Zep (cf. The Lemon Song, inspirée du Killing Floor d’Howling Wolf). Le logo du club, une tête de loup très stylée, a été repris sur les pochettes d’album de Robert Plant, Now and Zen (1988) et Manic nirvana (1990). Une passion fidèle de toujours : dans les seventies, Plant arborait la tunique orange des Wolves, même redescendus en D2… Même quand Led Zep était au sommet, Robert allait au stade de Molineux encourager les siens, au moins pour les matchs importants.
C’est là que, même connu de tous, il demeurait anonyme : « C’est complètement dingue, mais pour moi, c’était l’idéal ! Début seventies, j’allais dans le virage sud au milieu de 15 000 supporters qui fumaient des Woodbines à la chaîne. Je réalisais que dans n’importe quel autre coin de la planète, je n’aurais pas pu être aussi peinard et en sécurité ! Comme les autres, je grimpais sur les épaules d’un gars, je me jetais dans la foule… J’ai failli me péter la jambe quand on a battu Man City en finale de la Coupe de la Ligue à Wembley ! » C’était en 1974, grand moment… Les Wolves battent les Citizens (tous deux en D2) 2-1, leur premier titre depuis la Cup 1960. « Quand on a gagné cette coupe, ça m’a pris trois jours pour rentrer de Wembley aux Midlands. Total dans le gaz ! Fêter ce titre… Je sais que le maire de Wolverhampton a reçu l’équipe à une cérémonie officielle. Je me souviens vaguement avoir été là… Deux à trois minutes… » Une passion foot un peu trop dévorante ( « Ça a bien failli détruire mon mariage ! Des disputes maritales très, très délicates » ), mais qui ne s’est jamais démentie. Même si c’est son compère Jimmy Page qui a fait la paire avec Beckham pour célébrer les JO de Londres 2012. Good times, bad times…
Chérif Ghemmour