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Leçons de Copenhague

Par Maxime Brigand
5 minutes
Leçons de Copenhague

Battus pour la troisième fois en six matchs de Ligue des nations dimanche soir, à Copenhague, les Bleus ont été surclassés sur plusieurs points et ont notamment plié à l’aide de leviers déjà utilisés par le Danemark lors de son voyage au Stade de France en juin.

Dimanche soir, peu avant 22 heures, les supporters danois venus déambuler dans le quartier d’Østerbo pour se masser dans les tribunes du Parken afin de voir leurs protégés se frotter à une troupe de champions du monde claudicants se sont levés pour hurler sur chaque passe rouge et les accompagner d’un « olé » aussi humiliant que logique. À cet instant, l’affaire était déjà entendue : le Danemark menait 2-0, Didier Deschamps tentait de sauver les meubles en rangeant certains pions – Eduardo Camavinga et William Saliba ont été remplacés dès la mi-temps par Youssouf Fofana et Jonathan Clauss -, mais l’équipe de France du soir restait l’équipe de France du soir. À savoir : une équipe qui n’a rien eu à voir avec celle plutôt rassurante vue contre l’Autriche (2-0) jeudi, au Stade de France, mais aussi – et surtout – une équipe toujours remaniée (14 absents), amputée de la grande majorité de ses cadres.

Pour cette dernière sortie avant le Mondial au Qatar, Didier Deschamps avait même décidé de laisser Raphaël Varane en doudoune, et cela a eu une conséquence directe : sans son patron retrouvé, la ligne défensive tricolore a bu la tasse à plusieurs reprises, notamment sur des phases arrêtées où les Bleus ont laissé les Danois sortir le colt et armer sans le moindre souci au milieu d’un espace béant avec une répétition délirante. Le deuxième but de la bande à Hjulmand, planté par un Andreas Skov Olsen particulièrement brillant, est d’ailleurs tombé, sans surprise, au bout d’un corner. Dans ce tableau, il ne faut quand même pas oublier que l’équipe de France a eu, un temps dans la soirée, un visage positif. Problème, cela n’a duré qu’une grosse vingtaine de minutes, lors desquelles le 3-4-1-2 français a d’abord accepté de s’aventurer, a été très performant dans son contre-pressing, a tenu le ballon (64% du temps) et a même fait suer la défense danoise, Mæhle s’embrouillant au passage avec Schmeichel après avoir mal négocié un centre fuyant de Tchouaméni.

Upamecano, de nouveau tombé de son fil

Puis, tout a basculé lorsque le Danemark a réussi à dégainer une première sortie de balle et à mettre de nouveau en place un projet vu au Stade de France en juin : le désir, avec ballon, d’appuyer autour des zones couvertes par les deux milieux axiaux français – Camavinga, encore peu à l’aise sans ballon, et Tchouaméni, qui ne peut pas tout faire malgré des tentacules solides – en installant une supériorité numérique quasi constante dans le dos d’Antoine Griezmann. Christian Eriksen, bien tenu dans un premier temps, a progressivement commencé à montrer le bout de son nez et a sorti une première ouverture parfaite pour Skov Olsen, hors jeu de peu. La seconde, en direction de Damsgaard après une nouvelle séquence de sortie de balle merveilleuse, a débouché sur l’ouverture du score de Dolberg dans le dos d’Upamecano, qui est de nouveau tombé de son fil dimanche soir lors d’une rencontre internationale.

Voir le Danemark à ce niveau n’est pas une surprise : c’est le même Danemark qui a été en demi-finales lors du dernier Euro, le même qui posera des problèmes aux Bleus au premier tour du prochain Mondial, le même qui, lorsque le jeu le demande, laisse Andreas Christensen jouer avec les costumes pour jongler entre les animations, le même qui n’hésite pas à punir un adversaire qui peine autant à vivre sous pression, le même qui sera l’une des équipes les plus enthousiasmantes à suivre dans les dunes.

L’arme Giroud vite rangée, des pistons coincés

Si l’équipe de France a plongé lors de la deuxième partie de la première période et qu’elle n’a jamais su inverser le cours de la rencontre, c’est aussi parce qu’elle a cessé de s’appuyer sur l’une de ses armes clés : Olivier Giroud, qui a d’abord été précieux en début de rencontre pour sortir les ballons et qui n’a ensuite plus été utilisé dans le trafic aérien alors que certaines situations l’exigeaient (le Danemark a principalement défendu à deux contre deux derrière, et il fallait alors le faire reculer un minimum). « Ils sont venus nous chercher haut. On a essayé de jouer, mais on n’avait pas la confiance pour ressortir de derrière. Il fallait essayer de trouver Olivier », a concédé dans ce sens Antoine Griezmann. Autre point clé : le retard quasi systématique des pistons français (Pavard et Mendy, puis Clauss et Mendy), fixés par les ailiers danois, qui ont souvent défendu très bas alors que les centraux excentrés français auraient pu coulisser, ce qui aurait mis un peu de contraintes aux Danois dans leur construction. Rapidement dominée sans ballon, puis réduite à des exploits individuels, ce qui ne l’a pas empêché de tirer 17 fois au but, cette équipe de France jeune, bricolée, cette fois non aidée par un Mbappé brouillon, a finalement bouclé cette Ligue des nations avec une troisième défaite en six matchs et « une piqûre de rappel ». Une nouvelle. À l’heure de l’analyse, Didier Deschamps a alors dit : « Je ne vais pas noircir davantage la situation. C’est le haut niveau. Ce n’est pas qu’une question de système. À partir du moment où on en est loin, c’est compliqué. On a perdu cette bataille parce que cette équipe danoise a mis beaucoup d’impact, qu’on a été beaucoup moins performants. On a eu des occasions, mais pas de réussite…(…)Ils ont été plus solides et consistants que nous. » De cette histoire, au-delà de certains doutes qui persistent dans l’animation sans ballon et des questions qui se posent sur une animation offensive qui a surtout reposé cette semaine sur la réussite des inspirations de Kylian Mbappé, on ne retiendra que le maintien miracle en Ligue A. Peut-être aussi un fait : avant de s’envoler pour défendre son titre, l’équipe de France n’a remporté qu’un seul de ses six derniers matchs.

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