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L’éclosion toulousaine de Serge Aurier
Ce soir, le PSG se rend à Toulouse en match avancé de la 7e journée de Ligue 1. Un rendez-vous particulier pour Serge Aurier, qui retrouve le club qui l’a révélé au grand public.
« C’est un garçon à fleur de peau, mû par le sentiment d’injustice. S’il était une tête brûlée à l’état d’esprit pourri, le vestiaire l’aurait banni. Un effectif ne peut pas comporter que des joueurs lisses. Serge aime se donner un rôle important. Il a un caractère fort, lié à une enfance difficile. Il a commis une sacrée erreur. Maintenant, il doit être d’une exemplarité totale. » Si Alain Casanova était l’un des premiers à prendre la défense de Serge Aurier après son dérapage dans les colonnes de France Football, c’est parce qu’il connaît bien l’homme et qu’il sait ce que le joueur lui a apporté. En deux ans et demi sous ses ordres lors de son passage au Téfécé, l’Ivoirien a donné tout ce qu’il avait et a grandement contribué aux dixième et neuvième places décrochées entre 2012 et 2014. Si le club lui a permis de se révéler aux yeux du grand public, Aurier lui a largement rendu la pareille.
Le passage décisif au 3-5-2
L’aventure de Serge Aurier à Toulouse n’aurait peut-être jamais existé sans les problèmes de trésorerie du RC Lens. Fraîchement relégué en Ligue 2, le club nordiste est obligé de vendre dès le mois de janvier 2012 pour combler ses difficultés financières. C’est donc le latéral droit, titulaire indiscutable depuis le début de la saison qui est sacrifié, et qui rejoint la Ligue 1 pour un montant de 1,5 million d’euros. Contrarié par quelques blessures, Aurier ne joue qu’une dizaine de matchs pour ses six premiers mois dans l’élite, mais trouve quand même le temps d’inscrire le premier but de sa carrière professionnelle, à vingt ans, contre le LOSC. Pour sa première saison en intégralité chez les Violets, Aurier alterne le bon et le moins bon. Encore une fois souvent absent à cause de blessures récurrentes au genou droit, il est parfois un peu juste tactiquement dans les replis défensifs, et a tendance à beaucoup se jeter. En atteste son expulsion contre Montpellier dès la première journée. Mais malgré tout cela, les qualités du latéral se dessinent de plus en plus. Et bien évidemment, c’est dans le domaine offensif qu’il fait des dégâts. Ses montées puissantes se révèlent être une arme colossale pour le Tef’, à l’image de son but spectaculaire contre Stéphane Ruffier le 11 janvier 2013. Une grosse frappe du droit dans le petit filet opposé. Il termine la saison avec ce seul but, mais aussi cinq passes décisives. De quoi décider Alain Casanova à changer de système pour, entre autres, le mettre dans les meilleures dispositions. Plus libéré des tâches défensives, il peut s’amuser en faisant jouer ses formidables qualités de contre-attaquant. La quantité de centres qu’il délivre par match est impressionnante, et il en améliore forcément la qualité. Sur les coups de pied arrêtés, il fait jouer son timing et sa détente pour claquer tête sur tête.
Latéral le plus prolifique d’Europe
Finalement, Aurier termine la saison avec des statistiques impressionnantes pour son poste. Les meilleures d’Europe pour un latéral droit. Avec sept passes décisives et six buts (contre Évian-Thonan-Gaillard, Marseille, Lorient, Reims, Rennes et Lille), il devient l’homme clé de l’effectif toulousain. Forcément, la performance a de quoi attiser quelques convoitises. Même si Alain Casanova et le club le déclarent « intransférable » , il sera impossible de résister bien longtemps aux sirènes du PSG. Après un prêt fructueux sur une saison, l’Ivoirien décroche un CDI chez le champion de France et devient un pion inamovible du onze de Laurent Blanc – malgré ses frasques – et d’Unai Emery maintenant. Sauf qu’à l’heure d’affronter quelques-uns de ses anciens coéquipiers ce vendredi soir, Serge Aurier a encore changé de dimension. Il est désormais capable d’être aussi décisif offensivement dans une défense à quatre, tout en ayant gagné en solidité défensive. Au point de devenir réellement une des références mondiales à son poste. Envers et contre tout.
Par Kevin Charnay