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« L’eau de Leicester a des pouvoirs magiques »
Rasmus Smith Bech s’est intéressé de près au sacre de Leicester la saison dernière en Premier League. Mais pour ce Danois de trente ans, la clé du succès des Foxes se trouve… dans l’eau qui arrose la ville et le King Power Stadium. Il a donc décidé de mener une enquête complètement délirante sur place et en a profité pour ramener quelques bouteilles d’eau magique.
Salut Rasmus, alors, raconte-nous comment l’idée d’enquêter sur l’eau de Leicester t’est venue ?J’étais tranquillement posé dans un bar avec des amis, en fin de saison dernière. On avait pas mal bu, un peu plus que des verres d’eau ce coup-ci, et puis on parlait de cette si surprenante réussite de Leicester. On se demandait si ça allait continuer et on a eu cette idée de s’intéresser à cette mystérieuse eau. On s’est dit qu’il fallait aller faire une enquête là-bas.
Tu connaissais déjà un peu la ville ?Pas du tout. C’est la première fois que j’y allais. J’y ai rencontré des gens vraiment sympas, même si j’avais parfois l’impression qu’ils étaient un petit peu méfiants vis-à-vis de moi. Mais je les comprends, ils voulaient m’éloigner de leur secret pour mieux le protéger.
Ça se comprend. Et à part te balader avec des bouteilles d’eau vides dans tes valises, qu’est-ce que tu fais dans la vie ?Je travaille dans l’art, je suis directeur artistique. Je travaillais à Londres avant d’ailleurs. C’est pour cette raison que je supporte Arsenal, mais chut, il ne faut pas le dire trop fort. Mais bon aujourd’hui, je pense que je peux aussi me considérer comme détective à mi-temps. C’est une vraie enquête de fond qu’on a réalisée.
Tu es donc parti à Leicester avec un de tes potes. Quand est-ce que vous êtes partis là-bas ?Oui, je suis parti avec mon pote Shaun quelques journées avant la fin du championnat. C’est mon cameraman, mon acolyte, mon rocher, mais ça fait surtout quelqu’un de plus pour aider à porter les valises quand elles sont vraiment très lourdes. (Rires) Ça va, il n’a pas été très dur à convaincre. Il était dans le même état d’esprit que moi. Nous voulions que la vérité éclate au grand jour. Quel qu’en soit le coût et par tous les moyens nécessaires.
Pour commencer votre enquête, vous êtes allés au King Power Stadium et au centre d’entraînement des Foxes. Oui, mais ça ne s’est pas très bien passé. Enfin, pas comme nous l’avions imaginé. Nous y sommes allés le 23 avril dernier. C’était la veille de leur match contre Swansea, où ils ont gagné 4-0, donc personne ne voulait nous laisser entrer dans les vestiaires. On ne s’est pris que des refus. Mais c’est normal, les gens du club essayaient de nous cacher la vérité.
Et même les joueurs que vous avez rencontrés au centre d’entraînement comme ton compatriote Kasper Schmeichel ou Danny Drinkwater faisaient partie du complot alors ?
Au Danemark, Kasper est devenu une vraie star désormais. Personnellement, j’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’il a fait, c’est un grand professionnel, mais il ne m’a particulièrement aidé dans cette enquête. Même chose pour Drinkwater. Mais vraiment, quel fabuleux nom de famille ! Je crois qu’il peut m’appeler à n’importe quelle heure de la journée, je le ferai devenir immédiatement l’ambassadeur officiel de notre Leicester Water.
Parce que tu as quand même réussi à en ramener alors de cette fameuse eau de Leicester. Explique-nous.On ne savait pas si l’eau qui irriguait le stade et le centre d’entraînement était la même que celle qui arrosait le centre-ville. Les installations du club sont légèrement en périphérie du centre de Leicester. Donc on a décidé d’appeler la compagnie des eaux de la ville. J’ai eu une longue discussion avec une dame au standard. J’ai essayé de lui faire avouer qu’ils rajoutaient quelque chose de spécial dans leur eau pour faire gagner leur équipe, mais elle non plus n’a pas cédé sous la pression. Mais elle m’a confirmé que c’était la même eau de partout dans la ville. Donc on a décidé d’aller remplir nos bouteilles dans un bar du centre-ville.
Et comment as-tu expliqué ton projet aux clients à l’intérieur du bar ?J’ai été assez direct avec eux. Je leur ai expliqué ce que je voulais faire, ils ont voulu vérifier à plusieurs reprises si je n’étais pas un supporter de Swansea et après, heureusement pour moi, ils ont trouvé l’idée plutôt marrante, donc ils m’ont laissé faire mon business sans même demander leur part du gâteau. Comme quoi, tout le monde à Leicester ne fait pas partie de cette « mafia de l’eau » .
Combien de bouteilles as-tu pu remplir alors ?Je ne les ai pas comptées, mais il y en avait vraiment beaucoup. J’ai dû en amener une quarantaine. Mais j’avais aussi embarqué des très grosses bouteilles pour les clients qui voulaient avoir de très gros succès.
Les clubs de Premier League faisaient justement partie de tes clients potentiels. Pourquoi as-tu voulu leur proposer ces bouteilles d’eau magiques ?
C’est ce qu’on avait imaginé depuis le départ. On trouvait ça injuste que Leicester soit avantagé par rapport à son eau, donc on a voulu que tous les clubs de Premier League puissent profiter de ses bienfaits. Mais seul Manchester United a salué le geste en me commandant une bouteille. Je pensais vraiment que plus de clubs apprécieraient cette si généreuse proposition.
Tu es aussi allé vendre tes bouteilles à Tottenham, devant White Hart Lane. Raconte-nous.C’était le soir du match qui allait dire si les Spurs pouvaient toujours concurrencer Leicester dans la course au titre. Malheureusement pour eux, ils ont décliné mon offre et n’ont pu faire mieux qu’un match nul contre West Bromwich (1-1, 35e journée). Vraiment pas un bon choix tactique de leur part. J’adore Pochettino, attention, mais sur ce coup, il n’a vraiment pas été très inspiré. Il apprendra de ses erreurs. L’eau de Leicester a des pouvoirs magiques ! Imaginez si Newcastle ou Southampton en avaient eu à disposition, le classement de la Premier League aurait été complètement différent.
Comment les supporters de Tottenham ont-ils réagi en te voyant avec tes bouteilles de « Leicester Water » ? Il y avait un petit peu de tension autour du stade. Ils savaient que c’était le match qui pouvait mettre fin à leurs espoirs d’être sacrés champions, mais heureusement pour moi, j’ai encore toutes mes dents.
Tu nous disais que Manchester United t’avait commandé une bouteille. Comment ça s’est fait ?
J’ai tout simplement appelé le siège du club. J’ai dû attendre une bonne quarantaine de minutes en patientant avec leurs musiques d’attente plutôt nulles. Quand j’ai enfin eu quelqu’un à l’autre bout du fil, je leur ai expliqué mon projet. Je leur ai dit que je voulais leur faire don d’une de mes bouteilles. La dame avec qui je parlais m’a donné une adresse pour que je leur envoie par la poste. Je ne savais pas s’ils l’avaient bien reçue, mais j’en ai eu la preuve lorsqu’ils ont affronté Leicester le week-end suivant. Martial a dû boire la seule bouteille que j’ai envoyée, et le Français – super bien hydraté – a su faire la différence dans le match en marquant un but décisif dès le début de la rencontre. Ça prouve bien qu’ils l’avaient bien reçue.
Tu as aussi ouvert un site leicesterwater.org sur lequel tu mets en vente ton produit. 50£ (64€) la bouteille de 50 cl, ce n’est pas donné quand même.50£ pour marquer un but contre Leicester. Moi, je considère que c’est une véritable affaire, non ?
Pourtant, tu expliques sur le site que « les résultats ne sont pas garantis » . On ne devient pas champion en buvant ton eau alors ? Officiellement et légalement, je ne peux pas l’affirmer, mais les preuves me paraissent assez évidentes tout de même.
Et si tu devais faire la publicité de cette « Leicester Water » , tu dirais quoi ? Un truc qui claque. Genre « Drink like a champion » , ou non, encore mieux « Drink the water Drinkwater drinks » !
Propos recueillis par Maxime Feuillet