Le XV de Klose

1, 2 et 3 – Coupe du monde 2002, Allemagne – Arabie Saoudite : 8-0
Si l’équipe de France a réussi l’exploit de coller huit buts à la Jamaïque au début du mois, l’Allemagne avait elle aussi réalisé la même performance pour son premier match du Mondial asiatique. Avec à sa tête le renard argenté Rudi Völler, la Mannschaft passe comme un rouleau compresseur sur la pauvre Arabie Saoudite au Sapporo Dome. Huit buts au total, dont trois marqués par un jeune attaquant d’origine polonaise qui fait passer les Carsten Jancker et Oliver Bierhoff au second plan : Miroslav Klose. Trois buts, trois têtes : la chasse est ouverte.

4 – Coupe du monde 2002, Allemagne – Irlande : 1-1
Pour leur second match de poule, les triples champions du monde sont opposés à l’Irlande de Robbie Keane. En s’attendant à un défi physique important, les Allemands savent qu’ils possèdent un hélicoptère capable de suspendre son vol pour placer sa tête. Jamais trois sans quatre pour Klose, qui fait passer les siens devant au tableau d’affichage après 18 minutes de jeu. Rejoints dans les toutes dernières secondes cependant, l’Allemagne n’est pas encore qualifiée. L’attaquant de Kaiserslautern est en lui à douze buts en quinze sélections. Et un saut périlleux, tranquillement.

5 – Coupe du monde 2002, Allemagne – Cameroun : 2-0
Avec 4 points en deux rencontres, Miro doit encore sortir le bleu de chauffe pour assurer à son pays la qualification en huitièmes de finale. Pour cela, les Teutons ne doivent pas perdre contre le Cameroun. Mais en Allemagne, on n’aime pas tellement les calculs alambiqués. On gagne, un point, c’est tout. À Shizuoka, l’ouverture du score de Bode en début de seconde mi-temps donne le ton. Chargé du rôle de bourreau par Michael Ballack, Klose vient crucifier les Lions indomptables à dix minutes de la fin du match. Comment ? De la tête, évidemment.

6 et 7 – Coupe du monde 2006, Allemagne – Costa Rica : 4-2
Quatre ans plus tard, l’Allemagne organise chez elle la dix-huitième Coupe du monde de l’histoire, la deuxième sur ses terres après celle de 1974. Sacrée championne du monde cette année-là avec Gerd Müller à la pointe de son attaque, l’Allemagne espère trouver chez Miroslav Klose le digne successeur de Der Bomber. Opposés au Costa Rica pour le match d’ouverture, les hommes de Jürgen Klinsmann s’en remettent par deux fois à leur buteur maison pour enterrer définitivement Paolo Wanchope et consorts. La science du placement sur le premier, la persévérance sur le second : Klose dans toute sa splendeur.

8 et 9 – Coupe du monde 2006, Allemagne-Équateur : 3-0
Pour prouver à ses adversaires sa toute-puissance, l’Allemagne doit terminer première de sa poule et continuer à impressionner. Contre l’Équateur, la Mannschaft reçoit dans un Olimpiastadion plein comme un œuf et ne met que quatre minutes à prendre l’avantage. Toujours à l’affût, Klose exploite la passe en retrait de Schweinsteiger et fusille le but équatorien. Histoire de saper le moral sud-américain juste avant la mi-temps, Miro devance Christian Mora dans sa sortie et finit d’un plat du pied, de sang-froid. Du travail de pro.

10 – Coupe du monde 2006, Allemagne-Argentine : 1-1
S’il faut retenir un but parmi tous, c’est sûrement celui-ci. Menée 1-0 suite au but de Roberto Ayala, l’Allemagne souffre pour la première fois dans son Mondial devant l’Argentine de José Pékerman. Il reste tout juste dix minutes dans ce quart de finale lorsque Michael Ballack, excentré côté gauche, centre pour Tim Borowski. S’en suit une déviation a priori anodine, mais que Miroslav Klose avait parfaitement lue, comme si le sens du but coulait dans ses veines. D’une tête smashée, le numéro 11 se signe et redonne vie à tout son pays. Killer instinct.

11 – Coupe du monde 2010, Allemagne-Australie : 4-0
On ne change pas les bonnes habitudes : pour son troisième Mondial consécutif, la Nationalmannschaft va gagner son premier match dans la compétition en inscrivant au moins quatre buts. Et qui dit but allemand dit forcément Miroslav Klose. À 32 ans, le buteur du Bayern Munich a encore de bons restes en matière de timing aérien et le prouve sur le centre de son coéquipier en club Philipp Lahm. La tête, toujours et encore.

12 – Coupe du monde 2010, Allemagne-Angleterre : 4-1
Toujours prêt, toujours mobile sur le terrain pour assouvir sa seule obsession : frapper au but. C’est aussi ça, Miroslav Klose. Contre l’Angleterre en huitièmes de finale du Mondial sud-africain, le buteur allemand profite d’un dégagement de son gardien Manuel Neuer pour fausser compagnie à son garde du corps Matthew Upson. Déséquilibré au moment de frapper, il parvient tout de même à tacler habilement le ballon devant David James et donne l’avantage à son équipe, qui ne le lâchera plus. Klose to the end.

13 et 14 – Coupe du monde 2010, Allemagne-Argentine : 4-0
La revanche de 2006 pour certains, la confirmation de 2010 pour d’autres. Non, l’Allemagne ne fait pas rêver comme pouvait le faire Diego Maradona à la tête de l’Albiceleste. Mais oui, cette Allemagne est bel et bien taillée pour gagner, et rien d’autre. Terrassée par l’armée teutonne, l’Argentine balbutie son football. Et comme en 2006, celui qui va mettre à terre les doubles champions du monde n’est autre que Klose. Un break réussi grâce à une passe de Thomas Müller, et un quatrième but pour arriver à un pas du record de Ronaldo.

15 – Coupe du monde 2014, Allemagne-Ghana : 2-2
Le sens du but et du placement sont des qualités inhérentes à une catégorie de buteurs, peu importe leur âge et leurs muscles. Pour sa quatrième Coupe du monde, Miroslav Klose a marqué son quinzième pion dans l’histoire de la compétition en sachant ce qu’il sait faire de mieux : marquer de près. Et même si ce n’est pas aussi beau qu’un passement de jambe de Ronaldo, l’artilleur allemand brille par sa force à lui : l’efficacité. Chapeau.