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Le Werner est dans le pré

Par Douglas de Graaf
Le Werner est dans le pré

En plein doute, l'Olympique lyonnais se déplace à Leipzig en Ligue des champions ce mercredi soir. Une formation dont le porte-étendard se nomme toujours Timo Werner, resté chez les Roten Bullen après un transfert avorté chez le Bayern cet été. Une grosse déception que l'attaquant de 23 ans a su immédiatement engloutir pour tout casser en ce début de saison. Lyon peut trembler.

Ce mercredi soir, la Red Bull Arena de Leipzig aurait pu assister à un drôle de duel : Jean-Kévin Augustin d’un côté, Jason Denayer, Joachim Andersen ou Marcelo de l’autre. Les souffreteux stoppeurs lyonnais auraient au moins eu la possibilité de se refaire une santé face à un attaquant au moins autant convalescent qu’eux. Sauf que l’éternel espoir français, qui devait voir une place se libérer dans l’attaque des Roten Bullen cet été, n’a pas eu ce qu’il voulait. Déjà largué dans l’ordre de succession au trône, « JKA » a compris qu’il n’avait plus rien à faire dans le nord-est de l’Allemagne quand le roi en personne a annoncé qu’il repousserait son abdication à plus tard. La conquête de la Bavière attendra, et le prince Augustin aussi, à Monaco : Timo Werner a quelques dernières affaires courantes à régler en Saxe, à commencer par ces fantassins lyonnais à renvoyer dans la capitale des Gaules dès mercredi.

Que les choses soient claires : c’est contre le dernier finaliste de la Ligue des champions, Tottenham, que l’enfant de Stuttgart aurait dû poursuivre son ascension ce mercredi. Dans l’effectif du Bayern, donc. Le deal était quasiment bouclé, et l’ordre des choses allait être respecté, puisque le géant bavarois allait encore récupérer ce qui se faisait de mieux en Bundesliga. On parle quand même de 68 pions et 34 passes décisives en 194 matchs de championnat et de six saisons pleines dans l’élite pour un lascar d’à peine 23 piges.

Irrégularité et trophées

Sauf que le Bayern a douté. « Je ne suis pas 100% convaincu » par Werner, lâche alors le directeur sportif Hasan Salihamidžić. Principal point d’achoppement : l’irrégularité opiniâtre de Werner, joueur cyclique par excellence, capable de rayonner à tous les matchs pendant deux mois avant de traverser le terrain comme un fantôme les deux suivants. En outre, bien que l’international allemand brille par sa polyvalence (il peut évoluer avant-centre ou ailier), le Rekordmeister peine à le voir s’intégrer à la machine de guerre bavaroise sur un côté – l’axe restant propriété de Robert Lewandowski. La faute à une incompatibilité entre le style de jeu du Bayern (habitué à placer ses joueurs de couloir très haut sur le pré) et le dragster Werner, qui préfère enclencher ses courses d’assez bas sur le terrain pour profiter de sa vitesse. Et logiquement, contre les blocs bas privilégiant la gestion de la profondeur, le n°11 a plus de mal (coucou l’Olympique lyonnais). Un faisceau d’éléments qui ont poussé le club d’Uli Hoeness à lui préférer Leroy Sané, un avion finalement blessé longue durée qui s’est déjà frotté à d’autres oiseaux qu’Augbsbourg ou Mayence et dont l’armoire à trophées n’est pas bloquée à 0.

Werner bros

L’intérêt du Bayern ayant pris la tangente, Werner s’est finalement résigné à prolonger à Leipzig jusqu’en 2023. Un fail qui aurait pu faire plonger mentalement n’importe quel jeune talent en quête d’ascenseur social, mais pas Werner. On parle d’un gamin catalogué future star dès ses premiers pas en BuLi à l’âge de 17 ans et qui a accumulé tous les records de précocité sans jamais donner l’impression de se noyer sous la pression. D’un garçon qui a toujours su retomber sur ses pattes après ses habituelles baisses de régime. D’un jeune joueur, aussi, qui aurait pu sombrer après avoir été sifflé pendant des semaines par les publics allemands pour une grossière simulation contre Schalke, mais qui a préféré planter 13 fois lors des 18 rencontres subséquentes.

Vidéo

C’est ainsi tout naturellement que ce fils d’un ancien joueur pro a surmonté son aigreur estivale à une vitesse étonnante pour réaliser le meilleur début de saison de sa carrière. Sept pions en huit matchs cette saison, un premier triplé réussi contre Mönchengladbach (3-1), un doublé d’entrée de jeu en C1 à Benfica (1-2)… Sans oublier des progrès tangibles dans le jeu (une variété d’appels bluffante, un taux d’expected goals en hausse, une tête plus levée pour ses partenaires) et cette fameuse capacité d’accélération criminelle pour les défenseurs. Contre Mönchengladbach, Werner a ainsi parcouru 20 premiers mètres en 2,9 secondes… soit 3 millièmes de moins qu’Usain Bolt lors de son record du monde du 100m. Heureusement pour Lyon que Denayer, Andersen et Marcelo font partie de cette catégorie de défenseurs centraux rapides…

Dans cet article :
Un espoir lyonnais s’envole vers la Juventus
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