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Le Vélodrome, un toit qui change la vie ou pas ?
En pleine phase de rénovation, le stade Vélodrome commence vraiment à avoir de la gueule, un toit et une acoustique. L’occasion de faire un petit point sur les travaux et le changement d’ambiance que cela implique.
En s’inclinant 2-1 mercredi face aux Anglais d’Arsenal lors de cette première journée de Ligue des champions, les Marseillais n’ont pas réussi l’exploit tant attendu par leurs supporters, laissant derrière eux un arrière-goût d’inachevé. Inachevé, comme ce stade encore en chantier qui a désorienté les Marseillais à l’avant-match. Il fallait être devant le Vélodrome pour voir le marathon des supporters qui cavalaient (les accès habituels des virages Sud et Dépé étant bloqués par des CRS) dans l’espoir de trouver leur tribune et de ne pas rater les premières minutes d’une rencontre décisive pour bien se lancer dans la plus prestigieuse des compétitions.
De toutes parts, le nouveau stade Vélodrome est annoncé comme flamboyant. Comment cela pourrait-il être différent ? Ce ne sont pas moins de 267 millions d’euros d’investissement qui sont apportés dans cette opération, principalement par Bouygues Construction et la ville de Marseille, dans le cadre d’un partenariat public-privé pour faire entrer ce stade mythique dans la catégorie des stades « cinq étoiles » du classement UEFA. Et ainsi de rivaliser avec les plus grands stades européens. Vu de l’extérieur, le Vel’, avec sa nouvelle toiture et les puissants projecteurs qui l’éclairent de l’intérieur, partage bien des aspects de l’Allianz Arena à Munich. Vu de l’intérieur, le toit modifie aussi pas mal la donne. « C’est le jour et la nuit comparé à la saison dernière, explique un habitué du VS. Les chants ne s’envolent plus, on a vraiment l’impression de servir à quelque chose, de dégager une véritable puissance vocale. » Même son de cloche pour les supporters adverses ayant connu l’ambiance avant et après la pose d’un toit. Daniel, supporter de Monaco d’une trentaine d’années, était dans le parcage monégasque lors du dernier OM-ASM : « Il faut le reconnaître, le toit change pas mal de choses pour le public marseillais. Quand ça pousse, ça pousse… » « Mais ça poussait aussi avant les travaux pour la Coupe du monde, nuance un autre fan olympien. Le toit ne fait pas tout, il faudra voir ça sur la durée. Surtout quand on voit ce qu’ont pu devenir les tribunes marseillaises depuis plusieurs années (http://www.sofoot.com/le-feu-du-velodrome-sest-il-eteint-169467.html)… »
Souvenirs ou nostalgie ?
Si la plupart des fans phocéens s’accordent à dire que les chants raisonnent mieux avec le nouveau toit, nombreux sont ceux qui déplorent l’effet de caisson qui fait déjà mal aux oreilles dès que ça siffle un peu trop, alors que le terrain n’est recouvert qu’aux trois quarts à ce jour. Surtout, une sorte de nostalgie commence à s’installer chez certains pensionnaires du VS et du VDP. « Avant, quand on arrivait dans le stade par la tribune du virage Nord, le stade se découvrait devant toi avec pour horizon les bâtiments des quelques cités alentours, où les gens pouvaient voir le match de leur balcon, et surtout le magnifique ciel bleu azur et le soleil qui tape dur et qui caractérise bien Marseille » , lâche un vieux tifosi, pris entre les souvenirs et le désir de voir le stade évoluer. Entre la vue sur la cité phocéenne et l’acoustique, il a fallu trancher. Les premiers adversaires de l’OM cette saison ont déjà noté un changement en terme d’ambiance. « Moi j’ai trouvé les supporters et le stade en général beaucoup plus bruyant que l’ancien, c’est sûr, raconte le défenseur d’Evian-Thonon-Gaillard, Cédric Cambon battu au Vélodrome lors de la 2e journée. Avec le toit, le son reste vraiment dans le stade. Et puis j’ai commencé sur le banc, donc j’ai vraiment pu me rendre compte du bruit que ça faisait. C’est sympa pour l’équipe de Marseille et ça risque d’être impressionnant pour les autres. »
Personne ne peut nier que le stade à ciel ouvert faisait la spécificité du Vélodrome et que l’effet visuel produit a été remplacé par 5 500 tonnes de structures métalliques et de pieux installés pour soutenir l’immense toile en forme de vague destinée à recouvrir les tribunes, culminant à 63 mètres de hauteur côté Ganay. C’est comme si le stade, ouvert sur la ville et ses habitants, se repliait en quelque sorte sur lui-même pour ressembler à toutes les autres enceintes. La société Arema, consortium en charge de la gestion du projet de rénovation, met en avant comme principal argument marketing que le nouveau toit va permettre de « lutter contre les intempéries » . Un argument qui fait pas mal rigoler en tribune quand on sait que Marseille, c’est en moyenne 130 jours de soleil par an (contre 28 jours à Paris). Et c’est oublier aussi qu’un des slogans préférés des MTP (Marseille Trop Puissant, situé dans le VDP), qui n’ont pas peur d’être torses nus hiver comme été, mistral ou pas mistral, n’est autre que : « Qu’il pleuve, qu’il mouille, on s’en bat les couilles ! »
Par Jonathan Bartoli depuis Marseille, avec Antoine Aubry et Ugo Bocchi