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Le Twente est planté

Par Matthieu Rostac
Le Twente est planté

Le FC Twente, c'est l'histoire de celui qui voulait être calife à la place du calife. Sauf que le club de l'Est des Pays-Bas vient de se prendre trois points de pénalité pour non-respect de ses engagements financiers, après avoir été placé sous curatelle de la KNVB. Moche pour le champion d'Eredivisie 2010, qui essaie tant bien que mal de corriger le tir.

Balayer devant sa porte avant de balayer devant celle des autres. Dans un contexte de fair-play financier à deux vitesses où les mastodontes du football se créent des passe-droits ou les obtiennent des instances du football, certaines fédérations ont décidé d’appliquer cette expression à la lettre afin de maintenir leur championnat à flot. C’est notamment le cas de la KNVB, la Fédération néerlandaise de football, qui fait la chasse aux mauvais payeurs depuis plusieurs années et qui avait identifié trois clubs en situation financière critique l’été dernier : le NAC Breda, l’Excelsior Rotterdam et le FC Twente. Si les deux premiers semblent entre-temps avoir respecté les standards fixés par la KNVB, le FC Twente, lui, vient d’être sanctionné d’un retrait de trois points sans délai d’application après un troisième avertissement. D’un point de vue sportif, la situation est loin d’être dramatique, le club d’Enschede passant de la 8e à la 9e place en Eredivisie. En revanche, elle est symptomatique d’un club qui a voulu grandir trop vite, désormais placé sous curatelle depuis l’année dernière.

2010, premier titre du FC Twente et année zéro du football néerlandais

Été 2010. Pendant que les Oranje passent tout près de leur première victoire en Coupe du monde, défaits en prolongation par l’Espagne, le football néerlandais, lui, est en plein tumulte. Quelques mois plus tôt, deux clubs de deuxième division, Haarlem et Veendam, ont mis la clé sous la porte et selon un rapport de la KNVB, treize clubs entre l’Eredivisie et l’Eerste Divisie sont jugés en difficulté financière, parmi lesquels l’AZ, Willem II, Roda JC, mais aussi les têtes de gondole Ajax et PSV. La Fédération reproche à nombre d’entre eux de dépenser 80% de leur budget dans le salaire des joueurs, sans autres véritables revenus subsidiaires, et les somme de régler la situation sous trois ans. 2010, c’est aussi la deuxième année consécutive où un club hors triumvirat du football néerlandais (Ajax-PSV-Feyenoord) termine sur la plus haute marche du podium. Chose qui n’était plus arrivée depuis 1959 avec les victoires consécutives de Utrecht, puis du Sparta Rotterdam. Cette année-là, c’est le FC Twente de Steve McClaren qui remporte la timbale, déjà dauphin de l’AZ de Van Gaal l’année précédente. Jusqu’ici, le seul fait d’arme des Tukkers demeurait une victoire en Coupe des Pays-Bas en 2001, deux ans avant que le club ne manque de fermer boutique, en proie – déjà – à de graves problèmes financiers lors de la saison 2002-2003. Le FC Twente ne doit alors son salut qu’à un seul homme : Joop Munsterman.

Un self-made man mégalo et un toit qui s’effondre

Récemment qualifié de « mégalomane » par l’éditorialiste de l’Algemeen Dagblad Sjoerd Mossou, la figure de Munsterman pourrait servir d’illustration à la définition de self-made man dans le Larousse batave. Entré en tant que simple ouvrier en 1967 dans le groupe de presse Weneger (leader de la PQR du Sud des Pays-Bas), Munsterman grimpe très vite les échelons pour terminer PDG du groupe en 2008. Entre-temps, il s’occupe donc de remettre sur pied le FC Twente, à grands coups de slogan en bon animal politique parmi les animaux politiques qui sévissent alors en Eredivisie, à l’image de Dirk Scheringa (AZ) ou Jorien van den Herik (Feyenoord). Son plan « FC Twente dans le pipeline » ne vise qu’à une seule chose : mettre les Tukkers sur le toit des Pays-Bas et rien d’autre. Pour ce faire, il veut « donner au club la maison qui lui revient » .

En 2008, il étend donc le Arke Stadion à 24 000 places pour la modique somme de 50 millions d’euros. Derrière, il cède le nom de ce dernier au fabricant de bière Grolsch, rebaptisant l’antre De Grolsch Veste ( « La forteresse Grolsch » en néerlandais) au profit du sponsor historique du club, Arke. Sur le terrain, Munsterman offre aux fans du spectacle : il met successivement Fred Rutten et Steve McClaren, l’ancien sélectionneur de l’Angleterre, sur le banc, tandis qu’il s’appuie sur les jeunes pousses Marko Arnautović, Cheik Tioté ou encore Eljero Elia avant de recruter le Costaricien Bryan Ruiz qui plantera 29 buts toutes compétitions confondues l’année du titre. Mais ce n’est pas assez pour Munsterman, qui entame une seconde réfection du stade en 2011 afin qu’il dépasse les 30 000 places. Folie des grandeurs ? Le chantier en prend l’air le 7 juillet 2011 lorsque deux ouvriers trouvent la mort dans l’effondrement du toit du stade, et quatorze autres sont blessés.

« Je suis un roi sans royaume »

2011 soit le début de la fin pour la stratégie victorieuse de Joop Munsterman. Bien que le club abandonne son idée de canopée maudite, la seconde extension du Grolsch Veste est plus compliquée à rembourser que la première, et la KNVB fait donc la chasse aux clubs peu regardant sur leurs finances. Surtout, si le club termine dauphin de l’Ajax lors de l’exercice 2010-2011, les Tukkers peinent à maintenir leur niveau de jeu la saison suivante. En terminant sixièmes, ils accrochent in extremis une qualification en Ligue Europa, mais disent adieu au gros chèque de la Ligue des champions auquel ils étaient habitués depuis maintenant trois ans. Rebelote en 2012-2013 : même position finale, même manque à gagner. D’autant que le FC Twente continue de maintenir son train de vie de nanti avec un budget avoisinant les 45 millions d’euros chaque année (troisième budget d’Eredivisie, loin devant le Feyenoord qui émarge à 35 millions d’euros).

Malgré une troisième place la saison dernière, 2015 est l’année de trop pour les Tukkers période Munsterman. En janvier dernier, le président a annoncé qu’il quitterait ses fonctions à la fin de la saison, mais certains médias néerlandais parlent d’un renvoi qui pourrait intervenir dès les jours qui viennent. Des rumeurs que le magnat de la presse a balayé d’un revers de la main sur la chaîne NOS. « C’est n’importe quoi, je vais finir l’année » , a-t-il déclaré, avant de confier que son « sort est jeté, c’est sûr. Je suis toujours président à 50%, mais mon importance est de plus en plus petite. » Plus tôt dans la semaine, Munsterman s’était proclamé « roi sans royaume » dans l’émission Zondagsport de Radio Oost.

Trente millions de transferts et une équipe réserve dissoute

La vérité, c’est que Aldo van der Laan et Gerald van den Belt, les nouveaux responsables du FC Twente, préparent déjà la saison prochaine. Au-delà des trois points de pénalité infligés au club et qu’ils ne contesteront pas, les deux hommes font dans le drastique. L’équipe fanion passera d’un budget de 16 à 10 millions d’euros et sera sans doute dans l’obligation de vendre ses « stars » , Luc Castaignos en premier. Quant à l’équipe réserve qui évolue actuellement en Eerste Divisie, cette dernière sera tout bonnement démantelée. Dans le Telegraaf, Van den Belt parle d’un « club en mauvais état » et n’a pas été tendre avec son prédécesseur : « L’année dernière, nous avons dépensé un million de trop. Les dépenses sont très décevantes et plus élevées que ce à quoi nous nous attendions. Nous souffrons depuis plusieurs saisons de pertes considérables. Avant, sur une bonne saison, on pouvait s’en sortir avec les sommes engrangées par les transferts de joueurs. » L’été dernier, les Tukkers avaient encaissé deux gros chèques grâce aux signatures de Dušan Tadić à Southampton (14 millions) et Quincy Promes au Spartak Moscou (15 millions), tandis qu’ils n’avaient recruté qu’un seul joueur sur transfert, le Danois Kasper Kusk pour seulement 750 000€. Six mois plus tard, c’est un minimum de 8 millions d’euros que le club d’Enschede doit économiser pour se sauver des eaux. Le FC Twente sait donc ce qu’il lui reste à faire : se mettre sur son porche et commencer à balayer.

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Par Matthieu Rostac

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