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Le triplé européen de Raymond Kopa

Par Alexandre Doskov
Le triplé européen de Raymond Kopa

Chouette, Kevin Gameiro vient de remporter sa troisième Ligue Europa d'affilée. Raymond Kopa aussi s'était offert trois titres européens consécutifs. Mais c'était au niveau supérieur, avec la Coupe des clubs champions, alors qu'il jouait avec l'un des plus grands Real Madrid de l'histoire.

Et soudain, le Parc des Princes s’est tu. Sauf les quelques milliers de supporters madrilènes présents, bien entendu, qui entraient, eux, dans un délire dont ils n’allaient pas sortir jusqu’à la fin du match. Ce 13 juin 1956, en finale de la première édition de la Coupe d’Europe des clubs champions – la future Ligue des champions -, le Real Madrid et le Stade de Reims s’affrontent dans l’arène de la porte d’Auteuil. Les Rémois, champions de France 1955, se sont hissés jusque-là grâce à un parcours de cadors et en sortant quelques costauds du foot européen de l’époque. Devant, Léon Glovacki a été monstrueux, et arrive en finale en ayant déjà planté 6 buts. Son partenaire en attaque Raymond Kopa est, lui, resté muet, du moins concernant les statistiques, mais a été l’un des maîtres à jouer du Stade de Reims. Face au Real Madrid, les gars d’Albert Batteux arrivent donc sans complexes, et emballent la finale d’entrée de jeu en menant 2-0 au bout de 10 minutes. Le réveil madrilène sonnera rapidement, mais à l’heure de jeu, Reims mène toujours, 3 à 2. Il ne faudra qu’un peu plus d’un quart d’heure aux Merengues pour plier l’affaire, et à la 79e, l’intenable Hector Rial claque son deuxième but du match, celui du 4-3 pour Madrid. Reims est à terre et y restera, la Maison-Blanche ramène sa première Coupe d’Europe à la maison. Au milieu de la pelouse du Parc, Raymond Kopa observe les Madrilènes jubiler. Dans très peu de temps, il sera l’un des leurs, puisqu’il avait déjà signé son arrivée au Real avant la finale. Et avec eux, lui aussi aura droit à son lot d’épopées européennes.

Au Real pour gagner

« Je jouais à Reims, la deuxième meilleure équipe d’Europe, et on a été finaliste contre le Real, la meilleure équipe d’Europe.(…)J’y suis allé pour quoi ? Jouer au Real, c’était une référence exceptionnelle » , confiait Kopa dans le dernier numéro de So Foot (no 136). Et sa première mission à Madrid est carabinée : trouver sa place dans une attaque ultra performante et dominée par l’écrasant Alfredo Di Stéfano. Deux ans plus tôt, ce dernier avait déjà été clair avec le boss du Real Santiago Bernabéu au moment où le club cherchait du renfort en attaque. « Je veux un coéquipier qui, lorsque je lui donne le ballon, me la remet » , avait exigé Di Stéfano. On lui avait alors livré Héctor Rial. Mais Kopa a tout intérêt à ce que son arrivée en terre madrilène se déroule le mieux possible, lui qui a déjà fait de gros sacrifices pour enfiler le maillot blanc, à commencer par dire au revoir provisoirement au maillot Bleu, l’équipe de France ne sélectionnant que des joueurs du championnat national. Baladé un peu sur l’aile droite, un peu sur le couloir gauche, parfois utilisé comme numéro 9 par le Real, Kopa accepte cette phase de tests en restant efficace sur le terrain, avant d’être fixé à droite. L’âge d’or peut réellement démarrer. En décembre 1956, Di Stéfano et Kopa terminent deuxième et troisième du classement du Ballon d’or. À la fin de la saison 56-57, le Real récupère le championnat d’Espagne perdu l’année d’avant et surtout s’offre une deuxième Coupe d’Europe d’affilée. Raymond Kopa est sur le toit de l’Europe et mérite enfin pleinement son surnom : « Napoléon » .

Des retrouvailles qui coûtent un genou

Mais c’est bien connu, Bonaparte ne s’est jamais contenté d’une seule victoire. S’il s’était arrêté au pont d’Arcole, Napoléon 1er n’aurait connu ni Austerlitz, ni Iéna, ni Wagram. Le Real continue d’engranger, de dominer le championnat espagnol, de passer les tours en Coupe d’Europe. En décembre 1957, le Ballon d’or n’échappe pas à Di Stéfano, qui vampirise les votes, tandis que Raymond Kopa conserve sa troisième place. Mais le Français se prépare à vivre une année 1958 exceptionnelle. « La meilleure de ma carrière sportive » , jugeait-il encore dans une interview à la FFF en 2013, sans que personne ne pense à le contredire. Un nouveau championnat d’Espagne, puis la troisième Coupe d’Europe d’affilée, en battant l’AC Milan en finale. Surtout, Kopa retrouve enfin l’équipe de France et va chiper cette troisième place à la Coupe du monde en Suède. Et malgré un Just Fontaine en état de grâce – 13 buts -, c’est bien Kopa qui sera élu meilleur joueur de la compétition. Le Ballon d’or ne lui échappe pas cette fois-ci, et Kopa est au sommet de son art. Madrid paraît alors injouable, surtout depuis que Ferenc Puskás a rejoint le gang à l’été 58. Le 3 juin 1959, à Stuttgart, le Real joue sa quatrième finale européenne consécutive en retrouvant le Stade de Reims, un match forcément particulier pour Kopa. Et si Madrid se défait sans difficulté des Rémois (2-0), Kopa rate sa finale à cause d’une vilaine faute de Jean Vincent.

Le retour du fils prodigue

Interrogé sur l’incident par le site du Stade rennais un demi-siècle plus tard, Jean Vincent préférait en rire : « Cette histoire me suivra toujours ! J’ai provoqué une entorse à Kopa en le taclant violemment. Marquitos n’arrêtait pas de me donner des coups hors des actions de jeu. J’ai fini par me l’offrir. Sur la bousculade qui a suivi, j’ai ouvert l’arcade de Mateos, et après le coup franc, j’ai blessé Kopa qui venait de recevoir la balle. Je ne crois pas qu’il m’en garde rancune. Chaque fois que l’on se voit, il se dirige vers moi en boitant et me dit : « Tu sais, j’ai toujours mal », avec un petit sourire aux lèvres. » Kopa n’a pas l’air rancunier en effet, comme le prouve le choix de carrière qu’il fait dans la foulée. Son troisième sacre européen correspondant à la fin de sa saga madrilène, Napoléon quitte la capitale espagnole pour revenir jouer en France, à Reims, forcément. Kopa ne le sait pas encore, mais il vient de dire définitivement adieu aux grands frissons européens, même si la ligne d’attaque des Rémois cru 59-60 fait presque aussi peur que celle du Real, et semble pouvoir rivaliser avec le très haut niveau : Raymond Kopa, Jean Vincent, Just Fontaine et Roger Piantoni. Sans grande surprise, Reims remporte le championnat, en partie grâce aux 28 pions de Fontaine. Et comme pour montrer qu’ils restaient bons amis malgré la blessure, Raymond Kopa et Jean Vincent décidèrent d’en marquer 14 chacun, une manière de franchir la ligne d’arrivée main dans la main.

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