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  • PSG-Anderlecht (5-0)

Le triomphe modeste

Par Alexandre Doskov
4 minutes
Le triomphe modeste

Paris a saccagé Anderlecht, mais, pour beaucoup de monde, le club de la capitale a surtout livré son meilleur match de la saison. Pas faux vu les statistiques et le jeu proposé, mais peut-être à relativiser vu la médiocrité de l'adversaire. C'est en tout cas ce qu'a voulu faire comprendre Emery après le coup de sifflet final.

C’était lundi, un jour avant de venir prendre une déferlante au Parc des Princes. Face aux micros tendus vers lui, Hein Vanhaezebrouck, entraîneur d’Anderlecht, voulait montrer qu’il n’avait pas fait le trajet jusqu’à Paris pour tendre les deux joues en attendant les baffes : « On n’est pas là pour se faire massacrer. » À sa décharge, dans l’histoire, peu de personnes s’étant fait massacrer l’ont fait de leur plein gré en courant vers leur bourreau les bras ouverts. Après le 5-0 d’hier soir, Vanhaezebrouck aura beau trouver toutes les explications du monde, le constat reste le même : Anderlecht s’est fait massacrer, et encore plus violemment qu’il y a deux semaines au stade Constant Vanden Stock où les Belges avaient pris un 4-0. Sauf que la différence entre les deux matchs ne réside pas seulement dans ce petit écart, et dépasse le simple petit jeu du « un but de plus, un but de moins » . Aussi bien tactiquement que collectivement, le PSG a peut-être – sans doute, même – livré son meilleur match de la saison mardi soir et n’est pas tombé dans ses travers européens habituels. Ces matchs de Ligue des champions expédiés 3 ou 4-0 en ayant besoin de vingt tirs cadrés et en concédant une dizaine d’occasions, ces soirées du mardi miraculeusement conclues par une clean sheet et un score de hockey sur glace… Depuis la rentrée, le public parisien n’avait connu que ça. Un temps désormais révolu ?

Sur le carreau

Oui, le PSG a déroulé comme jamais il n’avait déroulé depuis le début de saison, avec des individualités peut-être moins marquées qu’à l’accoutumée, mais une prestation collective XXL avec un trésor de milieu de terrain Verratti-Rabiot-Draxler et une défense qui aurait empêché Keanu Reeves et Patrick Swayze d’enchaîner les braquages si elle avait joué dans Point Break. Paradoxalement, les Parisiens ont été un peu plus longs que d’habitude à ouvrir le score, mais ne se sont pas contentés d’un but express cache-misère avant de se relâcher comme ils l’ont souvent fait. Et au bout des 90 minutes, Anderlecht pouvait remonter dans le bus lessivé, mais sans aucun regret. Pour la première fois lors de cette Ligue des champions, Paris a laissé son adversaire sur le carreau, complètement exsangue, avec zéro raisons de s’apitoyer sur son sort ou de refaire le match en se disant qu’il aurait pu mieux faire. Après le récital de son orchestre, Emery avait d’ailleurs choisi d’insister sur le boulot effectué pour gommer ces défauts du jeu parisien qui sautaient aux yeux lors des dernières rencontres malgré les victoires : « Pour moi, la chose la plus importante quand nous gagnons, c’est d’analyser les choses qu’on peut améliorer. Travailler sur les détails pour être prêts quand on affrontera des équipes plus fortes. » En une phrase, le coach parisien réunissait les raisons d’avoir la banane et celles qui poussent à relativiser : d’un côté de la balance le travail de fond qui porte ses fruits et de l’autre un adversaire faiblard peu représentatif du niveau des équipes que le PSG va affronter en avançant dans la compétition.

Doigt sur la bouche

À court terme, l’objectif rappelé encore et encore par Emery « d’arriver premiers du groupe » est quasiment dans la poche. Paris doit encore affronter le Celtic au Parc des Princes pour ce qui s’annonce comme une formalité, et pourra se permettre un faux pas à Munich grâce à son goal average démentiel. Mais à moyen terme, un huitième de finale contre Chelsea ou la Juve s’annonce comme un gentil traquenard. Bonne nouvelle pour les Parisiens, le déplacement à Munich en décembre prochain pour boucler la phase de poules tombera à pic pour leur offrir un vrai bel échauffement contre un gros club avant de passer à la suite. Toujours est-il qu’après un quatrième succès d’affilée en Ligue des champions et dix-sept buts marqués pour zéro encaissés, Emery aurait clairement pu fanfaronner. Beaucoup l’auraient fait pour moins que ça sans pour autant être ridicules, mais Unai avait décidé de ne pas sombrer dans l’auto-célébration et de se contenter de motifs de satisfaction très terre-à-terre : « L’équipe a tenu 90 minutes, on a eu des occasions jusqu’aux dernières minutes du match. C’est important d’être ensemble, pour l’organisation. » Le genre de discours qu’on peut tenir après n’importe quelle victoire de Coupe de la Ligue, et qui ne semble pas sortir de la bouche d’un homme dont l’équipe vient de jouer son match le plus abouti de la saison. Dans le fond, tant mieux. Prudence est toujours mère de sûreté. Emery n’aurait aucun intérêt à trop parler et ce n’est pas dans sa nature. Et si jamais l’envie lui prenait de le faire, l’Espagnol pourrait toujours compter sur son garde-fou : Kurzawa qui surgirait de nulle part avec un doigt sur la bouche pour lui demander de la fermer.

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Par Alexandre Doskov

Propos recueillis par AD

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