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Le triomphe du « Mariocana »
L'Allemagne est championne du monde. La quatrième étoile est là. Helmut Rahn. Gerd Müller. Andreas Brehme. Mario Götze. Les Allemands peuvent jubiler et ne plus penser à rien d'autre, pour aujourd'hui.
La tête à l’envers. C’est le ressenti du Hamburger Morgenpost après ce quatrième titre de champion du monde arraché dans les dernières minutes de la prolongation par l’Allemagne. Avec, le Mopo inverse la photo de la remise du trophée au Nationalelf, comme un symbole d’une Allemagne qui réalise tout juste l’exploit accompli. Tout le pays en est encore à la fête et essaye de se remémorer les longues nuits de Berlin, d’Hamburg ou de Rio, entre selfies avec Angela et shooters avec Rihanna.
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— Lukas-Podolski.com (@Podolski10) July 13, 2014
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— Rihanna (@rihanna) July 14, 2014
L’Allemagne est à l’envers et au paradis après cette courte victoire 1-0 sur l’Argentine. Bild a sorti la totale : gif scintillant, le fond d’écran avec la Coupe du monde « enfin là ! » , les vidéos de la victoire… La quatrième étoile est de toutes les unes, et elle célèbre un groupe incroyable. « Cette victoire est méritée. [Cette] équipe a été la meilleure contre l’Argentine et a aussi montré de meilleures performances lors des sept matchs du tournoi. » Pour l’Allemagne, c’est la célébration d’une génération qui rythment le quotidien sportif depuis neuf ans. « Pour la génération de Philipp Lahm et Bastian Schweinsteiger, c’est le couronnement d’une carrière » , exprime le Welt. Un rappel que fait également 11Freunde : « C’est le couronnement pour une génération de footballeurs qui, avec la Nationalmannschaft, était souvent toute proche, mais n’avait jusqu’alors pas réussi à aller au bout. »
Lors de ces neuf ans, Joachim Löw a joué un rôle de premier plan. « C’est également un couronnement pour le sélectionneur, qui a longtemps été un défenseur du beau jeu, et qui n’a jamais été aussi pragmatique qu’au Brésil. » Souvent critiqué, même pendant la compétition, Joachim Löw a le droit aux honneurs unanimes de la presse allemande. « Il a réfuté l’accusation que rien ne pouvait être gagné avec lui. »
Des héros
Parmi les champions du monde, deux joueurs sont célébrés comme les héros de la soirée et des héros de film. Bastian Schweinsteiger tout d’abord, et son courage après avoir eu le visage ensanglanté. Un « héros de la souffrance » pour Sportbild. Le Welt développe un long papier à propos de ce « blessé de guerre [bloodwarrior] Schweinsteiger [qui] rend l’Allemagne heureuse » . Un vrai chef dans cette équipe, qui a mené les siens jusqu’au bout de ses forces, malgré une « saison difficile » marquée par deux opérations. Après le match, dans les couloirs du Maracanã, Schweini ressemblait à un « boxeur après le douzième round » . Avec son pansement en souvenir du combat, « Bastian Schweinsteiger sourit » , malgré la douleur. « Infiniment heureux après son plus grand combat et la plus dévouée des luttes de sa carrière » car il n’était pas seulement un joueur : « Il était le guide d’une équipe qui l’a même impressionné lui-même. Pas seulement par son potentiel sportif, qu’il connaît du Bayern Munich. »
Le groupe allemand avait ce potentiel héroïque. Ils sont nombreux à avoir jouer les rôles providentiels à un moment ou à un autre. Un d’entre eux gardera plus que les autres son nom collé à la finale. Pour certains journaux, Rio a accueilli le « Mariocana » le temps d’une soirée de Mondial. Buteur décisif, Mario Götze se taille une place aux côtés de Brehme, Rahn et Müller. Pourtant, Götze avait déçu au Brésil. La presse allemande ne l’oublie pas. Il était temps pour lui. Il lui fallait prouver sa valeur et faire ce que Löw lui conseille à la mi-temps de la prolongation : « Montre au monde entier que tu es meilleur que Messi ! Montre que tu peux décider du résultat d’un match. » Et il l’a fait. Lors d’un « moment magique offert au monde du football » . À 22 ans, Mario Götze est entré dans le cercle des « grands héros de l’histoire du football allemand » . Sans oublier les héros manquants. Le héros tombé avant le tournoi, l’ami de Mario Götze, Marco Reus. Ou, comme Schweinsteiger, avoir une pensée pour Uli Hoeneß, en prison ce 13 juillet 2014.
Par Côme Tessier