- JO 2012
- Groupe A
- EAU/Uruguay
Le trident céleste
On peut parler de l’Espagne et de son toque, du Brésil et de Neymar. Mais s’agissant d’attaque, on sait tous que la principale force de frappe de ces Jeux Olympiques de Londres, ce sera l’Uruguay: Cavani, Suárez, Ramírez. Première démonstration cet après-midi.
La première journée foot de ces JO devrait être un apéritif pour les deux favoris du groupe A : la Grande-Bretagne va jouer le Sénégal à domicile, tandis que l’Uruguay se chargera des Émirats arabes unis. Sur le papier, deux formalités. Et une raclée fort prévisible. Celle que la paire Cavani-Suárez va infliger à ces pauvres Émiratis, dont le meilleur défenseur joue en CFA. L’occasion de jauger ce qui devrait être la meilleure attaque de ces JO. En matière de qualité, de statistiques, d’expérience aussi.
Deux plus un font trois
Sortez les calculatrices, on va parler statistiques. Quoi de plus normal, quand on évoque des attaquants prolifiques. Et c’est un euphémisme que d’employer ce terme en évoquant Edinson Cavani et Luis Suárez. L’attaquant du Napoli et celui de Liverpool se sont éclatés cette saison. Cavani le Matador a inscrit la bagatelle de 35 buts et distillé 10 passes décisives en 57 parties cette saison, toutes compétitions confondues (matchs internationaux compris). Pour Suárez, on tourne autour de 24 buts et 15 assists en 47 matchs. D’autant plus parlant qu’ils évoluent tous deux dans de bons clubs et qu’ils se sont frités cette saison avec le gratin européen. Quant à l’association des deux hommes, elle est appréciable en sélection. D’un point de vue chiffres (3 buts chacun en matchs de préparation), comme en terme de complémentarité. Les deux acolytes n’ont pas le même profil, avec un Suárez plus dribbleur, plus imaginatif et, au final, moins buteur. Tâche qui incombe davantage à Cavani, l’enfileur de perles par excellence.
Cette complémentarité footballistique s’élargit aux hommes, qui se connaissent parfaitement : tous deux ont le même âge (25 piges), ont fréquenté les équipes de jeunes ensemble. Tout est réuni, apparemment, pour faire de cette association une réussite. Et si mettre en avant ce duo de stars paraît logique, il s’agit de ne pas oublier pour autant un 10 talentueux, planqué juste derrière et qui attend reconnaissance. Au service des deux carnassiers dont tout le monde parle, il y a aussi un fantaisiste, un poète du ballon et un acrobate à ses heures perdues. La description est celle de Gastón Ramírez, maître à jouer de l’équipe de Bologne en Italie, qui, pour le coup, va troquer un vieux Marco Di Vaio contre une paire toute neuve. Du coup, ses stats à lui (tout de même correctes, 8 buts et 6 passes en 38 rencontres) n’ont pas vraiment la même saveur, ses collègues en club n’ayant évidemment pas la même qualité que la doublette Cavani-Suárez en sélection. Ramírez, ceci dit, possède la panoplie complète pour jouer au 10 et former la dernière pointe d’un sacré trident dont on devrait avoir régulièrement des nouvelles.
Un trident sans égal ?
Dans l’immédiat, les trois amis auront l’occasion de se taper deux amuse-gueules en guise de préparation au choc du groupe A contre la Grande-Bretagne. Première étape contre les Émirats arabes unis, donc. A priori, le type de rencontre facilement négociable pour ces ogres, étant donnée la faiblesse présumée de l’arrière-garde émiratie. Après tout, le capitaine et leader défensif Hamdan Al-Kamali joue pour la réserve de Lyon, en CFA… Bon, Cavani, lui, plante des buts contre Chelsea. On peut s’attendre à une boucherie, magie du football ou pas. Le Sénégal n’offrira pas plus de garanties par la suite, cela dit. Alors, franchement, l’Uruguay est-elle la meilleure attaque de la compétition ? Sur la feuille de match, sans doute ou presque. Quantitativement, cependant, le Brésil, seule véritable nation à pouvoir la concurrencer dans ce domaine, semble mieux armé : le trio Neymar-Pato-Hulk, avec un Damião en joker, n’a pas vraiment de quoi rougir.
Si on doit comparer, donc, Neymar claque des buts au Brésil, Hulk au Portugal, et Pato n’a pas réalisé la saison de sa vie. Sur la forme, la préparation physique, il n’y a pas photo non plus. Si le foot n’était qu’une question d’attaque, alors on assisterait certainement à une finale Brésil-Uruguay, avec un but de Neymar et des réalisations de Cavani et Suárez de l’autre côté. Ce n’est pas le cas, et au contraire du Brésil, la Celeste se repose presqu’exclusivement sur son infernal « dual trio » . Avec une défense pas forcément au point, c’est logique. Le point faible de la selección se situe bien là, et il s’agira donc, avant tout, d’inscrire plus de buts qu’elle n’en prendra. Ça, c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Mais généralement, ces trois gars-là le font bien.
Alexandre Pauwels