- Ligue 1
- 6e journée
- Montpellier/Saint-Étienne
Le très très bien de Jamel
Auteur d’une excellente partie face à Arsenal, Jamel Saihi, pièce maîtresse du dispositif montpelliérain champion de France 2012, a confirmé sa très bonne forme du moment. Rampe de lancement des offensives héraultaises, l’international tunisien vaut le détour.
Dans les environs de Montpellier, on se fait plus aisément une place au soleil entre deux serviettes « drapeau du Portugal » à Palavas-les-Flots en plein mois d’août, qu’entre les panenkas de Younès Belhanda et les chevauchées de Rémi Cabella. Ça tombe bien : contrairement à ses deux partenaires, Jamel Saihi est plutôt un homme de l’ombre. Issu, comme sept de ses quatorze partenaires qui ont foulé la pelouse de la Mosson en C1 – une grande première – du centre de formation héraultais, l’international tunisien a une façon bien à lui de crever l’écran. Loin des virgules et des grigris, de l’inefficacité et du bling-bling, le précieux milieu de terrain du MHSC est, grâce à son abattage défensif, sa vista et sa qualité de passe, la véritable rampe de lancement des attaques montpelliéraines. Cadre de l’équipe qui est allée chercher le titre l’an passé, Jamel Saihi, dont on ne parle que trop peu, sait que cette année peut-être la sienne.
Bac S, foot pro
L’histoire de Jamel Saihi à Montpellier n’a d’évident que son aspect géographique. Enfant du Mas Prunet, né à Montpellier, il est connu pour être venu au foot un peu par hasard. « Le foot, pour moi, c’était d’abord le plaisir de taper la balle avec les copains, mais ça passait après les études » , balançait-il dans les colonnes du Midi Libre. Titulaire d’un bac S, Jamel peut se targuer de tweeter comme il passe le ballon : sans faute. C’est rare. Supporter du MHSC, celui qui se rendait au stade voir Philippe Delaye quand il était môme termine quand même au centre de formation. Au club depuis plus de 10 ans, Jamel Saihi n’a pas toujours été l’évidence qu’il est aujourd’hui. Tantôt indispensable, tantôt inutilisé, l’international tunisien a connu une trajectoire cabossée. 29 matchs en 2007-2008, 16 l’année suivante, 26 lors de la saison de la remontée et 14 en 2010-2011. Mais ça, c’était avant la saison du titre, le véritable tournant de la carrière de Jamel Saihi. Titulaire indiscutable au milieu du terrain, le Montpelliérain a su se rendre indispensable partout : sur le terrain et sur le papier. Excellent sur la pelouse, le Franco-Tunisien devient vite incontournable.
Des chiffres qui parlent
Pour preuve, avant le match face à l’Olympique de Marseille au soir de la troisième journée, le MHSC ne gagne que 36% de ses matchs lorsqu’il est absent, contre 56% quand il est là. Suspendu ce soir-là, Jamel Saihi a eu le malheur de voir la statistique se confirmer. Quand le Franco-Tunisien foule la pelouse, Montpellier prend en moyenne 2,16 points. Quand il n’est pas là, 1,55. Mais que manque-t-il aux Héraultais quand Saihi est absent ? De la fluidité et de la possession de balle, majoritairement. Excellent contre Arsenal, il a montré aux sceptiques qu’il était incontournable au milieu du terrain. C’est simple, s’il n’est presque jamais buteur, c’est lui qui, quasiment seul, nourrit les créateurs que sont Rémi Cabella et Younès Belhanda. Amoureux du jeu vers l’avant – deux tiers de ses passes se font dans ce sens –, Saihi scintille à un poste où il est de plus en plus difficile de briller aujourd’hui. Lui qui apprécie jouer avec des joueurs techniques devant lui, ratisse, trie et lance, au même moment où l’incroyable Marco Verratti se fait un nom en France et dans le monde du football. Seul bémol, Saihi tend à prendre beaucoup de cartons. Neuf jaunes la saison passée et un de chaque cette saison, après deux matchs. Quand on connaît les statistiques de Montpellier en son absence, on se méfierait un peu à sa place. Et puis, au vu de son niveau de jeu, ce serait vraiment con que cette année ne soit pas la sienne.
Par Swann Borsellino