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Le tournoi que vous n’avez pas regardé : la Kop Cup 2019
Châtenay-Malabry accueillait samedi le Real, Liverpool, Manchester United, la Juventus ou encore le Steaua Bucarest. La ville de Jérôme Rothen et Allan Saint-Maximin était en réalité hôte de la douzième édition de la Kop Cup, un tournoi de supporters organisé par la Liverpool French Branch, le groupe des supporters français des Reds. Et c'est le tournoi que vous n'avez pas regardé.
Avec environ 250 participants et 23 équipes engagées – la Penya FC Barcelone Lyon a finalement déclaré forfait – la douzième édition de la Kop Cup, organisée par la Liverpool French Branch a une nouvelle fois permis aux supporters de grands clubs européens venus de toute la France et parfois de l’étranger de se retrouver pour un tournoi aux allures de Ligue des champions. De la fameuse musique aux ballons étoilés en passant par un trophée aux grandes oreilles, tout y est ! Si Yoann, en charge de l’événement, « essaie d’inviter des clubs avec une histoire européenne ou qui participent régulièrement à la Ligue des champions » , l’idée est « surtout de réunir des équipes de supporters, dans un esprit de fair-play, de convivialité, d’échange » . « Les équipes avec des mecs qui viennent juste pour gagner le tournoi, cela ne nous intéresse pas. » L’événement est aussi l’occasion de rassembler les différents adhérents de la French Branch, 900 dans toute la France, puisque la Kop Cup a traditionnellement lieu la veille de l’assemblée générale de l’association.
Stairway to Kop Cup
La journée commence par une phase de poules où les équipes sont réparties dans six groupes de quatre. Au terme de trois matchs de douze minutes, les deux premiers de chaque groupe iront en huitièmes de finale, tout comme les quatre meilleurs troisièmes. Les autres équipes joueront des matchs dans la consolante. Vient alors l’heure du déjeuner. Au son d’une playlist éclectique qui oscille entre Eric Prydz et Led Zeppelin, la buvette s’anime pour désaltérer les joueurs et confectionner les traditionnels casse-dalle, avec en visu une réplique du trophée de la Ligue des champions, histoire de rappeler à tout le monde le sacre des Reds du début du mois. À côté, les fans de l’Inter, venus de Charleroi, Londres et de région parisienne ont installé le barbecue entre deux voitures, garées au pied de l’immeuble qui jouxte le stade.
La douce odeur de brochettes finira sûrement de réveiller les habitants n’ayant pas retrouvé un ballon sur leur balcon. En parallèle commence le tournoi de tirs au but. Les supporters giallorossi, chauds bouillants, mettent le feu à coups de chants avant d’être suivis par d’autres supporter, mais c’est finalement les Hexagones (les expatriés de l’OL) qui remportent le concours au point de onze mètres. Cela leur permettra d’accorder un chèque de 150 euros à l’association de leur choix.
Tonnelles, Schoenberg à 4% et bonne ambiance
Commencent alors les matchs couperets, soleil au zénith. Pour combattre la chaleur et le cagnard, les supporters font preuve d’inventivité quand ils n’ont pas prévu la tonnelle : certains jouent volontiers avec les enfants munis de pistolet à eau et d’autres font quelques détours vers le Roma Club Parigi pour profiter du jet du supporter qui a rempli un pulvérisateur de jardin avec de l’eau. Nombreux sont ceux qui s’en remettent aux traditionnelles bières en canettes plongées dans des bacs de glace, comme le Celtic Irish Club Marseille : « Je connaissais Selah Sue, mais aujourd’hui je sue la Seize » , se marre l’un d’eux avec finesse. Habitués d’un tournoi qu’ils ont déjà remporté quatre fois, ces Marseillais sont une bonne quinzaine à vouloir « ramener la coupe à la maison » .
Sylvain, président de cette association de 150 adhérents qui joue en championnat FSGT à sept, explique que la Kop Cup est « l’occasion de revoir (leur)s amis de la French Branch » et de participer à un tournoi dont les valeurs collent parfaitement avec celles du Celtic : « On recherche avant tout de la convivialité. On veut rigoler entre copains, se faire plaisir. On serre la main après la rencontre, on se prend des bières entre deux parties. » Même si la consommation doit être optimisée pour en tirer le meilleur. Lorsque l’attaquant « Papa » rate le cadre, le banc analyse : « Papa, avec une bière en moins, il la mettait… Enfin, non, plutôt avec une bière en plus. »
Une histoire de tirs au but
Les matchs s’enchaînent et le Celtic Irish Club Marseille, jusque-là invaincu, est sorti d’un petit but en quarts de finale par les Marine et Blanc d’Île-de-France, surmotivés. Le Clasico tourne en faveur des supporters de l’OM, et vient alors le temps des demi-finales, qui opposent les supporters de la Juve à ceux de l’OM et les supporters bordelais aux fans des Merengues. Les joueurs commençant à fatiguer et l’instinct de compétiteurs reprenant le dessus, les deux équipes ne se livrent pas et les matchs se terminent par un score nul et vierge. Les tirs au but permettront de départager les équipes. Les Marine et Bleu et les Merengues se chambrent, ne s’entendant pas sur un penalty qui a frappé la barre avant de rentrer dans le but. L’épreuve décide finalement une finale franco-française entre Bordeaux et Marseille qui nous ramène aux années 1990, la Cadillac de Claude Bez en moins.
Lors de la finale, les équipes font une entrée en rang sur la musique de la Ligue des champions et commence alors le match. Si l’OM se montre plus dangereux avec plusieurs frappes de loin, encouragé par les inévitables Celtic, c’est finalement Bordeaux qui remporte la Kop Cup aux tirs au but sur un score de 5-4. Le Roma Club Parigi, qui avait mis le paquet niveau banderoles et chants, complète le palmarès avec le prix des supporters. Le prix du fair-play est remporté par le Celtic Irish Club Marseille, dont les membres entendent bien fêter ça « d’abord en allant au resto Nos ancêtres les gaulois, puis en allant faire la bringue au Memphis : c’est la seule boîte qui nous accepte ! » D’autres rejoindront la French Branch pour la troisième mi-temps dans leur QG du Lush.
Par Victor Launay, à Châtenay-Malabry
Propos recueillis par VL.
Photographies de Maxime Lavoine.