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Le Tournoi de Toulon, à quoi bon ?
La finale du Festival international « Espoirs » de Toulon et du Var – plus communément appelé Tournoi de Toulon – opposera la France au Brésil ce dimanche en Avignon. Une compétition qui offre parfois de sacrées oppositions. À la clé : des rencontres avec notamment le staff de Bielsa, Stéphane Courbis, Marquinhos, Adrien Rabiot et bien d'autres…
À Toulon, le bonheur du rugby ne fait pas forcément celui du foot. Alors que le RCT est en passe de réaliser un historique doublé H-Cup – Top 14, Alain Revello est remonté contre le club de rugby de sa ville. « Cela fait trois ans que le Tournoi de Toulon n’a plus accès à Mayol, peste le responsable du Tournoi de Toulon, alors que les matchs sont retransmis dans beaucoup de pays étrangers (via beIN Sports notamment, ndlr). Chaque printemps, depuis l’arrivée de Bernard Laporte, il y a des travaux… Le Rugby Club toulonnais n’est pourtant pas propriétaire des lieux, du stade. Mais la mairie et les pouvoirs publics nous ont fermé la porte. On a compris leur petit manège. »
Du coup, c’est dans une enceinte étroite d’à peine 2 500 places posée en bordure d’autoroute, le stade Léo Lagrange, que la demi-finale du soir entre la France et le Portugal va se dérouler. En tribunes cependant, et malgré les tarifs excessifs pratiqués par ce Festival international Espoirs (prix unique de 10 euros pour une place), il y a foule pour ce France – Portugal de gala. Avec bien évidemment la communauté lusophone grimée de rouge et de vert qui met l’ambiance : insultes à base de « Caraï » , « Filho da puta » , pressions fraîches, chouchou à 2 euros le paquet, hymnes nationaux chantés à tue-tête et maillots usés des années 2000 floqués Figo ou Zidane… À Toulon, on se prend (enfin !) à vibrer pour du football.
Autant d’agents que de spectateurs
Mais dans les travées de l’enceinte, la passion du sport passe parfois au second plan pour d’autres observateurs très attentifs. Car certains sont surtout là pour faire des (bonnes ?) affaires lors de cette quinzaine internationale. En effet, pour ce Tournoi de Toulon, des agents, des recruteurs et des dizaines de scouts ont également fait le déplacement. À vue d’œil, ils semblent même presque aussi nombreux que les supporters des deux équipes. Parmi eux : on note la présence de Gilles Grimandi (Arsenal), Florian Maurice (Lyon), Bruno Carotti (Montpellier), Sébastien Pérez (Dijon), Luis Campos (Monaco, l’œil du président russe Dimitry Rybolovlev) ainsi que des émissaires de l’OM, de l’Udinese, de Lille, de Chelsea, du FC Porto, de Barcelone, du Sporting Portugal, de la Sampdoria de Gênes… Habitué à se fréquenter sur et en dehors des terrains, ces derniers croisent alors de nombreux agents qui sont – eux aussi – à la recherche de la nouvelle sensation footballistique. Ce jeudi, on a par exemple rencontré Stéphane Courbis, fils du bien-nommé coach de Montpellier, dans le milieu depuis fort longtemps.
Entre tous ces hommes de l’ombre, les discussions s’engagent alors presque naturellement sur la progression de l’un, le potentiel de l’autre. Hervé Marchal, agent de Mounir Obbadi (AS Monaco), revient notamment sur cette opportunité de « business » . « J’aime ce tournoi de Toulon, souffle celui qui est dans le milieu depuis plus de quinze ans. D’ailleurs, cela fait longtemps que je n’ai pas raté une édition de ce festival… » Il reprend comme pour s’expliquer : « En fin de saison comme ça, c’est le bon moment pour faire un break. En plus, le lieu s’y prête… Puis le Tournoi de Toulon, c’est également un bon endroit pour entretenir le réseau avec les clubs, réseau qui est quand même la base de l’activité d’agent. » À noter qu’une société qui s’appelle Scout Seven est spécialement là pour gérer toutes ces personnes qui gravitent autour du tournoi. Accréditations, hôtels, feuilles de match, feuilles de statistiques, vidéos, déplacements, taxis, renseignements, Scout 7 s’occupe (presque) de tout !
Bielsa et sa bande en pantacourt
Mais certains n’ont pas eu besoin d’avoir recours à ce genre de prestations tarifées pour se frayer un chemin jusqu’ici. En véritable amoureux de la « pelota » , le staff de Bielsa a surpris tout le monde en faisant le court déplacement depuis Marseille jusqu’à Toulon hier soir. Une cinquantaine de kilomètres pour observer cette rencontre disputée sur un rythme enlevé. À l’écart, Diego Reyes (adjoint d’El Loco au visage poupon) et Fabrice Olszewski (l’interprète aux cheveux longs, style épuré avec pantacourt et T-shirt vieillot) ont ainsi beaucoup observé. Beaucoup noté aussi. Depuis le balcon de la loge VIP du stade Léo Lagrande, les deux n’ont eu de cesse d’échanger sous l’œil curieux de Cláudio Caçapa.
En attendant, les joueurs qui participent à ce tournoi sont conscients de tout ce qui se trame en tribunes et en coulisses. Car au-delà de leur propre performance, cette compétition peut être un véritable tremplin pour leur carrière, alors que certains n’ont pas beaucoup de temps de jeu dans leur club respectif. « Depuis tout petit, j’entends parler de ce tournoi, souffle le Parisien Adrien Rabiot qui va retrouver son coéquipier Marquinhos en finale ce dimanche en Avignon. Donc forcément, c’est un honneur d’être là, d’être présent parmi les meilleurs jeunes de ma génération. » René Girard corrige : « Mais attention, il ne faut pas que ça devienne pas la foire aux bestiaux pour tous ces jeunes talents. »
Par Fabrice Nouahri, à Toulon