- Les restes du monde
Le tour de l’autre Europe
Contrairement aux apparences, on ne joue pas au football qu'en Espagne. On s'y colle aussi ailleurs et parfois le suspense, dans la dernière ligne droite, semble à son zénith. Comme en Turquie, aux Pays-Bas ou en Belgique. En Ukraine, le Shakhtar qui sucre un peu les fraises ces temps-ci, fait languir ses fans...
Ukraine, division 1
Depuis son élimination de la Champions League, le Shakhtar Donetsk se traîne une gueule de bois de première. Avant même le match retour, il avait déjà perdu son invincibilité, contre les anonymes d’Obolon, à la Donbass arena, son stade rutilant ouvert à l’été 2009. Trois jours plus tard, le Barça en remettait une couche sur le même score (0/1). Depuis Mircea Lucescu peine à mobiliser ses troupes pour qu’elles gardent le cap et empocher leur sixième titre. La septième ligue européenne (à l’indice UEFA, juste derrière la France et la Russie) devra patienter encore quelques jours supplémentaires pour connaître son seigneur et maître. Lors du classico ukrainien, le jour de la fête du travail, un Shakhtar assoupi a pris une claque contre un Dynamo revanchard (0/3), à Kiev. « On a pris une bonne raclée, on n’y était pas. On n’a pas gagné là-bas depuis un moment comme eux n’ont pas réussi à l’emporter à Donetsk. On a respecté la tradition, ironisait Darijo Srna, le capitaine de la meilleure équipe autochtone de l’époque. On jouera bientôt la belle en finale de la coupe » .
Un doublé de l’ailier Oleg Gusev (dont un pénalty imaginaire) plus un but de Shevchenko sur un service de Milevskyy ont scellé l’affaire avant que Lucescu ne se fasse expulser et sèche la conf’ de fin de match. « Je n’avais rien à dire puisque je n’étais pas là » a t-il confié au site du club de la Donbass. En cas de victoire, demain samedi, contre son frère ennemi du Metalurg dans le derby de Donetsk, les coéquipiers de Jadson et de Willian (les deux meilleurs joueurs de la saison) glaneront un nouveau titre. Pour le reste, rien ne de nouveau sous le soleil de la toundra : les quatre multinationales de la Division 1 occupent les quatre premières places. Seule la troisième marche du podium fait encore suspense, entre Dniepr (50 pts) et Metalist Kharkov (51), à trois journées de la fin…
Turquie, Turkcell Süper Lig
Trois journées encore à jouer aussi en Turquie. Avant même de s’intéresser à la tête du classement, la grosse affaire de la saison concerne le classement de Galatasaray : treizième avec seize défaites, le club pointe à trente-six points des deux leaders ! Rijkaard n’y a pas résisté bien longtemps. Une coutume locale certes que de virer le coach mais quand même… Lorick Cana n’aura pas eu la main heureuse en optant pour le légendaire club stambouliote en début de saison. Sivasspor qui avait bien failli être champion en 2009 est encore plus mal loti. Après avoir failli descendre l’an passé, les Yigidos occupent aujourd’hui la quinzième place, la dernière qui permet de rester parmi l’élite.
Celui qui a fait une bonne opération pourrait être Mamadou Niang en tête de la TSL avec Fenerbahçe. Seul hic, le club de la rive asiatique d’Istanbul occupe le fauteuil avec un encombrant voisin de palier, le Trazbonspor de Senol Günes, le coach de la sélection turque à la coupe du monde 2002. Avant le sacre de l’an dernier de Bursaspor (qui galope, quant à lui, à une chatoyante troisième place à…dix-huit points du binôme qui mène grand train en tête de la Turcell), la Firtina (la Tempête) avait été le seul club a entaillé la main mise des clubs d’Istanbul sur la ligue ottomane. Six titres…dont le dernier remonte à 1984. Sans véritable star à par son entraineur, Trazsbonspor doit ferrailler avec un Fenerbahçe mieux pourvu (outre Niang, il compte dans ses rangs Yobo, Lugano (le boucher uruguayen), Demirel (le gardien turc), l’Espagnol Guiza, Emre et le jeune Français Issiar Dia) mais rien n’est joué. Deux matchs à l’extérieur, un à la maison pour chacun. Faits vos jeux, tout va bien…
Pays-Bas, Eredivisie
Le championnat néerlandais ne pouvait pas rêver d’un meilleur final. A une journée de la fin, qui aura lieu le 15 mai, trois équipes peuvent être sacrées. Le Twente de Michel Preud’homme mène la marche avec 71 points devant l’Ajax à une unité derrière et Eindhoven à trois. En théorie, le PSV pourrait être sacré, surtout qu’il possède le meilleur goal-average des trois. En théorie seulement, puisque pour son plus grand malheur, ses deux rivaux s’affrontent le dernier jour à Amsterdam. Seule une victoire donnerait le titre aux Lanciers. Dans une autre hypothèse, Twente conserverait son titre contre toute attente. Fort de ses résultats probants avec le Standard et la Gantoise, Preud’homme avait été engagé pour vivre une saison de transition pour un projet à moyen terme.
Comme d’habitude, l’ex-portier de Benfica et de Malines a plus que rempli le cahier des charges. Sortis troisièmes de la poule la plus difficile de la Champions (Inter, Werder, Spurs), les Tukkers sont aussi allés en ¼ de finale de l’Europa cup. Le club d’Enschede a fait plus que fructifier l’héritage de Steve Mac Laren, l’ancien skipper des Three Lions, parti se faire crucifier à Wolfsburg. Où s’arrêteront-ils ? Seuls les coéquipiers de van der Wiel (qui partira au Bayern cet été) et de Sketelenburg (qui devrait faire partie à l’intersaison du jeu de chaises musicales des gardiens de classe mondiales) ont la réponse pour redonner à l’Ajax un titre qui le fuit depuis 2004. Une éternité…
Belgique, Jupiler League
En plus de se distinguer avec leur gouvernement fantôme, les Belges ont décidé depuis deux saisons de créer une formule de championnat unique au monde, à part peut-être dans le hockey sur glace suisse. Pour résumer : après une phase régulière de trente journées (seize équipes en aller-retour), les six premiers se rencontrent ensuite pour une sorte de play-offs (dix matchs donc, toujours en formule championnat). Ultime coquetterie : les points des six clubs qualifiés pour cette seconde étape sont divisés par deux, histoire de ressusciter un peu le suspense. Ainsi, le Standard de Liège auteur d’une saison médiocre se trouvait à seize points du leader (Anderlecht) à la fin des trente (premières) journées. Par la magie du Saint-Esprit et des dirigeants d’outre-Quiévrain, il n’en comptait plus que huit quand débute le second tour. Grâce à une grosse entame (5 victoires, un nul), les Rouches ont refait leur retard (41 points chacun) sur leurs ennemis de toujours, les mauves bruxellois (battus chez eux d’emblée par une équipe liégeoise B, les titulaires préparant une demi-finale de coupe).
Pour l’instant, seul Genk résiste et mène la marche (41 pts, le KRC était deuxième après la première phase, deux points derrière Anderlecht et quatorze devant le Standard). Ce vendredi soir, les Mauves se déplacent chez les hommes de Franckie Vercauteren tandis que les Rouches de Defour et Witsel accueillent Bruges (quatrième et hors course pour le titre), samedi à Sclessin. En cas de victoire des deux plus grosses équipes belges, le trio se regrouperait en tête avec quarante-quatre points chacun. Il restera alors trois journées et les hommes de la Cité ardente auront leur destin entre les mains. Ils recevront Anderlecht le week-end prochain et se déplaceront à Genk le 17 mai, puisque décidément, « chez ces gens-là » , on ne fait rien comme les autres, le championnat se termine un mardi…
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