- Liga
- J15
- Osasuna-Barcelone
Le tour d’Arda ?
Sorti carbonisé de l'Euro et d'une fin de saison passée à cirer le banc à Barcelone, Arda Turan est sur courant alternatif depuis la reprise. Très bon à la rentrée, un peu en retrait depuis, son triplé en Ligue des champions est peut-être le déclic qui lui permettra de se donner enfin à fond.
« Nous continuerons à travailler pour progresser et, à la fin de la saison, nous remporterons tous les titres. Allez Barcelone. » Posté à deux semaines du Clásico, ce message d’Arda Turan se voulait rassurant, alors que le Barça sortait d’un triste 0-0 contre Málaga. Avec sa barbe, son air fermé et ses phrases martiales, il pourrait faire penser à Léonidas dans 300, mais les promesses de campagne du Turc ne sont pas toujours fiables, surtout ces derniers temps. Son « Nous remporterons tous les titres » faisait tristement écho à son « Nous serons sur le terrain pour gagner, que l’Espagne se prépare à subir un choc » osé en juin dernier, en plein Euro, alors que la Turquie était sur une pente glissante et qu’il était devenu la cible de la haine des supporters. Face à l’Espagne, Turan et son gang s’étaient fait saccager 3-0 et le capitaine avait passé une heure et demie à se faire huer. « J’ai essayé de ne pas pleurer, mais ils ont fait pleurer ma mère » , se lamentait Turan après l’incident, juste avant de remonter en selle et d’assumer son rôle de meneur d’hommes jusqu’au bout : « Mais aujourd’hui, nous nous battons sur le terrain pour notre pays et notre honneur. » Un dernier coup de menton pour rien, puisque la Turquie finira éliminée de l’Euro en phase de poules, avant que Turan ne rentre à Barcelone où ses débuts avaient ressemblé à un petit enfer. Mais depuis le début de saison, le Turc reprend un peu du poil de la bête. Et quoi de mieux qu’un triplé pour clôturer la phase de poules de Ligue des champions histoire de montrer qu’on en a encore sous le pied et que le meilleur est à venir ?
L’égorgeur du Clásico
Lors du Clásico de samedi dernier, Arda Turan avait pourtant apporté de l’eau au moulin de ses détracteurs, et s’était fait taper sur les doigts par Luis Enrique. Bien secoués en première mi-temps, les Barcelonais avaient méthodiquement organisé leur braquage en deuxième période en marquant rapidement, puis en bétonnant pour garder les trois points. Valeur sure du jeu de bonhomme et du coup d’épaule, Turan était entré à la 78e minute avec une mission simple : remplacer André Gomes, cuit par l’intensité physique du match, et ne pas faire de bêtise. C’était apparemment trop demander. À une minute de la fin, c’est lui qui fait la faute débile sur Marcelo qui conduit au coup franc de l’égalisation. Et au marquage dans la surface, il s’embrouille avec Sergio Ramos et lui fait plusieurs gestes d’égorgement. Pas de quoi impressionner le capitaine du Real qui s’était vengé en marquant. Furieux, Enrique s’en était ouvertement pris à Turan après le match : « Les consignes étaient très claires : ne pas faire de fautes et surtout si un joueur adverse est dos aux cages. » À croire que même quand on lui donne sa chance dans les plus grandes occasions, Turan ne la prend pas. Mais après avoir rudoyé un cancre, un bon professeur est celui qui sait lui redonner confiance en lui pour l’aider à aller de l’avant et le faire progresser. Alors après avoir vu tout rouge, Luis Enrique avait cessé de froncer les sourcils pour conclure par un message d’amour et d’unité : « Mais il ne faut pas cibler qu’un seul joueur. Que nous gagnions ou que nous perdions, nous le faisons ensemble. »
Un exploit pour se relancer
Cette semaine, en Ligue des champions, Enrique lui faisait à nouveau confiance, mais en le faisant carrément démarrer avec les titulaires face à Mönchengladbach. Enfin un vrai feu vert ? Oui et non. Déjà sûrs de remporter leur groupe, les Barcelonais alignaient une équipe B, dans laquelle même l’attaquant en panne Paco Alcácer ou le gardien remplaçant Jasper Cillessen avaient eu droit à leur titularisation. Messi était aussi de la partie, lui qui courait après le record de Cristiano Ronaldo du nombre de buts en phase de poules, mais Arda Turan, en mode potion magique, avait décidé de tirer toute la couette à lui. Au coup de sifflet final, il rentrait aux vestiaires en laissant la pelouse du Camp Nou fumante, après s’être payé un triplé – le premier pour lui depuis mai 2008 avec Galatasaray – et une passe décisive pour Messi. Turan sait marquer, et il l’avait déjà prouvé en août avec un début de saison en fanfare où il avait beaucoup joué, bien aidé par les blessures à son poste. En Supercoupe d’Espagne, il avait marqué un doublé au match-retour contre Séville, et avait ouvert la saison du Barça trois jours plus tard en plantant le premier but du cru 2016-2017 en Liga. Mais dans la foulée, le sélectionneur de la Turquie annonçait sa liste pour les matchs de septembre. Grillé à cause de son Euro abominable, Turan n’y figurait pas. Un coup dur pour celui qui approche des cent sélections, et qui a depuis retrouvé sa place. Enfin le retour d’une dynamique positive pour Turan ? Chaud bouillant après son exploit contre Mönchengladbach, il se pavanait face aux caméras : « Nous sommes Barcelone, la meilleure équipe au monde. » Au moins, le Léonidas du Barça avait cette fois une bonne raison de s’emballer.
Par Alexandre Doskov