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- Coupe du monde 2010
Le top 10 des matchs de la Coupe du monde 2010
Il faut être honnête : l'édition sud-africaine de la compétition reine n'aura pas été la plus alléchante en matière de spectacle. Ce qui n'empêche pas de se faire une piqûre de rappel des meilleurs moments : des démonstrations, des vuvuzelas, des injustices, des caboches et un destin brisé... C'était la Coupe du monde 2010 et voilà dix matchs à revoir sans hésitation.
#10 - Portugal-Corée du Nord
10. Portugal – Corée du Nord (7-0), Groupe G, 21 juin 2010
À chaque mondial son carton. En 2010, le Portugal s’occupe de la démonstration contre la Corée du Nord, se consolant après un match nul et vierge face à la Côte d’Ivoire en ouverture. Si la formation asiatique résiste en première période, ne concédant qu’un seul but, elle craque devant le récital offensif portugais dans le deuxième acte. Les joueurs de la Selecção enfilent les perles (Raul Meireles, Simão, Hugo Almeida, Tiago x2, Liédson), et Cristiano Ronaldo met fin à une disette de seize mois en sélection à la 87e minute en inscrivant le sixième pion, avec une bonne dose de réussite. « Les buts, c’est comme le ketchup : quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps » , avait expliqué la star du Real Madrid avant la rencontre. Bien vu, le Portugal ne fera plus trembler les filets dans la compétition.
#9 - Pays-Bas-Brésil
9. Pays-Bas – Brésil (2-1), quarts de finale, 2 juillet 2010
Un scénario renversant, des câlineurs de ballon et un héros malheureux : ce quart de finale réunit tout ce qui plaît dans le football. Et pour ne rien gâcher, le grand favori brésilien tombe. Comme en 2006. Impensable au regard d’une première période durant laquelle le Brésil marche sur les Pays-Bas, à coups d’accélération de Robinho, envoyé sur orbite par Felipe Melo à la 10e minute pour l’ouverture du score, et de fulgurances de Kaká. Sauf qu’en face, il y a du talent et des opportunistes, à l’image de Wesley Sneijder qui voit son centre-tir dévié de la tête par le pauvre Felipe Melo dans le but gardé par Júlio César. Le début de la fin pour le milieu brésilien – expulsé à la 73e minute après s’être essuyé les crampons sur le virevoltant Arjen Robben – et son équipe, qui voit Sneijder marquer du crâne pour donner un avantage définitif aux Oranje. « C’est le moment le plus difficile de ma vie » , admettra Felipe Melo au coup de sifflet final. Sa chance : il ne sera pas de la partie pour le calvaire de Belo Horizonte quatre ans plus tard.
#8 - Argentine-Allemagne
8. Argentine – Allemagne (0-4), quarts de finale, 3 juillet 2010
L’Allemagne et sa passion pour les fessées. « Pour nous battre, il faudra que nos adversaires laissent leur peau sur le terrain » , prévient Diego Maradona, le sélectionneur d’une Argentine qui se présente comme la meilleure attaque du tournoi, avant la rencontre. Sympa, le discours guerrier, mais cela n’empêche pas l’armée de Joachim Löw de marcher sur l’Albiceleste de Lionel Messi et compagnie. Thomas Müller donne le premier coup d’épée à la 3e minute, avant que ses petits copains ne s’occupent de faire capituler l’ennemi argentin en deuxième période. Et voilà le général Miroslav Klose à un but du record de Ronaldo en Coupe du monde.
#7 - Slovénie-États-Unis
7. Slovénie – États-Unis (2-2), Groupe C, 18 juin 2010
La Coupe du monde, c’est aussi des matchs qu’on n’attend pas. C’est cette Slovénie, qui a la tronche d’une belle surprise. Encore plus après avoir remporté le premier match de son histoire dans un mondial, contre l’Algérie (1-0), cinq jours plus tôt. La première période a des allures de rêve pour les Dragons et de cauchemar pour les Américains : une frappe flottante de l’adorable Valter Birsa, une conclusion parfaite de Zlatan Ljubijankič, et la Slovénie se rapproche tout doucement d’une qualification historique pour les huitièmes. Sauf que la Team USA se rebelle au retour des vestiaires et remet les compteurs à zéro, grâce à deux pralines des légendaires Landon Donovan et Michael Bradley. Avant que le troisième but signé Maurice Edu ne soit refusé pour un hors-jeu imaginaire. Un point pour rien pour la Slovénie, qui ne sortira finalement pas de la poule. Un petit miracle pour les USA, qui termineront à la première place devant les Anglais.
#6 - Uruguay-Allemagne
6. Uruguay – Allemagne (2-3), match pour la 3e place, 10 juillet 2010
On aurait pu parler de cette demi-finale entre l’Uruguay et les Pays-Bas (3-2), mais il faut mettre en lumière une chose : le match pour la troisième place est une invention cruelle, qui peut se transformer en une excellente partie de football. La preuve avec cet Uruguay-Allemagne spectaculaire et très plaisant. Cœur sur Diego Forlán.
#5 - Pays-Bas-Espagne
5. Pays-Bas – Espagne (0-1), finale, 11 juillet 2010
Il y a toutes ces petites histoires qui font le sel d’une finale : une opposition de styles entre la possession espagnole et la violence néerlandaise, un premier découpage signé Mark van Bommel, un coup de casque de Sergio Ramos, un face-à-face manqué d’Arjen Robben, un autre de Cesc Fàbregas, les crampons de Nigel de Jong sur la poitrine de Xabi Alonso ou le sacrifice de John Heitinga. Puis, il y a la grande histoire : Andrés Iniesta, au bout de la nuit, qui offre sa première étoile à l’Espagne. Génial.
#4 - Allemagne-Angleterre
4. Allemagne – Angleterre (4-1), 8e de finale, 27 juin 2010
Que retenir d’une telle claque ? Peut-être que cette Allemagne était trop forte, que l’Angleterre n’avait pas les épaules pour aller plus loin dans la compétition, ou bien que Thomas Müller sera promis à un avenir radieux. Mais non, il y a cette 38e minute : quelques secondes après un retour à 2-1 grâce à Matthew Upson, Frank Lampard croit égaliser d’un lob astucieux, persuadé d’avoir vu la gonfle rebondir derrière la ligne après avoir touché la barre de Manuel Neuer. Il a raison. Sauf que l’arbitre assistant uruguayen Mauricio Espinosa n’a pas vu la même chose : le but n’est pas validé, Fabio Capello tire la tronche, et les Anglais sont sonnés. Oui, le football est injuste.
#3 - Slovaquie-Italie
3. Slovaquie – Italie (3-2), Groupe F, 24 juin 2010
Pas facile, d’être champion du monde en titre. Après deux matchs nuls, l’Italie n’a pas d’autre choix que de s’imposer contre la Slovaquie, qui participe à son premier mondial, pour espérer se qualifier pour les huitièmes. Problème, Gianluigi Buffon est absent – Federico Marchetti le remplace –, et la charnière centrale Fabio Cannavaro-Giorgio Chiellini est trop fébrile. Dans une partie tendue à souhait, la Squadra Azzurra plie deux fois face à Róbert Vittek, avant de reprendre espoir à la 81e minute quand Antonio Di Natale trompe Ján Mucha. Sauf que l’Italie n’a pas la tête à créer l’exploit : Kamil Kopúnek tue le suspense avant le temps additionnel, puis assiste à une merveille de but pour du beurre signé Fabio Quagliarella. Ce qui ne l’empêche pas de terminer à la dernière place du groupe derrière la Nouvelle-Zélande, qui restera la seule équipe invaincue de cette compétition. L’Italie quitte le tournoi la tête basse, mais sur un geste de classe.
#2 - Allemagne-Espagne
2. Allemagne – Espagne (0-1), demi-finale, 7 juillet 2010
Et à la fin, c’est l’Espagne qui gagne. Même quand c’est face à une redoutable Allemagne qui vient d’en passer huit en deux matchs, même quand le jeu de possession de la Roja commence à agacer, même quand il faut attendre un coup de tête de Carles Puyol pour voir le tableau d’affichage bouger. À Durban, la machine de Vicente del Bosque offre une première finale de Coupe du monde aux Espagnols, et Joachim Löw reste le mieux placé pour parler de cette bête indomptable : « Oui, cette équipe est définitivement la meilleure du monde et ils vont remporter le tournoi. (…) Cette équipe a une façon unique de vous dominer et de vous contrôler. C’est une équipe merveilleuse. Ces gars sont les maîtres du football. » Prosternons-nous.
#1 - Uruguay-Ghana
1. Uruguay – Ghana (1-1), quarts de finale, 2 juillet 2010
C’est l’histoire d’un homme qui a peut-être vécu la pire soirée de sa vie, en tout cas sur le plan footballistique. Dominic Adiyiah a 20 ans, il vient de signer à l’AC Milan et il n’a joué qu’une minute depuis le début de cette Coupe du monde. Forcément, l’attaquant commence ce quart de finale contre l’Uruguay sur le banc. Nous voilà à la fin du temps réglementaire, il enlève sa chasuble et tape dans la main de Sulley Muntari, le buteur ghanéen en première période, probablement persuadé d’être capable de faire basculer la rencontre du bon côté d’ici le coup de sifflet final ou pendant la prolongation. 121e minute : Luis Suárez transforme son rêve en cauchemar. Après avoir sauvé à la loyale une première tentative de Steven Appiah, l’attaquant uruguayen met la main pour stopper la tête du pauvre Adiyiah, qui aurait pu (dû) devenir le premier à envoyer une sélection africaine dans le dernier carré du mondial. La suite de cette dramaturgie, tout le monde la connaît. Mais personne ne sait que le malheureux Adiyiah finira par quitter Milan deux ans plus tard sans avoir joué un match, avant d’entamer un tour du monde des clubs dans un certain anonymat. Soirée de merde, tiens.
Par Clément Gavard