- Allemagne
- Borussia Dortmund
Le tonnerre de Götze
La vie est une montagne russe pour Mario Götze. Trois ans après son but en finale de Coupe du monde face à l’Argentine, le milieu du BvB espère remonter la pente après avoir terminé une énième chute. La plus difficile de sa jeune carrière.
Debout devant son banc de touche, un doigt sur la bouche (ou dans le nez), Joachim Löw est songeur. Comme l’immense Pascal Dupraz et la fameuse « patte gauche de Bodiger » deux ans plus tard, le sélectionneur allemand a une intuition : « J’avais un bon pressentiment pour lui, c’est un joueur qui peut tout faire et je savais qu’il pouvait marquer ce but. » Lui, c’est Mario Götze. Utilisé cinq minutes en quart de finale contre la France, puis laissé sur le banc pour la demie, le blondinet à la gueule d’ange fait alors son apparition à la 88e minute de cette finale contre l’Argentine. Vingt-quatre minutes plus tard, en prolongation, Mario Götze entre définitivement dans l’histoire : un enchaînement contrôle de la poitrine – reprise de volée parfaitement maîtrisé pour offrir la Coupe du monde 2014 à l’Allemagne, vingt-quatre ans après son dernier sacre. Un but qui permet au milieu allemand de devenir en l’espace de quelques secondes l’idole de tout un peuple. Pour quelques jours seulement.
Mario le traître
De retour à Munich, après quelques bronzettes sous le soleil d’Ibiza, Mario Götze retombe très vite de son piédestal. Un mois seulement après son but au Maracanã, le natif de Memmingen essuie les huées du Signal Iduna Park, qui n’a toujours pas pardonné la trahison de son enfant chéri, parti remplir son armoire à trophée du côté de la Bavière un an plus tôt. Alors qu’il pensait – ou plutôt espérait – que la Coupe du monde avait calmé la haine des supporters du BvB, Mario Götze se rend compte que son étiquette de « traître » est toujours bien accrochée à son front. Tant pis pour les sifflets, l’Allemand aux pieds soyeux et au mental de fer a les jambes en feu depuis ce coup de poignard dans le dos de Lionel Messi. À la construction, à la dernière passe et à la finition, Mario Götze est partout durant les six mois post-Mondial.
Mais, comme son homologue argentin Javier Pastore, Götze n’aime pas rester au sommet de son art et entame alors une descente vertigineuse. Une très longue descente. Ainsi, à partir de janvier 2015, l’Allemand va totalement disparaître des radars, devenant un quatrième ou cinquième choix de Pep Guardiola. Et, histoire d’accélérer encore un peu plus sa chute, une vilaine blessure à l’aine lui fera manquer cinq mois de compétition. Malgré ses dix-huit mois à alterner entre le banc douillet du Bayern et le lit, moins cosy, de l’infirmerie, Mario Götze est appelé par Joachim Löw pour disputer l’Euro 2016, en raison de son « immunité » acquise deux ans plus tôt. Résultat, trois matchs de poule insignifiants et une entrée transparente en demi-finale contre la France.
Mario le repenti
Après cet échec au championnat d’Europe, Mario Götze rentre en Bavière, fait ses valises et s’envole, non pas pour Ibiza, mais pour Dortmund où il fait son grand retour. Conscient que ce come back ne suffit pas pour redevenir le chouchou du Signal Iduna Park, Götze se mure dans le silence et attend patiemment la réception du Bayern Muncih, programmée le 19 novembre 2016. Mario le sait, s’il veut reconquérir le cœur des supporters du BvB, il se doit de briller face à l’ennemi bavarois. Et, force est de constater que le jeune Allemand ne passe jamais à côté des grands évènements. Un petit pont sur Mats Hummels, nouveau traître du peuple jaune, et une passe décisive pour Pierre-Emerick Aubameyang. 1-0, score final. Mario Götze est applaudi par le public et remonte la pente sur le plan sportif.
Une pente qu’il redescendra tout aussi vite quelques semaines plus tard. Mars 2017, le BvB annonce dans un communiqué que son meneur de jeu, absent depuis le 29 janvier, ne rejouera pas « jusqu’à nouvel ordre » . Une période de convalescence due selon le Süddeutsche Zeitung à une myopathie, maladie qui empêche la régénération des fibres musculaires. Un coup dur pour Mario Götze qui reçoit alors le soutien des supporters et de son coach Thomas Tuchel : « Il a besoin de temps pour récupérer, recevoir le meilleur traitement et ensuite retrouver les terrains dans sa meilleure condition. À ce moment-là, il redeviendra un élément-clé de l’équipe. Tout ce que nous souhaitons, c’est qu’il prenne le temps dont il a besoin. » Une pause qui durera finalement cinq mois avant que Mario Götze n’annonce, le 6 juillet dernier, son retour sur le pré à travers un long post Instagram : « Je suis plus qu’excité à l’idée de retrouver le stade et le terrain d’entraînement. » Le temps presse : la finale de la Coupe du monde 2018, c’est déjà dans un an.
Par Steven Oliveira