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Le Togo quitte la CAN…

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Le Togo quitte la CAN…

Après deux journées mouvementées et suite au mitraillage tragique des deux cars togolais, les Eperviers vont rentrer au pays. Après l'attentat de vendredi qui a coûté la vie à trois membres de leur délégation, une décision très ferme émanant du gouvernement du Togo les a sommés de rentrer au pays par vol ministériel. Un coup d'arrêt vraiment définitif pour des Eperviers qui avaient choisi la nuit passée de disputer quand même cette CAN, la mort dans l'âme, à la mémoire des victimes ? Il semblerait que oui.

Chercher des antécédents politiques aussi tragiques dans l’histoire du sport, c’est surtout se remémorer les JO de Munich en septembre 1972. Durant le déroulement des Jeux un commando de terroristes palestiniens infiltrés dans le village olympique à la sécurité trop light à l’époque, avait pris en otages des athlètes israéliens. La prise d’otages s’était achevée dans un bain de sang à l’aéroport de Munich, coûtant la vie à onze membres de l’équipe olympique israélienne, à cinq des huit membres du groupe palestinien et à un policier allemand. Les épreuves avaient été brièvement interrompues durant les négociations. Après le drame, une cérémonie émouvante à la mémoire des victimes avait été organisée sur le stade olympique. Le CIO renonça à annuler les Jeux, et son président Abery Brundage prononça une phrase demeurée célèbre : « The Games must go on » (Les Jeux doivent continuer). Et les Jeux reprirent… Mais tout était cassé. Tous les témoins rapportèrent qu’après le drame, le cœur n’y était plus. Surtout chez les athlètes : comment prendre part aux compétitions après l’horreur ?
Dans un registre non politique, le drame du Heysel et des supporters de la Juve morts étouffés par un mouvement de foule, en finale de Coupe d’Europe 1985, affleure aussi. Fallait-il faire jouer le match juste après la catastrophe ? Les responsables belges et ceux de l’UEFA donnèrent là aussi leur feu vert pour que la finale ait lieu… Un autre événement tragique, non politique aussi mais tout aussi poignant, nous revient : celui de la mort sur le terrain de Marc-Vivien Foé, foudroyé par une attaque cardiaque lors du match Cameroun-Colombie à Gerland, lors des demi-finales la Coupe des Confédérations 2003. Même logique de continuation. Le président de la FIFA, Sepp Blatter eut les mêmes mots que Brundage : la compétition doit se poursuivre. Qui se souvient encore des visages des 22 finalistes, Français et Camerounais, pas vraiment « motivés » à l’idée de disputer un match finalement remporté par les Bleus ?… La mitraillage sanglant et meurtrier des cars togolais juste avant la CAN 2010 apporte donc une même interrogation : comment reprendre part à une compétition sportive après l’horreur ?
Concernant le drame des Togolais pour cette édition de la CAN 2010, les circonstances le rapprochent de Munich 72. A ceci près, que le mitraillage mortel des cars togolais s’est déroulé avant la compétition. Reste que la décision finale de maintenir ou non la CAN est restée la même qu’à Munich, Bruxelles ou Paris : les autorités angolaises et la CAF (appuyée par la FIFA), se sont immédiatement prononcées en faveur de la poursuite du tournoi. Une initiative qui peut se comprendre, mais déclarée de façon un peu brutale tant son annonce a été communiquée quasi simultanément au drame (très peu de temps après, en fait)… Un autre coup dur pour la délégation togolaise, en mal de réconfort. Le Grenoblois Alayxis Romao s’est plaint du manque de soutien psychologique après l’attaque meurtrière. On comprend que jusqu’à hier soir, les Togolais étaient bien décidés à rentrer à la maison. Il y a eu des tractations avec les officiels divers (le Premier ministre angolais ou Issa Hayatou, président de la CAF) pour décider du choix des Eperviers de rester ou non. Le boycott de la CAN par les joueurs l’avait emporté, renforcé par la volonté identique du gouvernement togolais qui avait même dépêché un avion pour les rapatrier…
Mais dans la nuit de samedi à dimanche, vers une heure du matin, les Togolais sont revenus sur leur décision de quitter la CAN, comme en témoignait Alayxis Romao : « On vient de se réunir avec l’ensemble de la délégation et finalement, nous serons sur le terrain lundi pour affronter le Ghana » . Le numéro 15 des Eperviers s’était expliqué sur le revirement de situation : « Des personnes sont mortes pour cette CAN, d’autres sont blessées. On ne peut pas les abandonner et partir comme des lâches. Si on reste ici, c’est pour eux. Mais aussi pour ne pas donner satisfaction aux rebelles. Notre gouvernement n’est pas forcément d’accord avec nous mais nous sommes tous déterminés à jouer cette compétition. La décision a été prise à l’unanimité » .
On en était resté là jusqu’à ce que la politique reprenne ses droits. Dimanche matin, le premier ministre togolais a exigé que les Eperviers rentrent au pays. Un discours très ferme : « Si à l’ouverture de la CAN (…), une équipe ou quelque personne se présente sous la bannière du Togo, ce serait une fausse représentation. L’équipe doit rentrer. La décision du gouvernement est inchangée. C’est une décision mûrie depuis vendredi. Nous avons compris la démarche des joueurs qui voulaient exprimer une manière de venger leurs collègues décédés mais ce serait irresponsable de la part des autorités togolaises de les laisser continuer » . Epilogue avec Manu Adebayor : « Les autorités togolaises ont décidé de plier bagages. Le plus important, c’est ce que le chef de l’Etat a décidé, on va rentrer. Et on souhaite bon courage à ceux qui vont rester, surtout au Burkina Faso, à la Côte d’Ivoire et au Ghana. Ce que j’ai dit à leurs dirigeants, c’est qu’ils pouvaient être attaqués à Cabinda à tout moment » .
Voilà. A quelques heures du match d’ouverture Angola-Mali, la CAN 2010 se jouera à 15 équipes. Une dernière nouvelle, plus rassurante : le gardien Kodjovi Obilalé a été opéré à Johannesburg avec succès. Donné pour mort, Obilalé serait donc tiré d’affaire. Mais on ignore quelles seraient les séquelles occasionnées par ses blessures. Et les joueurs du Togo ? Et les familles de victimes ? Et le football africain ? Et la CAN ? Quelles séquelles porteront-t-ils en eux durant la compétition, et surtout après ?

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