- CAN 2013
- Groupe D
- Togo/Tunisie (1-1)
Le Togo pour l’histoire
Dominateur et entreprenant, le Togo a accroché sa qualification pour les quarts de finale face à la Tunisie (1-1). Une rencontre marquée par les polémiques et les erreurs d'arbitrage et qui laissera un goût amer aux Aigles de Carthage. Dans l'autre rencontre du groupe, Algériens et Ivoiriens se sont neutralisés (2-2).
Score : Togo 1-1 TunisieButeurs : Gakpé (13e) pour le Togo ; Mouelhi (31, s.p.) pour la Tunisie
La finale du groupe D aurait mérité mieux. C’est sur une pelouse dans un état catastrophique, tout juste digne d’un match de beach soccer, et dans un stade Mbombela de Nelspruit à moitié vide que le Togo a validé sa qualification pour les quarts de finale de la CAN. Une première historique (en sept participations) pour les Éperviers, qui résonne comme un symbole du renouveau du football togolais. Profondément marqués par la tragique fusillade lors de l’édition 2010, en Angola, et par les guerres internes continuelles entre la Fédération et les joueurs, les hommes de Didier Six ont enfin trouvé une certaine stabilité. Et le sourire. Écrasée par le poids de l’enjeu, la Tunisie, elle, n’a pas montré son meilleur visage. Les Aigles de Carthage peuvent nourrir des regrets.
La connexion Adebayor-Gakpé
Le schéma est simple pour les deux équipes. Pour se qualifier, la Tunisie doit obligatoirement s’imposer. Le Togo, pour sa part, peut se contenter d’un match nul grâce à une différence de buts positive. Didier Six et Sami Trabelsi décident donc d’aligner des équipes offensives. Histoire de jouer la gagne. Longtemps incertain à cause d’une angine, le « petit Mozart » Youssef Msakni est bel et bien présent dans le onze des Aigles de Carthage. Le Bastiais Wahbi Khazri également. Les deux joueurs sont chargés d’alimenter une attaque menée par Saber Khlifa et Oussama Darragi. Du côté du Togo, on fait dans le classique. Agassa, Akakpo, Romao, Adebayor et Gakpé forment la colonne vertébrale des Éperviers. Seule petite surprise : la titularisation de Floyd Ayité en lieu et place de son frangin, Jonathan. Largement dominateurs durant les premières minutes, les Togolais vont se créer la première occasion dangereuse par l’intermédiaire d’Adebayor. Bien servi par Ayité, la grande tige de Tottenham écrase trop sa frappe et gâche l’offrande (9e). L’attaquant au numéro 4 se rattrape trois minutes plus tard. Parti de son milieu de terrain, « Manu » sert parfaitement Gakpé dans la profondeur. Le Nantais, très en jambes, profite de l’occasion pour crucifier Ben Cherifia du gauche. Imparable (13e). Une ouverture du score méritée et qui ne va pas démotiver les hommes de Didier Six. Au contraire. Bien décidé à rendre la politesse à son pote, Gakpé déborde et délivre un caviar à Adebayor. L’ancien joueur d’Arsenal choisit la force et rate (encore) le cadre. Bousculés, les Tunisiens vont profiter d’un pénalty généreusement offert par l’arbitre de la rencontre pour revenir dans le match. Sur un corner, Nibombé pousse Hichri dans le dos. Le genre d’accrochage que l’ont voit des dizaines de fois dans un match. Suffisant, toutefois, pour que M. Bennett désigne le point de pénalty. Mouelhi profite du cadeau pour remettre les deux équipes à égalité (31e). À la mi-temps, les Aigles ne sont plus qu’à un but de la qualification. Et on se demande bien pourquoi.
M. Bennett, star de la soirée
La deuxième mi-temps commence, elle aussi, sur une histoire de pénaltys. Cette fois, l’homme en noir décide de ne pas siffler un vilain tacle du Togolais Bossou sur Darragi en plein cœur de la surface. Une faute pourtant plus évidente que celle qui avait amené le premier but des Aigles. La sensation d’ensemble est la même que celle des premières 45 minutes : la Tunisie semble écrasée par le poids de l’enjeu alors que les Éperviers, eux, paraissent plus libérés. Parfaitement lancé en contre-attaque, Floyd Ayité est tout près d’inscrire un deuxième but pour les Jaune et Vert. Abdennour, revenu comme un boulet de canon, contre in extrémis le tir du Rémois (57e). Une action qui va réveiller des Aigles endormis. Darragi, sur coup franc (65e) et Msakni, d’une frappe lointaine (66e), inquiètent coup sur coup Kossi Agassa. Le match s’ouvre de plus en plus et peut basculer d’un côté comme de l’autre. Sur une contre-attaque, Adebayor, superbement servi par Ayité, s’élève plus haut que tout le monde pour envoyer un coup de tête monstrueux sur la barre (70e). Mais il était écrit que M. Bennett serait la star de la soirée. Incapable de voir un pénalty flagrant sur Adebayor dans la surface tunisienne, l’arbitre sud-africain décide d’offrir un nouveau pénalty à la Tunisie après une faute de Nibombé (encore lui) sur Khlifa (78e). Les Togolais, fous de rage, n’y changeront rien. Pour son deuxième face-à-face avec Agassa, Mouelhi choisit la frappe placée. Sûrement « trop » placée. Le ballon heurte le poteau. Un coup trop difficile à encaisser pour les Aigles de Carthage. Le Togo résiste, tant bien que mal, aux dernières tentatives des hommes de Trabelsi et valide son ticket pour les quarts de finale où il affrontera le Burkina Faso. Historique.
L’Algérie, un point c’est tout
L’autre rencontre du groupe D opposait les « coiffeurs » algériens à ceux de la Côte d’Ivoire (2-2). Déjà éliminée au coup d’envoi, l’Algérie sauve l’honneur en décrochant son seul point dans la compétition. Et, là encore, le match a été marqué par les pénaltys. Si Boudebouz échoue dans sa tentative dès la 7e minute, Feghouli, lui, se charge de transformer un second pénalty en deuxième mi-temps (64e). Soudani inscrit, dans la foulée, un deuxième but de la tête (70e). Assurés de finir premiers du groupe, les Ivoiriens arrachent, à l’orgueil, un match nul presque inespéré. Et comme souvent dans ces cas-là, c’est Didier Drogba qui a mené la révolte des Éléphants. Le nouveau joueur de Galatasaray inscrit, d’une belle tête, le premier but des siens (77e) avant que Bony n’égalise trois minutes plus tard (80e). L’Algérie sauve l’honneur, les Ivoiriens, de leur côté, affronteront le Nigeria en quarts. Ça promet.
par Grégory Blasco