- Italie
- Juventus championne d'Italie 2015-16
Le titre de la Juve en dix dates
Et de cinq qui font 32 (34 si on compte les Scudetti du Calciopoli). La Juve est encore reine d’Italie. Et ce titre-là n’était clairement pas le plus simple à aller chercher. Retour en dix dates sur une saison faite de bas et de hauts.
Juillet 2015, un mercato crève-cœur
Vidal, Pirlo, Llorente et Tévez contre Khedira, Pereyra, Lemina, Dybala, Cuadrado, Zaza et Mandžukić. Sur le papier, ça semble plutôt équitable. Mais, ça reste très compliqué de dire au revoir aux artisans d’une saison quasi parfaite. Allegri essaye tant bien que mal de rassurer les tifosi en parlant d’une mue : « La Juve est en train de changer de peau. » Idem pour Pogba : « Avec Carlos, Arturo et Andrea, on pouvait se reposer sur leur talent individuel. Mais maintenant, on va davantage jouer en équipe. » Mais on le sent alors : une partie de l’ADN de la Juve a été modifiée.
30 août 2015, la claque Roma
Et le début de saison confirme les doutes. D’abord défaite en amical contre l’OM (oui, l’Olympique de Marseille), la Juve perd ensuite des points face à l’Udinese et se rend à l’Olimpico dès la troisième journée avec quelques doutes. Jamais vraiment dans son match, jamais très dangereuse devant, réduite à dix après l’expulsion d’Évra, elle s’inclinera finalement 2-1. Depuis 1930, elle n’avait plus jamais perdu ses deux premiers matchs en Serie A.
28 octobre 2015, la crise est décrétée
12 points en 10 journées, la Juve n’y arrive pas. Elle stagne dans la deuxième partie de tableau après notamment une défaite face au Napoli, un nul contre l’Inter et un nouvel échec face à Sassuolo. Gigi Buffon commence réellement à s’inquiéter : « Je crois qu’on devrait commencer à protester un peu moins avec les arbitres et nous concentrer un peu plus sur nous-mêmes. […] Le Scudetto ? Je suis très terre à terre, je pense que quand on est 14es, on doit se concentrer sur la 13e place. » C’est la crise.
31 octobre 2015, Marchisio à la rescousse
Mais la crise ne va pas durer. La Rimonta coïncide avec le premier derby de Turin. Un succès in extremis que Cuadrado va tacler dans les dernières secondes de jeu. À partir de là, la Juve ne perd plus. Et cette remontée coïncide également avec le retour sur le terrain de Marchisio. Aucun but marqué cette saison, seulement deux passes décisives, mais une présence rassurante. Il apporte son expérience et enlève aussi un peu de pression à Paul Pogba, totalement déboussolé avec son nouveau poste. Bref, il est le fer à cheval de cette équipe.
13 février 2016, retour sur le trône
La Juve est en pleine bourre. Elle est sur quatorze victoires d’affilée et remonte sur le Napoli au classement comme le grand Pantani dans le Ventoux. Sans dominer outre mesure la Vieille Dame vient à bout des Partenopei grâce à une attaque de dernière minute signée Simone Zaza. La Juve retrouve son trône et ne le lâchera plus jusqu’à la fin de la saison.
Pour ceux qui ont raté ce magnifique but de Simone Zaza 🇮🇹Juventus Turin 1 – 0 Napoli pic.twitter.com/QsBX3viWGj
— Betcast (@Betcast_) 14 février 2016
2 mars 2016, les penaltys contre l’Inter
Et c’est notamment à partir de cette demi-finale complètement folle qu’on a compris que plus rien ne pouvait arriver aux hommes d’Allegri. Après avoir remporté la demi-finale aller de Coupe d’Italie 3-0 face à l’Inter, ils se ramènent la fleur au fusil au retour. Ils vont se faire bouffer sur le même score, 3-0, mais vont quand même s’imposer aux penaltys. La fameuse réussite du champion.
11 mars 2016, la boucle est bouclée, Dybala au sommet de son art
Sassuolo est alors la dernière équipe en date à avoir pris le dessus sur la Juve. Il faut conjurer le sort. C’est donc tout un symbole si Dybala sort sa plus belle réalisation de la saison ce soir-là. C’est lui-même qui le dit : « Mon plus beau but ? Celui contre Sassuolo. Un vrai coup de billard. »
#Dybala: « Meu melhor gol? Contra o Sassuolo, que foi como uma jogada de sinuca » pic.twitter.com/GwNLg4bSO8
— Bianconeri Brasil (@bianconeribr97) 15 avril 2016
16 mars 2016, la folie contre le Bayern
C’est une déception. Mais aussi une preuve que la Juve a beau avoir mis du temps à se mettre en route, elle n’en reste pas moins un grand d’Europe. Après avoir concédé un nul à la maison, Allegri met en place une folie tactique qui consiste simplement à venir chercher les joueurs du Bayern, leurs femme et enfants dans leur propre maison. Malgré la défaite finale, la maîtrise de Pogba, le sens tactique de Khedira, le slalom de Morata, le crochet de Cuadrado et l’envie de tous, les Turinois ne passent pas inaperçus. Plus personne ne doute que la Juve ira chercher son Scudetto.
20 mars 2016, Buffon est une vraie légende
Durant l’autre derby de Turin, Gigi a marqué au fer rouge l’histoire de la Serie A. Il y a passé 973 minutes sans se prendre le moindre but. Soit un peu plus de dix matchs. Un record vieux de plus de vingt ans. Et quand on lui demande ce qu’il en pense, voilà ce qu’il répond : « Aucun record ne dépend que d’un seul homme, c’est pourquoi je voudrais remercier
… Neto pour la sérénité qu’il transmet à chaque fois qu’il est sur le terrain.… Rubinho, leader patient et silencieux.
… Chiello parce que fino alla fine.
… Cáceres pour l’enthousiasme qu’il montre même dans les moments les plus difficiles. … Alex Sandro parce que le voir dribbler son adversaire est toujours un plaisir.
… Barzagli : à cloner, tout de suite. … Bonucci, pour sa personnalité à tête haute toujours au service de l’équipe.
… Rugani, parce que savoir écouter est une qualité rare.… Stephan, jambes et poumons de cette Juve.
… Évra, s’il n’était pas là, il faudrait l’acheter. … Khedira, l’homme juste toujours au juste endroit.
… Marchisio, le seul joueur que je connaisse qui soit de couleurs blanche et noire. … Pogba, parce qu’il ne vit pas le football, il l’invente.
… Hernanes, parce que chaque équipe doit avoir son prophète. … Lemina, tout simplement digne de la Juve.
… Padoin, il va toujours là où tu lui dis d’aller et il le fait toujours très bien. … Asamoah, son envie de football est plus forte que n’importe quelle blessure.
… Sturaro, il se bat, il tombe, il se relève et gagnera toujours.… Pereyra parce que la fantaisie est le sel de ce sport.
… Zaza, né pour marquer dans n’importe quelle position. … Morata, on a toujours besoin de lui.
… Cuadrado, parce que chaque fois qu’il part, il semble dire « attrape-moi si tu peux ». … Mandžukić, le premier à attaquer et toujours le premier à défendre.
… Dybala, si après Thuram, Zidane et Pirlo, le numéro 21 lui est revenu, c’est qu’il y a une raison. … Et au boss, un vainqueur dans le temple des vainqueurs ! »
25 avril 2016, le titre devant la télé
C’est face à la Roma que les doutes turinois ont commencé. C’est grâce à la Roma qu’ils vont aussi définitivement se lever. Dans le choc de la 35e journée, Nainggolan abat le Napoli en fin de match et donne le titre à la Juventus, qui s’est imposée contre la Fiorentina un jour plus tôt. Cinquième Scudetto d’affilée pour la Juve. Le 32e (34 si on compte ceux du Calciopoli). Le mot de la fin est pour Andrea Agnelli, pas peu fier : « Ils étaient tous prêts à fêter notre enterrement. Et au lieu de ça, nous avons écrit l’histoire. »
Par Ugo Bocchi